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Karim Younès, coordinateur du panel, à l’expression

«Que cesse la paranoïa politique !»

Ancien président de l’APN et actuel coordinateur, Karim Younès revient, dans cet entretien, sur la conduite des circonstances de la naissance de l’Instance de dialogue et de médiation, il nous livre sa lecture nationale de la situation politique du pays.

L’Expression : Quel bilan tirez-vous des rencontres que vous avez eues avec les acteurs politiques et les représentants de la société civile ?
Karim Younès : Nous avons pu rencontrer les représentants de 23 partis politiques agréés, de syndicats autonomes, d’universitaires, de jeunes manifestants du Hirak ainsi que plusieurs personnalités influentes au sein de notre société. En tout, ce ne sont pas moins de 6075 Algériens dont la représentativité, à un titre ou à un autre, était établie.
Les discussions ont été riches d’enseignements englobant tous les aspects de la vie politique nationale. Nous avons relevé l’adhésion largement majoritaire à l’urgence de doter notre pays d’une autorité politique légitime, afin de faire face aux exigences économiques et diplomatiques et limiter les conséquences d’une crise qui n’a que trop duré .

La naissance de l’Instance nationale de dialogue et de médiation a eu lieu dans un contexte, pour le moins, particulier. Pensez-vous qu’au final vous avez réussi à vous imposer dans un paysage politique très éclaté ?

J’avoue qu’en raison d’une grande hostilité, née de la suspicion systématiquement entretenue, je craignais d’être confronté à un rejet massif d’un dialogue mené par notre Instance de médiation. Le sens des responsabilités et la sagesse ont permis à un grand nombre d’acteurs de la vie sociétale et politique nationale d’adhérer à la démarche de dialogue qui s’est imposée comme seule voie pacifique de règlement de la crise que traverse notre pays. Il y a bien entendu, des voix discordantes et opposées à la démarche du panel, mais l’essentiel est d’arriver à convaincre la majorité des Algériens, du bien-fondé de la démarche de dialogue, de la nécessité de doter rapidement notre pays d’une autorité légitime et de réfléchir ensemble au processus d’édification d’une nation démocratique, telle que revendiquée par le peuple.


Le document que vous avez produit passe pour être le plus abouti parmi les multiples propositions qui ont été faites par les partis politiques. Pensez-vous obtenir le consensus nécessaire pour lancer un processus électoral ?

Le document final que nous présenterons, reprend l’essentiel des suggestions et recommandations des acteurs individuels et collectifs ayant répondu à l’invitation au dialogue, ainsi que les plates-formes élaborées par les formations et personnalités politiques lors des différents conclaves organisés. Nous avons veillé à reprendre les éléments essentiels des propositions faites afin que soit élaborée une démarche qui puisse être la plus proche possible des revendications populaires. Nous espérons ainsi convaincre de façon consensuelle, ou à défaut, majoritaire, les Algériens à participer au prochain scrutin et à poursuivre le combat politique pacifique pour l’édification d’une Algérie démocratique.

Certaines formations politiques ont refusé de vous rencontrer, au motif que l’Instance nationale de dialogue et de médiation est un appendice du pouvoir. Que vous inspire ce genre d’attitude ?

Les manipulations malsaines caractérisant la gestion politique du pays, notamment ces dernières décennies, ont développé chez nos citoyens, un esprit de suspicion systématique à l’égard de toute initiative émanant ou ayant une attache quelconque avec le pouvoir. Je pense qu’il est normal, voire même souhaitable que la vigilance soit de mise, mais il ne faut pas qu’elle se transforme en « paranoïa politique », car il serait alors difficile de trouver une voie de conciliation pour une sortie de crise et un changement pacifique du système de gouvernance. Je pense qu’avec le temps, toutes les parties concernées finiront par comprendre qu’un changement positif ne peut être que progressif, associant tous les acteurs, car l’exclusion, que notre peuple a constamment récusée, provoque toujours des réactions de violence.

Ali Benflis a émis une réserve de forme sur le document que vous lui avez transmis, portant proposition d’amendement du Code électoral et des missions de l’Autorité chargée de l’organisation de l’élection. Comment appréciez-vous sa contribution et avez-vous reçu d’autres réactions de partis ?

Il est bien évident que nous n’avons jamais eu la prétention de faire l’unanimité sur la démarche du panel ou les résultats de sa mission. Nous respectons toutes les remarques et recommandons d’être constamment à l’écoute d’éventuelles nouvelles analyses de la part des autres destinataires du document final, afin d’avoir une idée globale des appréciations, car le travail pour la rebaptisation des institutions de l’Etat a encore du chemin à faire.

La question des préalables, dont le départ du gouvernement Bedoui, est un thème central dans le débat actuel. Avez-vous reçu une quelconque assurance de la part de l’Etat et croyez-vous à un succès du processus électoral, sans la satisfaction de ces préalables ?

Lors de la rencontre avec le Président Bensalah, nous avons pu recueillir un engagement sur les mesures d’apaisement nécessaires à l’adhésion des Algériens à une démarche politique que nous espérions consensuelle. Le non-respect de cet engagement, dans les délais convenus, a provoqué une certaine démobilisation au sein de l’Instance de médiation et de dialogue d’une part et une méfiance, voire suspicion de la part des citoyens d’autre part, ce qui a rendu notre mission très laborieuse. J’espère que nos responsables politiques sauront prendre les mesures nécessaires, pour redonner confiance aux Algériens. Dans le cas contraire, je ne vois vraiment pas comment convaincre les citoyens à participer à la campagne électorale et à se rendre aux urnes pour choisir librement leur président de la République. 

 

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