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FACE À LA GRAVE CRISE QUI SE PROFILE

Une recette pour dépasser le statu quo

La forte mobilisation populaire anti-régime implique de bien analyser les aspirations de la société, celle que l'on a vue dans la rue, composée de la majorité de la jeunesse et des femmes.

Les derniers évènements doivent être analysés avec lucidité et contrairement aux visions de sinistrose, la population algérienne a montré sa maturité politique voulant de profonds changements dans la gouvernance, contrairement aux partis tant du pouvoir que de l'opposition souvent déconnectés des réalités sociales.
Dans ce cadre, comment ne pas souligner la passivité de la majorité des organisations tant politiques que civiles pro-régime qui se targuait d'avoir des millions de voix pour le candidat-président. Comment ne pas souligner la passivité du gouvernement pour ne pas dire sa démission, certainement tétanisé, qui a été incapable d'aller vers la population pour entendre ses doléances, comme le font les dirigeants d'autres pays. Au moment où le monde traverse des bouleversements politiques, sociaux et économiques, où l'Algérie est interpellée par plus de 70% de sa population revendiquant de véritables réformes démocratiques, condition d'un développement harmonieux et durable, face à l'implacable mondialisation, nous devons rendre un grand hommage à notre jeunesse qui n'a pas connu le drame des années 1990-1999,impliquant un autre discours proche de ses préoccupations. Saluons sa maturité politique et les marches pacifiques sans violence, où les partis politiques toutes tendances confondues n'ont joué aucun rôle pour la mobilisation. Saluons nos forces de sécurité qui ont su gérer d'une manière moderne ces évènements qui doivent être médités profondément par les partis au pouvoir et leurs satellites - faiblement représentatifs, pour ne pas dire non-représentatifs - ainsi que par toute l'opposition, qui s'est trouvée hors circuit. Tout projet est forcément porté par des forces sociales d'où l'importance de la réorganisation du système partisan et de la société civile, afin de rapprocher l'Etat du citoyen et ce, tenant compte de notre anthropologie culturelle, conciliant la modernité avec notre authenticité. Mais la dynamisation du système partisan et de la société civile afin d'en faire un instrument efficace d'encadrement de forces vives et un levier puissant de leur mobilisation n'a de chance de réussir que si le mouvement qui le compose n'est pas au service d'ambitions personnelles inavouables et parfois douteuses.

Des élections meublant le vide
Différents scénarios sont possibles en fonction de l'état des rapports de force au niveau interne, tenant compte de l'évolution de la stratégie des acteurs au niveau interne-externe. Nous avons un système partisan déconnecté de la société. Selon certaines sources, le nombre de partis approche la soixantaine, souvent avec des alliances contre nature, alors que dans les pays démocratiques, ces alliances se font par affinité idéologique et sur un programme clair. Aussi, excepté une minorité, la majorité se manifeste par une présence formelle et ostentatoire lors des élections meublant le vide, impuissants presque toujours à agir sur le cours des choses et à formuler clairement les préoccupations et les aspirations de la société réelle. En raison des crises internes qui les secouent périodiquement, du discrédit qui frappe la majorité d'entre elles, de la défiance nourrie à leur égard et à l'endroit du militantisme partisan, les formations politiques actuelles ont, aujourd'hui, une faible capacité à accomplir un travail de mobilisation, d'encadrement efficient, à contribuer significativement à la socialisation politique et donc, à apporter une contribution efficace à l'oeuvre de redressement national. Le discrédit qui frappe les formations politiques, tant du pouvoir que de l'opposition, doit laisser la place à des formations crédibles, non créées artificiellement, sujettes donc à la possibilité d'une appréciation objective du statut et du rôle qui doivent être les leurs dans une société qui ambitionne de rejoindre le rang des sociétés démocratiques.
Nous avons également une société civile atomisée. Contrairement aux idées reçues et illusoires des années passées, dans un contexte de désintégration sociale et d'une jeunesse «parabolée», la majorité des confréries religieuses officielles ont de moins en moins d'impact: la preuve des appels récents des imams pour les marches, n'ont pas été entendus pouvant les discréditer à terme aux yeux de la population. C'est que la confusion qui prévaut actuellement dans le mouvement associatif national, rend malaisée l'élaboration d'une stratégie visant à sa prise en compte et à sa mobilisation. Sa diversité, les courants politico-idéologiques qui la traversent et sa relation complexe à la société et à l'État, ajoutent à cette confusion et rendent impérative, une réflexion urgente pour sa restructuration, son état actuel reflétant les grandes fractures survenues dans le système politique national.

