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Corruption et mauvaise gouvernance

Le mélange qui a miné l’Algérie

L’Algérie traverse une phase cruciale de son histoire étant confrontée à une crise politique majeure.

Une crise qu’il faut résoudre impérativement dans les meilleurs délais pour éviter sa déstabilisation au même titre que la corruption ce cancer social qui menace la sécurité nationale et par là contribue, en dehors du préjudice moral, au blocage de l’économie nationale.
Selon le Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada, qui surveille les télévirements de fonds de plus de 10 000 dollars en provenance de l’étranger, rapportés par Le Devoir, quotidien québécois, les chiffres des transferts effectués depuis l’Algérie uniquement vers le Canada entre janvier et juillet 2019, ont été de plus de 78,6 millions dollars. Selon les analystes, du fait de la crise politique en Algérie, c’est de l’argent des « dirigeants, de compagnies ou de particuliers qui, craignant la chute de la devise nationale qui « cherchent à protéger la valeur de leurs avoirs dans une monnaie plus forte et plus stable ». Qu’en est-il des transferts vers d’autres pays démontrant que la crise actuelle porte un coup fatal à l’économie et que les règles économiques sont insensibles aux slogans politiques ?
Selon la plupart des experts internationaux, la majorité des institutions administratives et économiques est concerné par ce cancer de la corruption. L’on sait que les auteurs de l’IPC considèrent qu’une note inférieure à 3 signifie l’existence d’un « haut niveau de corruption, entre 3 et 4 un niveau de corruption élevé, et que des affaires saines à même d’induire un développement durable ne peuvent avoir lieu, cette corruption favorisant surtout les activités spéculatives. La sphère informelle produit des dysfonctionnements du système, ne pouvant pas la limiter par des décrets et lois mais par des mécanismes de régulation transparents, existant des alliances entre le pouvoir bureaucratique et cette sphère contrôlant plus de 40% de la masse monétaire en circulation, alliances qui favorisent cette corruption qui tend à se socialiser.
Ces indicateurs renvoient à l’urgence de lutter contre les transferts illicites de capitaux à travers les surfacturations. Devant différencier les actes de gestion de pratiques normales de la corruption, afin d’éviter la démobilisation des managers, les services de sécurité et les différents organismes de contrôle devant vérifier l’origine de ces montants de transferts illicites de devises , l’objectif stratégique est d’établir la connexion entre ceux qui opèrent dans le commerce extérieur soit légalement ou à travers les surfacturations et les montants provenant essentiellement d’agents possédant des sommes en dinars au niveau local légalement ou illégalement, non connectés aux réseaux internationaux.
Il ne faut pas se tromper de cibles, devant différencier stratégie et tactiques pour paraphraser le langage des stratèges militaires, existant souvent une confusion entre les sorties de devises résultant des importations de biens et services d’environ 700 milliards de dollars entre 2000-2018 selon les statistiques du gouvernement et le total des dépenses d’environ 1100 milliards de dollars( document officiel du FMI, budget équipement et fonctionnement (constitué en grande partie de salaires).
Il s’agit de différencier les surfacturations en dinars (pour des projets ne nécessitant pas ou peu de devises) des surfacturations en devises, existant deux sphères d’agents ceux reliés uniquement au marché interne ( dinars) et ceux opérant dans le commerce extérieur (devises), ce processus se faisant en complicité avec les étrangers, bien que certains agents économiques opèrent sur ces deux sphères. Prenons l’hypothèse d’un taux de 15% de surfacturation, ce n’est qu’une hypothèse, étant plus facile pour les services où certaines surfacturations peuvent atteindre plus de 20%.
Les sorties de devises de biens et services entre 2000-2018, étant estimées à environ 700 milliards de dollars, cela donnerait un montant total de sorties de devises de 105 milliards de dollars sans compter la période 1970-1999 où bon nombre d’estimations contradictoires ont été données avec des montants faramineux ramenés au pouvoir d’achat 2019. Ces transferts représentent plus que les réserves estimées à 72 milliards de dollars en avril 2019 qui devraient terminer à 58 milliards de dollars fin 2019, 36 fin 2020, 16 fin 2021 avec le risque de cessation de paiement début 2021 en cas de la non-résolution de la crise politique. Ce montant serait plus important si les surfacturations étaient d’environ de 20-25% par rapport aux normes internationales. Des actions urgentes pour récupérer ces biens mal acquis tant au niveau national qu’international sont nécessaires pouvant également jouer comme tampon social.
