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Djalil Djeghlal, algérien installé en Lombardie, à L’Expression

«Le drame italien doit inspirer l’Algérie»

Dans cet entretien, Djalil Djeghlal, jeune Algérien installé en Lombardie, une région du nord de l'Italie, la plus touchée du pays, nous raconte la crise du coronavirus, vue d'Italie, où le confinement est en vigueur depuis plus d'un mois.

L'Expression: Qui est Djalil et que fait-il en Italie?
Djalil Djeghlal: J'ai 26 ans. Je suis titulaire d'un master en gestion de l'environnement au niveau de l'université des sciences et de la technologie Houari Boumediene Usthb ex-doctorant au sein de la même université. Je me suis installé en Lombardie au coeur de la ville de Milan, depuis près d'un an. Actuellement, je suis en préparation d'un Corporate MBA en relation avec ma spécialité (un diplôme international en master en business administration).
Quelle est la situation actuelle en Lombardie?
Présentement, je subis comme tous les habitants de Lombardie l'isolement partiel qui prend effet à partir de 18h jusqu'à la matinée. Un peu comme celui appliqué dans quelques wilayas en Algérie. Au début, quelques secteurs seulement étaient concernés par l'isolement. L'Italie a été frappée très tôt par le coronavirus, juste après la Chine. Et au début on pensait que nous étions un peu à l'abri. Mais les choses ont pris une tournure catastrophique. Avec la découverte de l'ampleur de l'épidémie, c'était vraiment la panique, et particulièrement en Lombardie, où est apparu le Covid-19. Plusieurs voisins et habitants du quartier sont morts du fait du coronavirus. On était comme dans un cauchemar, un scénario d'une guerre sans fin.
Comment gérez-vous le confinement?
Il y a eu de l'affolement les premiers jours, notamment au niveau des supermarchés. Mais ça s'est organisé. Et presque tous les produits sont là. Cela fait plus d'un mois que je suis confiné à la maison. Le confinement partiel a commencé ici le 24 février dernier. Elle est la première région à mettre en place des mesures de confinement. Mon quotidien a changé d'une façon radicale, depuis cette date. Je passe mon temps à travailler enfermé chez moi. Je fais du télétravail pour le compte d'une compagnie multinationale. Je bénéficie également de l'enseignement à distance. Je prépare mes projets en relation avec l'économie mondiale et l'environnement. Je sors une seule fois par semaine, avec une moyenne de 20 à 25 minutes. J'en profite pour faire des courses. Sortir que trois heures par mois est plus qu'angoissant. J'essaie de garder le moral. Je sors toujours muni de gel hydro-alcoolique et de masque. Tout le monde a peur d'être touché.
Vous avez des informations sur d'autres Algériens?
Bon nombre de personnes qu'elles soient italiennes, algériennes ou autres nationalités se sont retrouvées au chômage après la fermeture des restaurants, des cafétérias et des différents magasins. Rien n'est plus comme avant à Milan, chef-lieu de la Lombardie. «Milano» l'une des zones les plus dynamiques en Italie sur le plan économique, qui a reçu 9 millions de touristes en 2019, est aujourd'hui privée de son tourisme. Et c'est le cas des autres activités économiques du pays.
Le pire est à venir. Puisque le gouvernement Italien a décidé de prolonger le confinement au-delà du 3 avril prochain, qui pourrait aller jusqu'à mi-mai prochain. Donc, passer trois mois sans salaires c'est difficile pour assurer le loyer dont la moyenne est entre 450 et 1500 euros par mois pour un studio moyen, sans compter les autres charges. Ici, tout le monde connaît déjà des difficultés économiques, notamment ceux qui ne sont pas régularisés. Ces derniers ont moins de chance de survivre et de réussir.
Comment se passe la période de confinement pour les harraga?
Si le coronavirus n'a pas vraiment touché le Sud de l'Italie, les Algériens en situation irrégulière continuent à être en proie à tout type d'insécurité. Déjà, avant la catastrophe sanitaire, les gens avaient d'énormes difficultés pour trouver du travail au Sud de l'Italie. La plupart se retrouvent obligés de travailler dans les champs de tomate et d'orange pour arriver à peine à trouver quoi mettre sous la dent. Comme l'ensemble des migrants, ils sont mis à mal par la crise sanitaire. Ils doivent suivre une cadence infernale, pour gagner des salaires dérisoires.Selon certaines indiscrétions, ils sont payés à peine 5 euros pour remplir une grande caisse dont le poids dépasse les 250 kg. C'est de l'esclavagisme.
Est-ce qu'il y a des actions de solidarité entre les Algériens en Italie?
Malgré la difficulté de surmonter cette période, les Algériens en Italie essayent de s'entraider. Ce qui n'est pas nouveau pour eux, qui ont toujours fait preuve de beaucoup de solidarité dans les moments les plus difficiles. Certains essayent de faire de leur mieux pour aider les harraga. Les bénévoles se déplacent jusqu'aux «caporaux», les bidonvilles installés en pleine nature dans les champs du Sud de l'Italie.
Quelle leçon que les Algériens peuvent tirer de l'expérience italienne?
Le scénario italien fait peur, et c'est une bonne leçon pour toutes les nations en termes de gestion de crise et des erreurs à ne pas faire. Dans ce sens je pointe du doigt le mauvais comportement de la population en Lombardie. Il y a eu des personnes qui n'ont pas respecté les ordres et les consignes du gouvernement italien de ne pas quitter leurs domiciles. Il y avait des personnes pour faire du running, se promener avec leurs chiens! je pense que l'Algérie a la chance de s'en sortir eu égard à la situation de l'Italie qui a été touchée par le virus et qui n'avait pas le temps de se préparer. La meilleure suggestion c'est de ne pas sortir dehors et toute personne peut sauver une autre en restant à la maison. Il faut penser que si quelqu'un tombe malade ce serait responsable pour lui de prendre un lit dans un hôpital, alors qu'une autre personne qui est en nécessité en sera privée et ne va pas avoir l'opportunité d'être pris en charge. L'expérience Italienne demeure une bonne leçon pour toutes les nations car il faut savoir réagir dans ce genre de situation de crise. Que Dieu aide l'Algérie pour dépasser cette dure épreuve.

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