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Slimane Laradj, doyen de la faculté des sciences politiques d'Alger, à L'Expression

«Nous irons vers un régime semi-présidentiel»

Dans l'entretien qu'il nous a accordé, le professeur Slimane Laradj analyse, décortique et explique la portée de la révision constitutionnelle.

L'Expression: Quelle est votre analyse de la première mouture de la Constitution mise sur la table récemment par la présidence de la République?
Slimane Laradj: Je crois que le projet de la révision constitutionnelle constitue un des principaux outils à travers lesquels on peut réaliser un changement et opérer les réformes exigées, que ce soit par rapport au système politique ou aux mécanismes de fonctionnement de ce système, et ce dans le but d'accéder à la nouvelle République qui consacre les principes de la déclaration du
1er Novembre 1954 et conforte les principes démocratiques ainsi que d'autres principes garantissant la continuité de l'Etat-nation et l'intérêt général. La chose la plus importante qu'il convient de souligner est la réaffirmation du principe que la volonté populaire soit la source de tout pouvoir et la source d'inspiration de toutes les orientations des politiques intérieures et extérieures de l'Etat algérien et les défis qu'elle doit relever.

Est-ce que vous insinuez par là que la volonté populaire n'a jamais été respectée auparavant?
La volonté populaire a été et continue à être la variable principale dans la construction du présent et de l'avenir de l'Etat algérien. L'affirmation du respect de la volonté populaire dans les dispositions de différentes Constitutions précédentes et sa réaffirmation dans le préambule de l'actuelle mouture de la Constitution dénotent de l'importance et du rôle de la volonté populaire dans l'édification de l'avenir et la consécration des réformes.

Que diriez-vous du timing de sa réactivation car certains observateurs estiment que le confinement n'est pas une situation adéquate permettant de débattre aisément de la Loi fondamentale?
S'agissant du timing choisi, contrairement à ce qui a été avancé à ce propos, à savoir que la situation actuelle ne s'y prête pas au débat sur ce genre de problématique, je pense que le texte a été mis sur la table au moment voulu, susceptible de donner assez de temps et de permettre au plus grand nombre d'acteurs politiques et à la société civile de contribuer au débat et à son enrichissement en vue d'aboutir à une Constitution consensuelle. Certes, on est dans une course contre la montre pour construire la nouvelle République, mais on a aussi besoin de temps pour réfléchir et débattre autour de la Loi fondamentale. Je crois que c'est pour concilier entre ces deux impératifs qu'on a jugé opportun de dévoiler le projet de la révision constitutionnelle en ce temps de confinement.

Comment peut-on être sûr que les dispositions positives de la révision constitutionnelle soient mises en oeuvre?
Je pense qu'il y a une volonté d'ancrer de nouveaux outils et mécanismes de fonctionnement du système politique en Algérie. Cela est un indicateur positif reflétant la volonté d'éradiquer les anciennes mauvaises pratiques.

Certains observateurs ont relevé des contradictions et décalage entre le discours officiel et les pratiques au quotidien sur le terrain, qu'en pensez-vous?
L'éradication des pratiques négatives prévalant sous l'ancien régime est tributaire de l'existence d'une forte volonté politique pour le changement et d'une large participation de tout le monde ainsi que du changement de mentalités et de la consécration de la culture du respect des lois de la République et du respect de l'avis et de l'opinion d'autrui et de la fin de la privatisation par des personnes, des ressources et des moyens de la collectivité nationale et enfin de la sortie définitive de la culture de défaitisme...

La loi existe, mais le problème réside dans la non-application de la loi, qu'en pensez-vous?
L'application de la loi exige de l'Etat l'instauration du respect de la loi, notamment dans le cadre de la vie publique et institutionnelle et demande également un changement positif des mentalités. Les pratiques de l'ancien régime et la dilution des responsabilités peuvent être éradiquées à travers la consolidation de l'Etat de droit, les contrôles a priori et a posteriori, le renforcement de la justice, la suppression de la soumission des institutions et la personnalisation du pouvoir.

Est-ce que le texte répond aux exigences et revendications exprimées par le Hirak?
Je pense que l'amendement de la Constitution intervient pour satisfaire les revendications du Mouvement populaire né le 22 février dernier, mettre un terme aux vides juridiques et dysfonctionnements existants, restaurer l'autorité de l'Etat et réaffirmer le respect de la volonté populaire, source de tous les pouvoirs.

Pensez-vous qu'on doit lancer un véritable dialogue au regard d'une crise politique, économique et financière aussi profonde, à laquelle s'ajoute une crise sanitaire?
La sortie de crise demandera des efforts de la part de tous, y compris des partis politiques qui doivent faire des propositions ainsi que des médias qui doivent accompagner les changements...

Des constitutionnalistes ont émis des réserves sur le fait que le texte est encombré de détails, êtes-vous du même avis?
La Constitution traduit la philosophie générale de l'Etat, définit sa référence et les principes essentiels qui le fondent, quant aux autres détails, ils sont du ressort des lois organiques et des textes d'application. Ne pas truffer la Loi fondamentale de détails participe de sa longévité et de sa valeur.

Quelle est, selon vous, la nature du régime qu'on veut instaurer à travers cet avant-projet de révision de la Constitution?
La première mouture de la Constitution instaure un régime semi-présidentiel, une catégorie qui correspond au mieux à la situation politique en Algérie et qui permet au président de la République de jouer le rôle d'un arbitre et d'un garant du fonctionnement régulier des pouvoirs publics et la continuité de l'État.

Quelles sont les dispositions symboliques dans la révision constitutionnelle, prétendant bâtir une nouvelle République?
La réaffirmation de l'importance de la référence à la déclaration du 1er Novembre qui consacre un projet de l'Etat national aux normes universelles constitue une disposition symbolique forte dans ce sens.

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