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Polémiques acerbes sur la LF 2020 et la loi sur les hydrocarbures

Le grand malentendu

La maladresse avec laquelle le gouvernement tente de présenter deux avant-projets de lois stratégiques résume l’étendue de la faillite en communication.

Telle une coulée de lave s’échappant d’un volcan en éruption, la rumeur court, court... Elle avance incandescente, déformant tout sur son passage. Objets de la déformation, deux projets de lois hautement stratégiques qui engagent le destin de toute une nation : l’avant-projet de la loi de finances 2020, et celui relatif aux hydrocarbures. Aprement dénoncés par le Mouvement populaire durant le 34e vendredi de manifestations, ces deux textes sont-ils aussi dangereux pour l’avenir du pays ? Sont-ils à ce point nocifs comme le scandent les manifestants? Si l’on admet l’hypothèse charitable qu’il y a un excès dans la formulation des critiques envers ces deux textes de loi, il faut admettre que de l’autre côté, il y a un énorme déficit de communication de la part du gouvernement. Commentant le PLF 2020, le ministre des Finances a rassuré que les transferts sociaux ne seront pas touchés et que la suppression de la règle des 51/49% est de nature à protéger l’économie nationale. Le ministre de l’Energie quant à lui a justifié la révision de la loi sur les hydrocarbures, considérant qu’elle permettra de développer l’exploitation et l’exploration du domaine minier national. Pour preuve, explique-t-il, sur « les 1,5 million km² » des potentiels champs de recherche pétrolière, «seulement 40% de cet espace global sont exploités actuellement». L’Algérie se trouve alors contrainte de faire appel à des partenaires étrangers qualifiés en la matière et pour les attirer il faut un cadre réglementaire adéquat, notamment le système fiscal. Tout est dit à travers ces bribes de déclarations qui sont très loin de contenter une société en effervescence, surtout en rupture de confiance avec ses dirigeants. Par cette pratique limitée, indigente, le gouvernement ouvre la voie à toute forme de spéculations, d’intox et de manipulations. La maladresse avec laquelle il tente de présenter les deux avant-projets de loi résume l’étendue de la faillite en communication. Le pouvoir est un mauvais élève. Zéro point en communication. A sa collection des ratages médiatiques, le gouvernement vient de rajouter un autre type d’échec. Encore une fois, il a lamentablement perdu la bataille médiatique dans un moment crucial. Ce n’est pas la première fois que les dirigeants se trouvent face à une pareille situation. Rappelons-nous du spectaculaire assaut mené un certain samedi 19 janvier 2013 par les forces spéciales de l’ANP à Tiguentourine pour libérer les otages. L’opération digne d’un vrai scénario de film de bravoure et de courage, n’a suscité aucune réaction des dirigeants de l’époque. Figés dans une sorte de camisole, happés par le souci de plaire, ils sont passés à côté d’un événement historique. Car à force de vouloir plaire on finit toujours par déplaire. Lorsqu’il lui arrive de communiquer, l’Etat communique généralement mal.
Au moment où, partout dans le monde, la communication institutionnelle bénéficie d’une nouvelle vision, s’offrant les bienfaits des nouvelles technologies et des nouveaux apports des sciences humaines et sociales, nos gouvernants ressassent des propos inaudibles et nécessairement contre-productifs.
Si des milliers de citoyens crient au bradage des richesses nationales en dénonçant les deux lois en question, ne faut-il pas aller vers une communication plus offensive ? Pourquoi imposer un black-out et livrer des informations au compte-gouttes ? Qu’est-ce qui empêcherait des débats profonds et contradictoires dans les médias publics ? Ce silence devient de fait complice de la rumeur, car s’il ne l’encourage pas, il la laisse courir en lui cédant le terrain de l’information, Mais dans ce débat, il faudrait sans doute commencer par dire qu’il convient d’éviter deux écueils symétriques, aussi faux l’un que l’autre : le premier est de voir partout un complot contre un peuple bête, obtus et qui pense mal. Et le second écueil est de n’en voir nulle part. Il est quand même possible d’imaginer une position intermédiaire qui éviterait certains errements extravagants de la pensée conspirationniste pour peu que les débats s’ouvrent sereinement et sans restrictions.

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