La sphère informelle
Ainsi, la verra-t-on rapidement se scinder en quatre sociétés civiles fondamentalement différentes: trois au niveau de la sphère réelle et une, dominante, dans la sphère informelle. Le plus important segment de cette société civile, interlocuteur privilégié et souvent unique des pouvoirs publics, est constitué par des appendices du pouvoir, situés à la périphérie des partis du pouvoir et dont les responsables sont parfois députés, sénateurs, vivant en grande partie du transfert de la rente. Où sont les organisations, celles qui se targuaient de mobiliser des millions d'électeurs vivant dans des salons climatisés, déconnectées de la société face à ce mouvement de foules? Le deuxième segment est celui d'une société civile franchement ancrée dans la mouvance islamiste, avec là aussi des appendices de partis islamiques légaux. Le troisième segment est celui d'une société civile se réclamant de la mouvance démocratique. Faiblement structurée, en dépit du nombre relativement important des associations qui la composent, et minée par des contradictions en rapport, entre autres, avec la question du leadership. Pour ces trois premières sociétés civiles, leurs impacts pour le taux de participation aux dernières élections locales et législatives, malgré leur adhésion, ont été relativement faibles. Nous avons enfin une société civile informelle, inorganisée, totalement atomisée.

Réelle dynamisation de la société
Elle est de loin la plus active et la plus importante, celle que nous avons vue le 22 février, le 1er mars et le 8 mars 2019, avec des codifications précises formant un maillage dense. Sans l'intégration intelligente de cette sphère informelle - non par des mesures bureaucratiques autoritaires, mais par l'implication de la société elle-même -, il ne faut pas compter sur une réelle dynamisation de la société civile. Car lorsqu'un État veut imposer ses propres règles déconnectées par rapport aux pratiques sociales, la société enfante ses propres règles qui lui permettent de fonctionner avec ses propres organisations.
Nous avons quatre scénarios demandant non des solutions juridiques, mais des solutions politiques, pour l'Algérie après ces évènements que l'on ne doit pas prendre à la légère et comme rappelé précédemment, partis et organisations du pouvoir et ceux et l'opposition étant hors circuit. Or, partis politiques et sociétés civiles devront s'avérer d'autant plus capables à mobiliser la société que dans les années à venir, les réformes - longtemps différées pour garantir une paix sociale fictive, seront très douloureuses.
Premier scénario, non souhaitable d'aller vers l'état d'exception, sauf de très graves crises majeures, afin de préserver l'unité de l'ANP et des services de sécurité, La revue de l'ANP, Al Djeich, a clairement mentionné la symbiose entre l'ANP et son peuple, devant éviter les drames des années passées face aux inévitables tensions budgétaires et les enjeux géostratégiques 2019-2025-2030 au niveau de la région, l'Algérie étant, comme viennent de la rappeler plusieurs experts de l'Otan un acteur stratégique de stabilisation.

Dissoudre les assemblées élues
Le second scénario, est d'aller vers l'élection présidentielle. Au vu des désistements des candidats sérieux, et de l'atmosphère actuelle c'est un scénario à hauts risques, si les tensions perdurent, pour la stabilité du pays. Les décideurs devront analyser tous les impacts de cette option tout en privilégiant la sécurité nationale.
Le troisième scénario, est l'application de l'article 102 qui relève des prérogatives exclusives du Conseil constitutionnel. Cela donne pouvoir au président du Sénat d'aller vers l'élection. Au vu de la situation explosive actuelle, c'est un scénario qui pourrait provoquer une anarchie, dans la mesure où le temps est trop court, la rue n'ayant pas de représentants officiels, étant un mouvement spontané non organisé et même les partis d'opposition et du pouvoir demandent du temps pour s'organiser.
Le quatrième scénario, évitant le vide juridique, et devant être pragmatique, s'adapter étant un signe d'intelligence, où seul le président, selon la Constitution peut prendre des décisions majeures, est le report de l'élection d'environ une année avec une période de transition avec promesse de ne pas briguer un cinquième mandat, d'élection libre et transparente, le remplacement, de l'actuel gouvernement y compris le Premier ministre, avec un gouvernement non partisan de technocrates, évitant les mêmes figures largement décriées par la jeunesse que l'on voit depuis 2000, non crédibles et donc la mise sur table de toutes les revendications lors de la conférence nationale avec deux options. Il appartiendra à la rue de s'organiser en élisant ses représentants pour que ses revendications soient prises en charge. La première option de cette conférence est la totale transparence de l'élection, avec de véritables contre-pouvoirs, le remplacement de l'instance de surveillance des élections, laissant le soin au futur président de réviser la Constitution, de dissoudre éventuellement les assemblées élues et d'aborder les réformes économiques et politiques majeures, étant pilotées par un comité de sages non partisans, le président actuel étant le garant de cette transition qui ne se présenterait pas à l'élection. La deuxième option de cette conférence outre la totale transparence de l'élection, serait la révision de la Constitution incluant de profondes réformes économiques et politiques, toujours pilotées par un comité de sages non partisans, garant de cette transition d'une année.

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