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D’anciens dirigeants politiques et hommes d’affaires dans le désarroi

«L’enfer» de la justice

Les hommes de Bouteflika n’ont pas vu venir la fin du régime. Ils le payent aujourd’hui cash dans l’enfer de la justice.

Il était impossible, il y a trois mois, d’imaginer le scénario qui se déroule sous les yeux des Algériens. Des hommes qui passaient pour des intouchables et dont les noms étaient associés à d’innombrables scandales se retrouvent aujourd’hui dans la plus difficile des postures. Incarcérés par des magistrats instructeurs et ne bénéficiant d’aucun préjugé positif auprès de l’opinion nationale, bien au contraire, les ex-Premiers ministres, ministres, hommes d’affaires, banquiers et hauts fonctionnaires de l’administration centrale et locale, sont, présentement, les parias de la République.
Obligés de s’habituer au cruel environnement carcéral, en plus d’être les mal-aimés de la société, ceux qui faisaient partie du gratin politico-économique et défrayaient les chroniques mondaines, vivent certainement un enfer. Même s’ils bénéficient de la présomption d’innocence, Ouyahia, Sellal et les autres devront de toute façon subir les foudres de l’invective sociale et politique, donc forcément historique. Cela pour dire qu’indépendamment du combat qu’ils vont mener pour défendre leur honneur devant les juges et la société, ils auront de toute façon eu «la malchance» d’être arrivés en «bout de chaîne» d’un système qu’on disait anachronique depuis plusieurs décennies, mais qui n’en finissait pas de s’effondrer, de génération en génération, avec leurs clientèles, leurs corrompus et leurs serviteurs.
Les deux anciens Premiers ministres et les ministres qu’on voit défiler devant les portails de la Cour suprême et de la prison d’El Harrach sont certainement les victimes d’eux-mêmes pour n’avoir pas vu venir la fin inéluctable du système, mais ils sont également les dernières victimes dudit système. Bien des responsables avant eux s’en tirent à très bion compte pour avoir «exercé au bon moment». Ouyahia, Sellal et les autres ont «poussé le bouchon» un peu trop loin à un moment où il ne fallait pas. C’est dire que ce qui arrive ces derniers jours était inévitable. C’était inscrit dans les gènes d’un système qui ne croyait pas à l’énergie du peuple. Cela ne disculpe aucunement les politiques et les hommes d’affaires impliqués dans ce qui passe pour être une fin «effroyable pour ses acteurs» d’un cycle de gouvernance «hors-sol». Beaucoup d’observateurs remontent jusqu’à l’indépendance du pays, voire avant, pour expliquer ce qui arrive aujourd’hui, dans le pays.
Si l’on considère la gouvernance des trois premières décennies d’indépendance de l’Algérie comme «imposée» par une conjoncture historique incontournable, il devenait, théoriquement en tout cas, crucial d’y apporter un changement profond pour mettre le pays au diapason d’une société qui a beaucoup évolué. Or, les dirigeants et, ceux qui croupissent aujourd’hui dans les prisons en font partie, croyaient possible de faire sans les Algériens, au sortir d’une affreuse guerre contre le terrorisme islamiste. On avait imaginé une sorte de retour à la case départ, sauf que l’Histoire peut balbutier, mais réserve des surprises à ceux qui prétendent la faire.
Cela pour dire qu’au-delà de l’aspect judiciaire qui est certainement un enfer pour les acteurs des 4e et 5e décennies de l’indépendance, il y a dans cette chute du régime, les germes d’une dérive autoritaire qu’il fallait éviter coûte que coûte. Jusqu’au dernier mois du 4e mandat, il était encore possible de faire un bond en avant au système. Mais force est de constater que Ouyahia, Sellal et tous les autres ont fait montre d’une courte vue. Qu’ils se soient fait piéger par l’argent facile, c’est probable et c’est à la justice de le dire, mais là où il n’y a aucun doute sur leur culpabilité, c’est d’avoir conduit le pays à une situation d’impasse, après avoir cru pouvoir effacer l’usure du pouvoir, «contourner» impunément la volonté populaire et faire croire qu’il n’existe aucune alternative à celle d’un système, déjà moribond par l’exercice «abusif» du pouvoir et un sérieux délitement dans la conduite des affaires publiques.
Les Premiers ministres, les ministres et les hommes d’affaires, aujourd’hui entre les mains de la justice, auraient certainement gagné à s’émanciper en prenant acte de l’évolution de la société.
Celle-ci avait donné de multiples signaux, mais le système a agi en autiste, ignorant un environnement, devenu de plus en plus «empoisonné» pour sa propre survie. Disons-le clairement, les hommes de Bouteflika n’ont pas vu venir la fin politique de ce dernier. Ils le payent aujourd’hui cash dans l’enfer de la justice.

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