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Tayeb Louh a rejoint ses ex-collègues du gouvernement à la prison d’El Harrach

Le procès de la justice

Il est soupçonné d’entrave à la justice et d’incitation à la partialité.

Tayeb Louh est à la prison d’El Harrach. Le symbole est fort. L’homme qui a incarné pendant six ans toutes les valeurs de la justice est soupçonné de corruption, d’entrave au bon fonctionnement de la justice, d’incitation à la falsification de PV officiels et d’incitation à la partialité. En un mot, Tayeb Louh est soupçonné de… trahison. Il est soupçonné d’avoir trahi son pays, son peuple et tous les opprimés qui ont cru que la justice restait leur dernier rempart contre l’arbitraire. Comment ne serait-ce pas le cas puisque le gardien des Sceaux est accusé d’avoir ouvert grand la porte à toutes les dérives. Le «visage» de la justice qui devait personnifier l’autorité judiciaire, imposer le respect et le sens de responsabilité, a souillé l’institution. Louh qui était investi de la mission de garantir l’égalité de tous devant la loi, celle de sanctionner les mauvais et de protéger les victimes, de veiller au respect des libertés individuelles et de défendre les plus démunis, a, lui, imposé la loi du plus fort. Il était le porteur du message de la justice. Qu’a-t-il fait ? Il a choisi de l’étouffer.
Tayeb Louh est à la prison d’El Harrach. C’est ignominieux.
Ancien magistrat et ex-président du Syndicat national des magistrats (SNM), Tayeb Louh a rejoint l’équipe présidentielle en 1999 en intégrant la commission de la réforme de la justice, initiée par l’ex-chef de l’État. En juin 2002, il hérite du portefeuille du ministère du Travail et de la Protection sociale, qu’il dirigera pendant presque dix ans. En septembre 2013, il est nommé à la tête de la Justice. Un poste qu’il quittera à la faveur du dernier changement de gouvernement, opéré après l’éclatement le
22 févier dernier de la révolution populaire pacifique en Algérie. Il fera ensuite objet d’une enquête judiciaire à la demande du parquet d’Alger, dirigé à ce moment-là par l’actuel ministre de la Justice Belkacem Zeghmati. Une interdiction de sortie du territoire national lui sera imposée avant d’être auditionné par les enquêteurs de l’Office central de prévention et de lutte contre la corruption (Ocplc). Une fois son dossier transmis à la Cour suprême et à sa première présentation jeudi dernier, le magistrat instructeur décide de sa détention provisoire. Tayeb Louh rejoint ainsi les 10 anciens ministres, ses ex-collègues du gouvernement, déjà placés en détention provisoire à la même prison d’El Harrach.
Tayeb Louh est à la prison d’El Harrach. Une image avilissante d’un pays qui a atteint les abysses. Comment ne serait-ce pas le cas lorsqu’un ex-ministre de la Justice est soupçonné au moment où il était en poste, d’abus de fonction, d’entrave à la justice, d’incitation à faux en écriture officielle et…tenez-vous bien d’incitation à la partialité ! A lire ces accusations et en les replaçant dans leur contexte, il semble bien que Tayeb louh avait une mission bien précise à la tête de la justice. Il était membre d’un gouvernement qui se retrouve, presque en entier, à la prison d’El Harrach et donc il faisait partie d’une bande qui l’a chargé de protéger ses intérêts. Tayeb Louh est accusé d’entrave à la justice. Cela pourrait signifier que Louh a veillé à mettre sous le coude les dossiers de corruption où sont impliqués ses «amis» du gouvernement. A bien voir, c’est peut-être le cas pour l’affaire Sonatrach dans laquelle Chakib Khelil, l’ancien ministre de l’Énergie, a été impliqué avant d’être blanchi à l’arrivée de Tayeb Louh à la tête du ministère de la Justice. Un dossier pour lequel, faut-il le rappeler, Zeghmati, a été «mis au placard». Il y a l’affaire de l’autoroute Est-Ouest où le nom de Amar Ghoul a été plusieurs fois cité dans le procès sans qu’il ne soit jamais inquiété. Il y a aussi toutes ces autres affaires impliquant les hommes d’affaires proches de l’ex-cercle présidentiel et qui n’ont jamais été programmées ou peut-être même pas enregistrées.
Tayeb Louh est à la prison d’El Harrach. Lui qui a affirmé un jour de 2018 que «la justice ne fermera pas l’œil sur ces dossiers dans lesquels sont impliqués des élus, des politiques et des cadres de l’Etat», a dû donc s’attendre à ce qu’un jour il soit appelé à rendre des comptes car pour le paraphraser encore « personne n’est au-dessus de la loi et personne ne peut échapper à la justice et aux lois de la République quel que soit son statut».

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