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Les valeurs ancestrales à l’aune du Hirak

L’avenir du pays se joue maintenant. «Le retour aux origines est un bienfait.»

Des Algériens et Algériennes meurent pour assister à un concert, un tigre échappé et abattu fait la une et le buzz, un père tue son enfant d’un coup de marteau pour avoir griffonné leur véhicule neuf, il ne suffit pas d’avoir une grosse barbe touffue, porter un kamis, voiler totalement sa femme, la sœur… pour être un bon musulman, voilà l’actualité d’un pays qui chaque vendredi se retrouve dans la rue pour exiger un changement.
Quand on voit tout ce monde qui chaque vendredi se rend dans les milliers de mosquées, quand on voit comment certains courent après un passeport pour un pèlerinage, quand on voit les multiples signes ostentatoires d’une appartenance religieuse précise, quand on entend les fatwas et les leçons sur le civisme, la solidarité, l’entraide, la bonne éducation… on se demande encore comment une jeune maman accompagnée de son petit enfant, Yahia, vit dans la rue, se nourrit des poubelles au chef-lieu de la wilaya. Sans vouloir rentrer dans les détails pour comprendre pourquoi une jeune fille est arrivée à pareille situation, disons que la société algérienne contemporaine privilégie l’apparence. Jeudi, en début de soirée, un malade n’a eu son salut qu’au courage d’un groupe de jeunes qui sont arrivés à l’attraper quand il s’est jeté du haut d’un mur de soutènement devant l’hôtel en construction en face du marché couvert de la ville. La maison de retraite était par le passé l’apanage des sociétés occidentales. Désormais, beaucoup de parents vivent la détresse dans ces centres pour personnes âgées parce que la belle-fille réalise ses rêves d’adolescente et les frustrations accumulées en regardant les séries égyptiennes ou turques. Quelques anciens pensionnaires décédés ne sont enterrés aux cimetières de Bouira que grâce à la direction et quelques bénévoles de l’association « kafil el mouata ». Pendant les fêtes religieuses et à l’occasion des visites des responsables, la tristesse se voyait sur le visage des vieilles et vieux pensionnaires de ce centre.
La sédentarisation a sensiblement affecté la société. Si dans certaines régions on continue à perpétrer les valeurs, notamment vestimentaires, c’est le cas de la Kabylie profonde dans les Aurès, chez les Touareg, les Ouled Naïl…dans d’autres c’est l’émergence d’un style venu directement des régions perses avec précisément ce nikab, un vêtement nouveau pour nous Algérien et Algérienne. « Le khimar n’est pas algérien, nous avons le foulard, l’aâdjar, le voile blanc. Ils préservent la dignité de la femme et inspirent le respect.
A quoi sert de couvrir sa tête et porter des fuseaux qui moulent le corps et attirent le regard sur soi ? » s’interroge un jeune. Après un tsunami du hidjab en pleine décennie noire, porté par peur surtout, voilà qu’arrive un autre, mais plutôt tendance cool ou seule la tête est couverte avec le reste du corps bien défini dans des tenues sexy. Dans ce magma de contradictions, on continue à faire l’éloge des ouléma, des zaouïa, des islamistes… politiciens.
Le vrai politicien est celui qui marque de son empreinte son époque et arrive à convaincre par ses idées. Chez nous et comme pour le reste d’ailleurs, l’homme politique s’adapte aux circonstances et tel un caméléon change de couleur. La longue liste de responsables impliqués dans les affaires de corruption et qui s’allonge chaque jour est l’autre preuve du mal qui a touché la société algérienne.
Les images des 25 marches organisées depuis le 22 février dernier sont un regain de conscience de la nation algérienne. Le civisme, l’entraide, la bonne humeur, le sourire sur les lèvres, sont autant de valeurs qui, pendant cette décennie noire, ont été remplacés par les pleurs, le sang, la violence… Cette révolution pour une autre Algérie se doit de mettre le cap sur cet objectif et ne pas se limiter à mettre de l’ordre dans l’activité politique et économique du pays. L’avenir du pays se joue maintenant. «Le retour aux origines est un bienfait.»
Le Hirak en plus de changer le mode de gestion du pays, doit prendre en compte et sérieusement le mode de vie spécifique à nos régions, à notre passé. Comment ? C’est l’objet du débat qui doit avoir lieu. «Peu importe que vous ayez du style, une réputation ou de l’argent. Si vous n’avez pas un bon cœur, vous ne valez rien» disait le défunt artiste Louis de Funès.

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