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Le Hirak a bouclé, hier, ses quatre mois de manifestations pacifiques

La tentation de l’espoir

La «marque de fabrique» de la révolution à l’algérienne, aura été son pacifisme.

La dynamique populaire que, de plus en plus d’observateurs, qualifient de révolution pacifique, a bouclé, hier, son quatrième mois d’existence. En ce laps de temps qui représente un epsilon à l’échelle de l’Histoire de la nation, énormément de choses ont changé dans le pays et d’autres révélées au monde. Bravant l’interdit, des millions d’Algériens ont battu le pavé de la quasi-totalité des villes du pays. C’était le 22 février dernier. Les analystes, les politiques de tous bords et autres observateurs «avertis» de la scène nationale n’avaient rien vu venir. Les appels sur les réseaux sociaux et les rumeurs qu’on accolait ressemblaient beaucoup à ce qui se pratiquait depuis janvier 2011. Mais la vague de 2019 était manifestement différente. Le tsunami populaire a surpris tout le monde. Les manifestants eux-mêmes n’en croyaient pas leurs yeux. La déferlante citoyenne était telle que son caractère «improvisé» ne convainquait personne, dans la société politique.
Mais de semaine en semaine, aucun leader, ni organisation n’a pu prétendre contrôler le flux d’Algériens qui ont visiblement pris la résolution d’en finir avec le système, sans effusion de sang. De fait, la «marque de fabrique» de la révolution à l’algérienne, aura été son pacifisme. La planète entière était restée sous le charme d’un peuple qui vaque à ses occupations les six jours de la semaine et réserve ses vendredis, pour réclamer un changement politique profond. Les étudiants qui se sont imposés comme le fer de lance de la révolution se sont, pour leur part, distingués par leurs mardis. Soutenus par tous les Algériens, les universitaires ouvrent le bal de la protestation hebdomadaire.
Appelée Hirak par commodité de langage, la révolution des Algériens a fait tomber beaucoup de têtes, à commencer par celle du président de la République, poussé à la démission,
le 2 avril dernier. Un véritable séisme politique de portée historique, dont les Algériens en avaient été les auteurs, tout en prenant conscience de l’importance de cet acquis dans leur marche vers le démantèlement du système. La puissance de la «vague» dégagiste s’est retrouvée renforcée par l’attitude de l’ANP qui s’est rangée avec le peuple. De fait, le départ de l’ancien président répondait à la somme de ces deux facteurs qui, au final, ont confirmé le caractère pacifique du Mouvement populaire et conforté les Algériens dans leur conviction que, le seul départ du président de la République, ne signifiait pas la victoire totale.
Suivra une nouvelle page tout aussi déterminante et historique dans le passionnant «feuilleton» d’une révolution qui n’a pas cessé d’étonner le monde, même ses acteurs. Et pour cause, de proche en proche, les révolutionnaires anonymes, accumulent les victoires sur le système finissant. Il y a eu d’abord les appels du chef d’état-major de l’ANP qui, en réponse aux exigences de la rue, exprimées en slogans contre les tenants du système, a apporté sa protection à la justice, laquelle a ouvert des dossiers, inimaginables, à peine deux mois plutôt.
Les plus grosses fortunes du pays sont traduites devant les juges. Suivront les ministres et deux Premiers ministres. Un autre tsunami qui fait passer au pays un point de non-retour. Le traitement judiciaire de ce que l’on qualifie dans les milieux de l’opposition, de prédation des richesses du pays, ne pouvait constituer, aux yeux des Algériens, la panacée. Fort et plus uni que jamais, le Mouvement populaire a rejeté la solution strictement constitutionnelle préconisée par les autorités intérimaires, au motif que ces dernières sont l’émanation de l’ancien système. La volonté pacifique du peuple a prévalu et le scrutin du
4 juillet dernier s’est révélé caduc.
Pesant bien plus lourd que la société civile qui ne parvient pas à l’encadrer, le formidable Mouvement populaire a révélé la petitesse de la classe politique, pouvoir et opposition compris. Quatre mois après son émergence surprise sur la scène politique, le peuple qui ne reconnaît aucune tutelle et étend la sienne à toutes les institutions du pays, a exprimé, de la plus belle des manières, sa grandeur, son unité inébranlable et sa maturité plus qu’exceptionnelle. Au 18e
vendredi, l’on a bien compris qu’absolument rien ne pourrait entamer la détermination des Algériens à conduire leur révolution à bon port, c’est-à-dire la rétablissement de la légalité constitutionnelle dans un cadre démocratique.

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