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Vives tensions budgétaires 2020-2022

Risque sur les réserves de changes

Il faudra être surtout attentif à la croissance de l’économie mondiale dont les tensions USA-Chine.

Le constat en ce mois de janvier 2020 fait d’ailleurs, par trois de mes collègues dans leurs écrits, le professeur Abdelaziz Djerad Premier ministre, et deux de mes amis de longue date, les professeurs d’université Ammar Belhimer et Chems Eddine Chitour, leur souhaitant bonne chance dans leurs nouvelles missions, est amer: l’Algérie depuis l’indépendance politique est une économie fondamentalement rentière, le système financier, enjeu énorme de pouvoir, étant étroitement connecté à la production de la rente. Toute augmentation ou baisse du cours des hydrocarbures avec les dérivés (98-97% des recettes en devises) ont eu des incidences à la fois économiques et politiques comme en témoignent les impacts politiques de la crise de la baisse du cours entre 1986-1990.
1.-Les dernières données des statistiques douanières de janvier 2020 n’incitent guère à l’euphorie, autant que la baisse d’environ de 25% du niveau des ventes de gaz ( 33% des recettes de Sonatrach) en direction de l’Europe en 2019, selon Bloomberg. Les prévisions de l’AIE donnent un cours du pétrole relativement bas, pour 2020-2021 ne dépassant pas 60/65 dollars, le marché pétrolier ayant vécu pendant deux jours un baril qui a dépassé 70 dollars en surchauffe de 5/7 dollars le baril du fait des tensions géostratégiques entre l’Iran et les USA, mais étant revenu à la moyenne normale étant coté le 10/01/2019 à 65,3 dollars le baril, après les déclarations d’accalmie du président américain où selon d’ailleurs la majorité des experts un conflit militaire Iran/USA étant à écarter.
Il faudra être surtout attentif au déterminant du cours du pétrole, le nouveau modèle de consommation énergétique mondial et la croissance de l’économie mondiale dont les tensions USA-Chine. Nous devrions assister entre 2020-2021, à une demande modérée et à une offre abondante, surtout pour le gaz , la Russie, toujours très dépendante des hydrocarbures, tablant à moyen terme sur un baril de pétrole à 60 dollars, selon son ministre de l’Energie. L’Algérie ne possédant pas une économie diversifiée, 98% de ses recettes en devises avec les dérivées provenant des hydrocarbures, du fait d’importants retards dans les réformes structurelles, devra se préparer à contrecarrer une très grave crise économique 2021-2022, supposant la résolution rapide de la crise politique. C’est que selon la direction générale des douanes de janvier 2020, le déficit commercial se creuse accusant une hausse de 5,75 milliards (MDS) de dollars sur les onze premiers mois 2019, contre 3,88 milliards de dollars en 2018, soit une hausse du déficit estimée à 48%, ce qui donnerait en tendance 6,30 milliards de dollars.
Les exportations ont atteint près de 32,62 milliards de dollars, contre 38,12 mds pour 2018 soit une baisse de 14,44%, ce qui donnerait en tendance fin 2019 seulement 35,58 milliards de dollars.
Les importations, malgré des mesures de restrictions draconiennes qui ont paralysé la majorité de l’appareil de production productif, ayant assisté en 2019 à la fermeture et à la sous-utilisation des capacités de milliers d’unités dont les matières premières importées, sans compter les équipements, représentent plus de 85% ,ont atteint 38,37 mds usd, contre 42 mds usd en 2018 , soit une légère baisse de 8,66%, ce qui donnerait une tendance fin 2019 , environ 41,58 milliards de dollars et une couverture des importations à hauteur de 85,01%, contre 90,76% à la même période de 2018. Les hydrocarbures ont représenté l’essentiel des ventes soit 92,76% du volume global des exportations.
2.- Selon les hypothèses du PLF2020 qui prévoit une coupe sévère dans les dépenses d’équipement (-18 ,7%) et une légère baisse des dépenses de fonctionnement (1,2%), nous aurions fin 2020 un déficit du budget de –1 533,4 milliards de dinars -12,30 milliards de dollars (-7% du PIB) et un déficit du Trésor de -2.435,6 milliards de dinars -20,65 milliards de dollars (-11,4% du PIB), avec une dette publique de 8530 milliards de dinars -72,30 milliards de dollars- soit 41,4% du PIB. Les recettes se basent sur une augmentation des revenus des exportations des hydrocarbures en 2020 de 2% par rapport à 2019 pour atteindre 35,2 milliards de dollars, le gouvernement reconnaissant un recul des quantités d’hydrocarbures exportées de 12% à fin juillet 2019 après une baisse de 7,3 % en 2018., mais sans préciser que 33% des recettes de Sonatrach proviennent du gaz naturel ( GN-76% et GNL-24%) dont le cours a connu une baisse d’environ 40% des dernières années fluctuant pour le cours du marché libre en 2019 entre 2/3 dollars le Mbtu. Aussi, ce niveau des réserves de changes fortement dépendant des recettes de Sonatrach, a été calculé avec l’hypothèse d’un niveau des importations, de 38,6 milliards