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Le chef spirituel de la Tariqa Rahmaniya nous quitte

La petite maison du boulevard des Martyrs

Il a mené son combat avec abnégation, constance, dans la discrétion la plus totale.

A un coin d’une rue perpendiculaire au boulevard des Martyrs à Alger, un mausolée modeste et discret, mais qui pullule de monde en ce vendredi 8 novembre. C’est la maison de Ccix Muhammed, le chef spirituel de la tariqa Rahmaniya. Il vient de nous quitter à l’âge de 82 ans. Cette maison a toujours été un repère pour ceux qui avaient besoin d’un conseil, d’un hébergement ou pour un pèlerinage. Une destination pour des pauvres et des démunis, les sans domicile fixe, des ouvriers sans gîte. Il y ont séjourné cinq, dix et parfois jusqu’à vingt ans, logés, nourris sans la moindre contrepartie. Parce qu’ils sont dans le besoin, parce qu’ils ont besoin de protection, cela suffisait amplement pour bénéficier de la générosité sans limites de Ccix Muhammed. Il donnait tout ce qu’il recevait, absolument tout. Les denrées alimentaires, de la viande, des fruits et des dattes revenaient à ses visiteurs. Sans bruit, sans tapage, loin des feux de la rampe, le Ccix luttait à sa manière contre l’injustice et la pauvreté. De l’humanisme dans toute sa quintessence. De sa modeste maison, il en a fait une cité humaine qui transcende les clivages et la solidarité au cœur de son fonctionnement. Ccix Muhammed s’est forgé comme philosophie, en vivant humblement, avec comme vocation, servir les hommes, l’islam de nos ancêtres et à travers eux Dieu. Il n’est pas question d’exclusion ou de radicalisme. Il est l’héritier de Ccix Aheddad qui, lui, voulait libérer son peuple du joug colonial. À cette époque, le foyer principal de la confrérie se déplaça des At Smail vers Seddouk.La confrérie fut fondée vers 1773-74 par le célèbre prédicateur kabyle Sidi Mhemmed Ben Abderrahmane, dit Buqebrin parce qu’il a cette particularité d’avoir deux sépultures, une dans son village d’origine At Smaåil (au pied du Djurdjura) et l’autre à Alger.
La confrérie s’est implantée en Afrique du Nord dès la fin du XVIIIe siècle et a répandu un islam soufi porteur de valeurs d’ouverture, de solidarité, de bénignité.
Ses deux zaouïas, en Kabylie et à Alger, drainèrent de nombreux apprenants venus de toute l’Afrique du Nord et accueillirent pauvres, orphelins et étrangers. Au pires moments que traversa l’Algérie dans les années 1990, alors que le terrorisme islamiste avait pris option pour le chaos, les adeptes du wahhabisme égorgeaient, tuaient et éventraient des femmes enceintes, le Ccix n’a jamais renoncé à son action humanitaire, à ses enseignements et à la voie spirituelle de la tariqa Rahmaniyya Le souffle qui habite ce mausolée continue à offrir des instruments de mobilisation des ressorts de la société, de sa culture du partage de son islam ancestral qui prône les valeurs de la tolérance et de la fraternité. Le combat de Ccix Muhammed est immense : tout homme, toute femme doit vivre dans la dignité, vivre protégé des aléas impitoyables de la vie. Ainsi se poursuivra l’œuvre de Ccix Muhammed qui repose désormais en paix. Que Dieu Le Tout-Puissant l’accueille dans Son Paradis. 

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