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Procès de l'ex-DGSN, Abdelghani Hamel: Spectaculaire échange entre le général et la juge

Séquences d'un interrogatoire sans concession

La présidente de chambre interroge le prévenu avec la lenteur et la précision qui siéent pour obtenir des réponses claires et sans fioriture.

Le procès tant attendu de l'ex-Dgsn, Abdelghani Hamel, s'est ouvert, hier, au tribunal de Sidi M'hamed, à Alger. Après lecture des chefs d'accusation, la présidente de chambre n'est pas allée de main morte. L'interrogatoire est sans concession, le ton de la magistrate en dit déjà long sur un face-à-face qui restera dans les annales de la justice. La posture du prévenu n'est pas moins «volontariste». Hamel semble s'être préparé à répondre du tac au tac, à ne rien laisser au hasard. Les présents ont le net sentiment d'assister à un procès qui a toutes les apparences d'une fin de règne pour le prévenu Hamel et sa famille. Le dossier est très lourd et les arguments de l'accusé ne suffisent pas à lui procurer la marge nécessaire qui l'éloignerait d'une chute quasi certaine. Comparaissant pour des actes d'enrichissement illicites, dilapidation de deniers publics, trafic d'influence et abus de fonction, la famille Hamel avec le père, la mère et leurs quatre enfants s'accrochent à la stratégie du père. Ancien Dgsn, commandant de la Garde républicaine et plusieurs fois haut responsable à la Gendarmerie nationale.

Les 45 ans de carrière
Dans ce tableau qui ressemble à s'y méprendre à une scène de théâtre tragique, un personnage central manque à l'appel. Un témoin clé. Il s'agit de l'ex-Premier ministre Abdelmalek Sellal. Mais cela n'a pas enlevé sa charge «spectaculaire» au questionnement que la présidente engagera face au prévenu. Dans sa stratégie de défense, Hamel a choisi de mettre en avant son passé de serviteur de l'Etat. Il étalera ses
45 ans de carrière au sein de l'armée et dans le corps de la Sûreté nationale. «Je ne suis pas un corrompu madame la juge», commence à dire le principal accusé dans cette affaire, arguant de sa longue carrière passée dans la lutte contre la corruption. «J'étais un symbole. L'ambassadeur de l'Algérie et de l'Afrique dans la lutte contre la corruption. Comment puis-je être jugé aujourd'hui pour de pareils faits? Je réfute catégoriquement» insiste Hamel, loin de convaincre le tribunal.
«Vous avez été rémunéré pour votre travail», affirme sèchement la magistrate. Le prévenu est quelque peu déstabilisé et l' «invitation» qu'il reçoit à revenir sur le fond de l'affaire pour laquelle il est jugé, coupe court à son «monologue auto- glorifiant». Les questions fusent telles des flèches. La présidente de chambre interroge le prévenu avec la lenteur et la précision qui siéent pour obtenir des réponses claires et sans fioriture. «Comment avez-vous acquis votre maison de Bir El Djir?». «Je l'ai eu dans le cadre d'une coopérative de l'ANP», répond l'ancien Dgsn. Mais l'homme sait que la juge ne s'arrêtera à ce seul bien immobilier. Et comme il devait s'en douter, il reçoit les questions sur ses maisons, appartements et terrains, à Tlemcen, Oran, Alger et dans bien d'autres régions du pays. La présidente va rappeler à Hamel son acquisition d'un appartement à Hydra dans le cadre du travail. «Vous l'avez vendu par la suite pour bénéficier, une nouvelle fois, de lots de terrain, est-ce que vous savez que ce que vous avez fait est illégal au vu de la loi?» lui lance la juge, avant de l'interroger à nouveau: «Un fonctionnaire de l'Etat peut-il posséder tous ces biens?»