de dollars en 2020 avec un déficit de la balance des paiements de 8,5 milliards USD en 2020 contre 16,6 milliards de dollars en 2019, soit une baisse de 8,1 milliards de dollars. Or au rythme des indicateurs de 2019, les réserves de changes, existant, des limites aux restrictions d’importations déjà fortes en 2019 qui étaient de 194 milliards de dollars au 1er janvier 2014 devraient clôturer au 31/12/2020 à 47 milliards de dollars, peut-être moins en cas de relance de l’investissement, et non 51,6 comme annoncé par le PLF2020, ce qui supposera une loi de finances complémentaire. Car continuer à restreindre les importations de biens et services, l’Algérie étant une économie fondamentalement rentière, le risque est un accroissement du taux de chômage qui risque de dépasser les 13% de la population active en 2021. D’ailleurs, fin décembre 2019, l’Office national des statistiques (ONS) a annoncé que le taux de croissance économique de l’Algérie a atteint 1,2% durant le 3ème trimestre 2019, contre 1,3% à la même période de 2018 et que de juillet à septembre 2019, ce taux étant inférieur à la pression démographique.
Pour atténuer les tensions sociales, avec une population totale en 2019 dépassant 43 millions et une population active dépassant 12,5 millions, le taux de croissance devrait être pendant plusieurs années, avec une nouvelle architecture économique reposant sur les nouvelles technologies, entre 9-10% en termes réels afin de créer chaque année 350 000/400 000 emplois/an, des emplois productifs et non des emplois rente. Aussi, évitons d’induire en erreur l’opinion publique que la seule loi des hydrocarbures (toujours le mythe de la rente) va automatiquement augmenter les recettes en devises du pays, l’attrait de tout investissement dépendant du climat politique, du climat des affaires et pour les hydrocarbures du futur vecteur prix international et des couts de Sonatrach qui nécessite un nouveau management, pouvant découvrir des milliers de gisements non rentables financièrement. Méditons l’expérience récente : pour la période 2000 à fin avril 2019, selon les données internationales, les entrées en devises ont été supérieures à 1000 milliards de dollars dont plus de 950 provenant de Sonatrach et sans compter les dépenses en dinars et les sorties de devises, importation de biens et services ont été d’environ 925 milliards de dollars et l’Algérie a eu un taux très modeste de croissance entre 2/3%. Selon une étude pour la région Mena, l’Algérie dépenserait deux fois plus par rapport à des pays similaires pour avoir deux fois moins de résultats : mauvaise allocation des ressources, mauvaise gestion, corruption ou les trois à la fois ?
Le divorce entre les objectifs et les moyens de réalisation (faiblesse des capacités d’absorption) entraîne un gaspillage des ressources rares, avec une mauvaise gestion que l’on voile par de l’activisme et sans bilan réel,(comme la règle des 49-51%), une fuite en avant dans des projets non maturés, ensuite mal faits, souvent réévalués expliquant le faible taux de croissance non corrélée à l’importance de la dépense publique (moyenne de 2/3% entre 2010/2019). On ne peut assister à une baisse du taux de croissance et paradoxalement affirmer que le taux de chômage diminue ou que le pouvoir d’achat augmente, amplifié par la concentration excessive des revenus au profit d’une minorité rentière et non de créateurs de richesses.
En conclusion, il y a urgence pour de profondes réformes politiques et économiques, de profonds changements pour solutionner la crise politique et économique durablement loin des replâtrages conjoncturels. L’on devra éviter la sinistrose, mais également l’autosatisfaction démagogique destructrice, l’Algérie possédant toutes les potentialités de sortie de crise, sous réserve d’une réelle volonté politique de profondes réformes structurelles.
On ne gère pas un pays comme une épicerie, mais en se projetant sur l’avenir dans un monde incertain et turbulent supposant des stratégies de veille d’adaptations perpétuelles. L’on devra revoir le modèle de consommation énergétique dans le cadre d’une loi organique de la transition énergétique, le fonctionnement des institutions, l’actuelle politique économique qui conduit le pays droit dans le mur, dans le cadre d’une planification stratégique liant efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale et surtout la résolution de la crise politique, sans laquelle aucun investisseur sérieux ne viendra. Et la solution se trouve dans le dialogue productif avec des concessions réciproques entre le pouvoir, l’opposition et la majorité de la société civile représentative. Aussi, les objectifs stratégiques du président de la République est de réunir tous les enfants de l’Algérie et de redonner confiance, en tenant compte de toutes les sensibilités par la culture de la tolérance afin d’en faire un pays émergent : l’Algérie en a les potentialités.

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