Mais il faut être réaliste. Si les transferts illicites de capitaux sont dans des paradis fiscaux ou en actions ou obligations anonymes, il sera difficile de les récupérer, concernant uniquement des biens ou placements réels tangibles tant en Algérie qu’à l’étranger en cas où l’Algérie a des accords internationaux avec certains pays où les procédures risquent d’être longues. Car si la corruption existe dans tous les pays du monde, comme en témoignent les scandales financiers, et s’il y a des corrompus, existent forcément des corrupteurs impliquant tant une moralisation des gouvernants internes que l’urgence d’une moralisation des relations internationales. Pour les pays développés, elle est relativement faible en rapport à la richesse globale créée, ce qui n’est pas le cas pour des pays ayant un faible PIB. En Algérie elle s’est socialisée remettant en cause la sécurité nationale du pays.
L’on devra aller vers le contrôle démocratique de deux segments stratégiques, la production de la rente des hydrocarbures (Sonatrach) et la distribution de la rente des hydrocarbures, le secteur financier puisque l’ensemble des secteurs publics et privés est irrigué par cette rente.
Etant une question de sécurité nationale, il s’agit de privilégier les intérêts supérieurs du pays par un compromis raisonnable et de s’adapter tant aux nouvelles exigences sociales internes que mondiales évitant les replâtrages actuels qui risquent d’accentuer la crise. L’on devra traiter avec la plus grande rigueur la gouvernance et l’efficacité des institutions en s’appuyant sur de nouveaux réseaux, les forces réformistes devant intégrer les forces conservatrices dans une dynamique nouvelle pour assurer la cohésion tant politique que sociale.
Comme je l’ai rappelé souvent, la lutte contre la mauvaise gestion et la corruption renvoie à la question de la bonne gouvernance, de la démocratie pour des contrepoids politiques et sociaux , la concurrence loin de tout monopole dans le domaine économique, de la rationalisation de l’Etat dans ses choix en tant qu’identité de la représentation collective. L’Algérie a les meilleurs textes du monde mais l’expérience montre clairement que les pratiques sociales quotidiennement contredisent le juridisme, renvoyant à la démocratisation des décisions politiques et économiques. Comment mobiliser les citoyens au moment où certains responsables au plus haut niveau ou leurs proches sont impliqués ou supposés impliqués dans les scandales financiers et peuvent-ils avoir l’autorité morale auprès de tant de leurs collaborateurs que de la population algérienne ? En fait, la lutte efficace contre la corruption implique d’avoir un système judiciaire indépendant avec une moralité sans faille des juges, d’éviter les luttes d’influence des différentes institutions de contrôle tant techniques que politiques concernant l’utilisation des deniers publics. La mise en place du contrôle est tributaire d’un management efficace des institutions, des comptabilités publiques claires et transparentes pour la rationalisation des choix budgétaires afin d’optimaliser l’effet de la dépense publique. La pleine réussite de cette entreprise qui dépasse largement le cadre strictement technique, restera tributaire largement d’un certain nombre de conditions dont le fondement est la refonte de l’Etat au sein d’une économie mondiale de plus en plus globalisée et des grands espaces, et une concertation permanente entre les différentes forces sociales politiques, économiques et sociales loin de toute vision d’autoritarisme, vision largement dépassée, conditions stratégiques qui doivent constituer les éléments fondamentaux de la nouvelle gouvernance. La stagnation de l’Algérie de la notation par l’indice de perception de la corruption est significative de l’existence de ce mal qui menace gravement la stabilité et la sécurité du pays, qu’il s’agit de combattre concrètement.
Il apparaît nécessaire à l’avenir de favoriser le dialogue productif où nous assistons à la léthargie du Conseil économique et social dont la composante n’a pas changé depuis des décennies alors que la société a évoluée. Il s’agit de favoriser des contre-pouvoirs, par plus de dynamisme des institutions de contrôle tant politiques que techniques dont notamment le Conseil national de l’énergie, la Cour des comptes, les autres organes qui se télescopent dépendant de l’Exécutif étant donc juge et partie, l’action des services de sécurité ne pouvant être que ponctuelle.

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