Et le terrain de Staouéli?
Et l'interrogation fatidique tombe: «Où avez-vous eu l'argent pour acheter ces biens?», demande la juge. Hamel ironise: «Je ne suis pas au courant de l'existence de tous ses biens. Comment puis-je posséder des lots de terrain dans des endroits où je n'ai jamais mis les pieds?». Et le terrain que vous avez acquis à Hussein Dey et Staouéli? Le premier est d'une superficie de 250m2 et le deuxième de 211 m2 en 2002», rétorque la juge. Hamel continue sur sa lancée: «Il faut demander ça aux enquêteurs de la police judiciaire, car en cette période, j'étais en service dans la wilaya d'Oran.»
L'homme qui possède, selon le document que consulte la juge quelque 25 comptes bancaires est tenu de répondre à chaque question. Il s'essaye sur un ton pas assez convaincant. Mais dans la foulée, il croit trouver des failles dans l'accusation et nie totalement posséder un lot du terrain situé à Staouéli, il est allé jusqu'à dire: «Je ne le connais même pas ce lot, depuis 20 ans je n'ai pas mis mes pieds là-bas. Il est fort probable que certains l'ont enregistré en mon nom sans que je le sache.» Mais ce n'était pas une faille, la juge exhibe un document qui prouve le contraire. Il n'en demeure pas moins que le prévenu persiste sur son système de défense. Il répond comme il peut et tente systématiquement de lever toute suspicion délictuelle à toutes ses acquisitions qui, réunies, représentent une fortune colossale. En un mot, comme en mille, Abdelghani Hamel, a complètement nié avoir eu recours à l'enrichissement illicite, dilapidation de deniers publics, trafic d'influence et abus de fonction. Tout le foncier immobilier et agricole dont il est bénéficiaire et les 10 sociétés dont il est propriétaire sont «le produit de mes économies et de mon travail», argumentera-t-il.
Sa relation avec l'ex-wali de Chlef et celui d'Oran est «impeccable», selon sa réponse par rapport à la question de la juge. L'ex-Dgsn affiche un tempérament de quelqu'un de très sûr de lui, chaque fois que la juge l'interroge sur les biens immobiliers et fonciers dont il dispose partout, dans les régions où il a travaillé, en sa qualité de responsable au sein du corps de l'armée et la Sûreté nationale. Mais la question inévitable tombe: «Pourquoi vous avez beaucoup de propriétés foncières et immobilières? Êtes-vous un commerçant dans le domaine de l'immobilier?». La réponse du présumé est étonnante: «J'ai changé plusieurs fois d'endroit à cause de mon travail qui exigeait des déplacements d'une manière périodique. Surtout que mes enfants ne voulaient plus vivre à Tlemcen et Oran. La cause c'étaient les bars qui pullulaient dans la région de l'Ouest. Mes enfants sont très sérieux. Ils ont été éduqués selon les préceptes de Dieu et de son Prophète (Qsssl)», a-t-il rétorqué.

Un Dgsn sûr de lui
«Et pour les comptes bancaires? Il est normal d'en avoir deux ou trois, mais pourquoi avoir 25 comptes bancaires?», questionne la magistrate.. Et d'ajouter: «Nous avons trouvé une somme de 15 milliards dans votre compte en banque!». Réponse: «Je n'ai que deux comptes bancaires dans l'agence de BEA, Tlemcen et El Mouradia à Alger, les autres ne m'appartiennent pas, d'ailleurs, dans le PV de la police judiciaire il est cité que j'ai eu des comptes bancaires dans la commune de Sarda, alors que dans cette région il n'y a jamais eu une agence bancaire depuis l'indépendance de l'Algérie en 1962.» Dans sa réponse, le prévenu zoome sur le compte présumé à Sabra. «Les comptes bancaires dépendant de la Badr au niveau de ma région natale, Sabra, sont des comptes fictifs, ils ne sont pas de moi pour une simple raison, Sabra est un petit village qui ne dispose pas de banque depuis 1962», a-t-il argumente. Mais les autres réponses étaient toutes une sorte de remise en cause totale des accusations qui lui sont adressées par la justice. Les milliards dont jouit Abdelghani Hamel sont, selon lui, dus surtout à son travail et n'ont rien à voir avec des pratiques relevant de malversations ou d'enrichissement illicite, trafic d'influence et abus de fonction.

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