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Le président Tebboune recevra ce mardi des responsables de la presse

Prémices d’une nouvelle ère médiatique

La chape de plomb se fissure. Par cette annonce, le président vient de briser la glace séparant les deux mondes qui ont toujours évolué à flux tendu.

C’est une première dans l’histoire des rapports entre la presse et le pouvoir en Algérie. Le chef de l’Etat recevra en audience, mardi prochain, une délégation de directeurs et de responsables de médias publics et privés, a annoncé un communiqué de la présidence de la République. A cette rencontre suivront «d’autres entretiens avec des journalistes et des responsables d’organes de presse», affirme la même source. Après les personnalités politiques, Tebboune tend la main à la presse jetant ainsi les jalons pour une nouvelle ère médiatique en Algérie. Il a fait la promesse, lors de la campagne électorale, d’organiser des rencontres avec la presse «éclairer l’opinion publique nationale sur les questions de l’heure aux plans interne et externe». La chape de plomb se fissure. Par cette annonce, le président vient de briser la glace séparant les deux mondes qui ont toujours évolué à flux tendu.
Bruits de rumeurs
Le rendez-vous est très attendu par les professionnels des médias privés empêchés pendant longtemps d’avoir un contact direct avec la présidence de la République comme c’est la pratique dans les grandes démocraties à travers le monde. Si le communiqué n’a pas cité quels organes sont conviés à cette audience, la certitude est que la rencontre permettra de faire un point de situation de la presse. Au grand pas entamé avec la dépénalisation du délit de presse dans le Code de l’information promulgué en 2012, la presse a accusé un regrettable recul, notamment depuis ces dernières années. La presse écrite est bousculée par la télévision privée elle-même malmenée par les réseaux sociaux. La Toile bruit de rumeurs, de vraies-fausses informations du fait de la course aveugle à l’audimat et au buzz. Combien de personnalités ont-elles été victimes de Fake News ? Combien de dignes citoyens ont-ils vu leur réputation et leur honneur salis par de graves accusations sans fondements, sans morale et sans éthique ? On est arrivé au stade où les citoyens ne croient plus en leurs médias. Les lecteurs et téléspectateurs algériens ont rendu une terrible sentence sur leurs médias qu’ils qualifient en majorité de «chiatines» (brosseurs) et de menteurs… La presse d’information confrontée à une grave crise économique et morale se bat pour sa survie. Renouer le lien de confiance avec les lecteurs est un enjeu capital. Il faut se résoudre à cette blessante vérité : la médiocrité règne en maître dans le secteur de la presse. Le fardeau est partagé aussi bien par le pouvoir que les professionnels des médias. Dans toutes les corporations, il y a des ordres qui régulent, qui veillent et qui au besoin sanctionnent. C’est le cas de l’ordre des avocats, l’ordre des médecins, l’ordre des architectes…
La presse fait exception en Algérie. Elle n’a ni Conseil d’éthique et de déontologie ni Conseil de l’ordre ni Autorité de régulation (pour la presse écrite et électronique). Est-il concevable de laisser en jachère un secteur aussi névralgique? Ce sont les médias qui produisent de l’information, qui façonnent l’opinion et qui jouent le rôle de courroie de transmission entre le pouvoir et la société. Il faut un arbitre capable de tirer le carton rouge quand les règles du jeu sont bafouées et pour que les médias soient un objet de manipulation et de fourvoiement de l’opinion publique.
épée de Damoclès
L’échange entre le président et les responsables des médias portera également sur cette épée de Damoclès qui pèse sur les médias, notamment privés. Oser une critique, aussi objective soit-elle, oser une vérité d’opinion, un commentaire déplaisant au chef du moment signifie la mort par étouffement. On supprime la publicité. Justement, le dossier de la manne publicitaire sera certainement abordé. Sur quelle base faut-il répartir cette publicité ? Un sondage a été fait du temps où Hamid Grine était ministre de la Communication et il a révélé que pas plus de 10 quotidiens avaient un tirage au-delà de 10 000 exemplaires. Mais le critère du tirage à lui seul ne suffira pas pour une répartition équitable de cette manne. Que faire alors du professionnalisme, de la qualité et de la véracité des informations et de la réactivité aux événements nationaux et internationaux ? Il faut s’interroger ensuite s’il faut donner cette manne aux journalistes ou aux hommes d’affaires ?
Parmi les problèmes à mettre également sur la table, la transparence dans la gestion des entreprises de presse : assainir leur situation vis-à-vis des imprimeries de l’Etat, définir la moyenne salariale et recenser le personnel déclaré à la Cnas. C’est dire que le chantier est immense. Certes, il concerne en premier lieu les journalistes mais il implique également la Cnas, les impôts, les imprimeries, l’Anep… Il vaut la peine car il ne peut y avoir de démocratie sans presse libre. Tout pouvoir tend à abuser de son autorité s’il n’est pas équilibré par un contre-pouvoir. Les médias constituent ce contre-pouvoir, une garantie de la liberté d’opinion, d’expression et d’information.

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