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Double victime de l’idéologie et de l’incompétence

Quel avenir pour l’école algérienne ?

Les syndicats initialement créés pour défendre les intérêts sociaux des travailleurs deviennent les porte-voix des politiques.

De l’avis des plus initiés, une nation se bâtit sur trois secteurs que sont l’éducation, la justice et la santé. L’Algérie post-indépendante n’a pas pris en compte ce credo, mais a privilégié d’autres secteurs, certes importants, mais insuffisants pour émanciper la société. L’école par exemple a de tout temps été un enjeu politique. Boumediene décide un jour d’arabiser l’enseignement sans même poser les conditions nécessaires à une transition aussi vitale et fondamentale. Comptant sur les pays « amis » et défenseurs d’un Monde arabe à la Nasser, une vague d’Orientaux sans qualification, ni diplôme sont venus semer leur venin dans une société qui devait se reconstruire et tout revoir après les massacres et les séquelles d’un colonialisme qui a tout fait pour gommer la personnalité nationale.
Parce qu’elle est importante, l’école, à travers les temps, a été un objectif convoité par des cercles qui ont toujours tenté de mettre la main dessus pour « endoctriner » les générations futures. Réagissant à ce marasme et en femme chercheuse, Mme Benghebrit arrive. Elle tente de remettre de l’ordre dans la demeure. Vite elle se retrouve en face des fossoyeurs du savoir qui n’hésitent pas à tenter de la déstabiliser en s’attaquant même à sa personne, sa famille et son entourage. Tout le monde a en tête cette campagne contre la ministre accusée de vouloir porter atteinte à l’identité nationale, d’être une anti-islam, d’être une alliée de Paris, de vouloir privilégier le français aux dépens de l’arabe. Contre vents et marées, la ministre mènera son programme avant d’être freinée par ce Hirak qui a tout emporté sur son passage. Elle restructure les corps enseignants, elle change les manuels, elle informatise la gestion des personnels et des élèves, elle envisage des échanges d’expériences avec d’autres pays… elle gère sans aucun complexe et prend des décisions qui ne sont pas populaires, elle relève le niveau des enseignants au recrutement…
Le nombre de grèves décrétées sous l’ère Benghebrit est 10 fois plus important que sous le règne sans partage de son prédécesseur. Les syndicats initialement créés pour défendre les intérêts sociaux des travailleurs deviennent les porte-voix des politiques. Marchandant avec les détachements, l’argent des œuvres sociales, ces organisations font de la résistance se défiant totalement de l’intérêt de l’élève et mettent en avant leurs propres intérêts. Alliés aux « ennemis voués », ils continuent leur travail de sape contre peut-être la seule ministre compétente qu’aura connue l’Education nationale. Seule contre tous, cette dame a remis de l’ordre, mais le mal était trop profond. Les mutations sociales subies par la société dans la totalité de ses remembrements, n’ont pas épargné l’école. Les valeurs et la noblesse qui étaient le maître-mot chez nos enseignants d’antan ne sont qu’un vain souvenir évoqué avec nostalgie. Aujourd’hui, des inspecteurs font office de chauffeurs clandestins, de revendeurs de voiture… « Monsieur le professeur» a laissé place à « Ya Cheikh ».

Le privé et les cours payants
Ceux qui hier se terraient derrière l’arabisme, scolarisent leurs enfants dans les écoles étrangères. Le système éducatif algérien aura eu le mérite, ces dernières années, d’avoir inventé un enseignement particulier qui n’existe nulle part ailleurs. La pression exercée par les parents qui n’exigent plus le bac seulement, mais une bonne moyenne pour faire médecine ou ingéniorat, des professions libérales, accentue le risque. Des établissements privés sont venus dispenser le savoir dans des conditions matérielles largement meilleures que celles du secteur public. Finalement, ces écoles sont devenues des centres de recyclage aux retraités. Un enseignant parti en retraite après plus de 25 ans d’exercice ne peut plus donner... Il rejoint les établissements privés juste pour le salaire qu’on lui remet quelquefois dans une enveloppe. Un enseignement informel avec une bâtisse pour plusieurs niveaux et des âges différents, des structures sans espace pour la pratique sportive… Sous l’œil passif des chargés du secteur, des enseignants louent des garages, des sous-sols, des structures publiques et quelquefois leurs domiciles pour y exercer sans souci. Les enfants qui s’entassent dans des locaux sont en danger. La sécurité des biens et des personnes est un devoir pour l’autorité. Les commerces informels sont combattus, n’est-ce pas une activité lucrative non déclarée et qui de surcroît met en péril des vies humaines avec la complicité de parents inconscients. Les règles élémentaires qui régissent le volume horaire, la nécessité pour l’enfant d’avoir des moments de loisir et de repos, sont bafouées et remplacées par une course après les cours. Toutes les matières sont concernées par cette façon de faire qui a laissé émerger un comportement nuisible dans le secteur. Les élèves nantis n’accordent plus d’importance aux séances collectives dispensées en classe puisque le soir ils disposent de professeurs particuliers.

Mauvaise publicité
La remise à niveau qui reste un acte pédagogique, reconnu mondialement, obéit à des critères. Le nombre d’élèves, le diagnostic des lacunes, la spécificité du savoir à dispenser, le choix de l’horaire, l’étude du statut psychopédagogique de l’apprenant… sont autant de paramètres à prendre en compte dans cette remise à niveau. Ne dit-on pas que la préparation d’un cours commence par l’étude du public ? Pour pallier ces conditions élémentaires, les enseignants spécialistes des cours, puisqu’il en existe, trient les candidats en ne prenant que ceux qui ont déjà une base intéressante. N’importe quel professeur pourra assurer un très bon résultat avec une classe regroupant des apprenants capables d’avoir un 12 en physique, en maths ou en sciences. Le choix des trois disciplines est volontaire puisque ces trois matières restent les plus demandées. Que donnent ces vendeurs du savoir aux élèves ? Certains sont spécialistes et bénéficient d’une publicité gratuite laquelle renommée se construit d’année en année grâce au bouche-à-oreille. « Tel professeur est excellent. » Ce professeur exerce dans un établissement étatique dont les résultats ne différent pas de ceux des autres établissements où les professeurs ne sont pas excellents.
L’actuel ministre qui a travaillé sous la tutelle de plusieurs ministres qui se sont succédé dispose d’une longue expérience. Aurait-il l’audace de terminer le chantier commencé par la ministre ou reviendra-t-il aux stratégies mises en œuvre par les Benbouzid, Benmohamed, Kherroubi… En voyant la candidature de certains à la présidentielle du 12 décembre prochain, et la probabilité de voir ces candidats passer je crains pour l’école algérienne qui continuera à broyer du noir.

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