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Affectés par la crise sanitaire, les commerçants en mode liquidation

Vendre à tout prix!

Beaucoup de commerçants ont besoin de liquidités, soit pour relancer leurs affaires ou sauver les meubles. Ils ont alors décidé de casser les prix. Mais malgré des promotions des plus alléchantes, ce n'est pas la ruée...

«Soldes ahbel (de fous, Ndlr), promotions, liquidations, prix choc, bonnes affaires...!». C'est la nouvelle «décoration» de la majorité des commerces, particulièrement ceux du prêt- à-porter. Un petit tour dans les artères commerçantes de la capitale nous permet de vite le constater. Ces écriteaux ornent désormais les devantures des magasins. Et vous ne pouvez pas les rater, car un rabatteur est là pour vous le faire «remarquer». «Adkhoul tisiyi berk khouya, souma tsibiha ghir andna(rentre mon frère juste pour essayer, tu ne trouveras pas ces prix ailleurs, ndlr)», est une des phrases que ces jeunes au verbiage facile nous sortent à chaque coin de rue. Pourtant, cette «méthode» de vente n'est pas très ancrée dans notre culture commerciale. Rares étaient ceux qui abordaient les clients à l'extérieur pour les inciter à rentrer à l'intérieur de leurs commerces. Certains considéraient cela même comme très «rabaissant»! Mais aujourd'hui, il semble que ce soit devenu la «norme» chez la majorité d'entre eux. Que s'est-il donc passé? Est-ce une nouvelle stratégie marketing ou il faut chercher la réponse ailleurs? Surtout que ce «rabattage», parfois très pesant, est accompagné de soldes qui durent depuis...5 mois! Nous sommes alors allés à la rencontre de ces commerçants pour mieux comprendre ce nouveau phénomène. Chacun d'eux explique ses motivations, mais tous ont le même but: se sauver de la banqueroute. «Le commerce ne va pas bien depuis 2014, mais on arrivait à s'en sortir jusqu'à 2019 où avec le Hirak les choses sont devenues plus difficiles, le coronavirus a fini par nous achever», souligne Aïssa, vendeur de vêtements pour femmes. L'air très abattu, il assure ne plus avoir les moyens de payer son loyer. «J'avais trois vendeurs, j'ai dû me séparer de deux. Je n'en ai gardé qu'un seul. Et même comme ça, j'ai du mal à m'en sortir», soutient-il avec beaucoup de désespoir.

Vite, du liquide...
Comme la majorité de ses collègues, tout son fonds de commerce est investi dans la marchandise. Mais avec la crise sanitaire et ses retombées sur l'économie, les commerces ont pris un sacré coup. «Mon chiffre d'affaires a été réduit de presque 80%. Il m'est arrivé de ne pas faire entrer un centime en caisse pendant presque une semaine», soutient pour sa part, Rabah, vendeur de chaussures pour femmes. Il est donc à la recherche de liquidité très rapidement. Surtout qu'en ce début d'année, c'est l'heure de payer les loyers pour ce commerçant qui avoue qu'il doit s'acquitter de 144 millions de centimes d'ici le mois de février. «Je paye 120 000 dinars par mois. D'habitude, ce sont 2 ans d'avance, cette fois, le propriétaire a accepté que ça ne soit qu'un an d'avance», révèle-t-il. Alors, il a besoin que l'argent rentre très vite dans les caisses! «Durant les années fastes, il m'arrivait de faire entrer mon loyer du mois en deux trois jours de travail. Pour dire à quel point les choses marchaient bien. Mais ça, c'était avant...», fait-il remarquer. «Actuellement, la seule solution est de solder et liquider au plus vite ma marchandise, même si cela se fait dans certains cas à perte», souligne-t-il pour expliquer cette grande opération de soldes qu'il mène depuis le début de la rentrée sociale. Néanmoins, Rabah s'estime chanceux par rapport à certains de ses collègues qui sont au bord de la faillite.

L'été noir de Mourad
C'est le cas de Mourad, vendeur de sacs, valises et produits cosmétiques. «La moitié de mon fonds de commerce est à la poubelle et l'autre prend la poussière dans les murs de ce magasin dont je n'ai plus les moyens de payer même pas les factures d'électricité», assure cette victime économique du Covid-19. Il indique que ces produits cosmétiques sont arrivés à expiration, durant la période du confinement, sans qu'il puisse les vendre. Les sacs et les valises ne se vendent plus à cause de la fermeture des frontières, mais également avec l'interdiction des mariages et autres fêtes. «D'habitude, c'est durant l'été que je fais mon meilleur chiffre d'affaires, qui me permet d'être tranquille le reste de l'année. Cette année, l'été a été...néant!», rapporte-t-il les larmes aux yeux. Mourad est en train de liquider sa marchandise pour se reconvertir dans une autre activité. «Mon loyer se termine bientôt, je liquiderai le maximum pour récupérer un peu d'argent. Ce qui va me rester je tenterai de l'écouler sur le Net», révèle-t-il non sans répliquer par une phrase terrible qui résume son désarroi. «Si quelqu'un vient prendre toute ma marchandise, je lui vends même à perte. Je ferme le lendemain, et «smahe» (j'abandonne les quelques mois qui restent) pour le loyer», soutient-il en priant Dieu de mettre fin à son calvaire.

Les mauvais calculs de Sabrina
Un cauchemar auquel Sabrina et son mari pensaient avoir trouvé le moyen d'en échapper. Possédant un magasin de vêtements hommes et femmes, juste après le coronavirus ils se sont reconvertis dans les articles pour enfant. «On a tout misé sur ça, avec comme ligne de mire la rentrée scolaire», raconte-t-elle. «Dans notre logique, même si les parents n'achètent rien pour eux, ils se sacrifient pour leurs enfants», ajoute-t-elle. Mais cela c'était sans compter sur le report de la rentrée qui est arrivée dans une nouvelle saison avec le début du froid et des pluies. «C'était foutu pour les vêtements d'automne. Mais on comptait encore sur les cartables et autres sacs à dos. On avait tout faux», se désole-t-elle avec un fou rire qui en dit long sur son état psychologique. Selon ses dires, avec l'année scolaire écourtée l'an dernier et les finances délicates des parents, beaucoup ont choisi de garder les mêmes cartables qui restent en bon état. «Nos cinquante cartables, ‘‘naklouhoum khdoura'' comme on le dit si bien dans notre jargon populaire», rétorque-t-elle avec le même désespoir que le reste de ses camarades commerçants. Elle fait alors comme tout le monde: liquidation, solde, promotion... «Enfin, tout ce qui est possible pour vendre rapidement et limiter les pertes au maximum», atteste-t-elle.
Une situation qui a fait que les prix, notamment ceux des vêtements, n'ont jamais été aussi alléchants. «J'ai réussi à acheter un pantalon, une chemise, un pull et des chaussures à 5000 dinars», affirme, Lamine, jeune étudiant content de ces bonnes affaires pour sa rentrée à la fac. Il assure que leur qualité est très bonne. «Ce sont d'excellents produits turcs. J'en suis très satisfaits», dit-il très heureux. Wassil, lui, a carrément renouvelé sa garde -robe. «J'ai commencé à travailler cette année et par chance, j'ai trouvé d'excellentes chemises à 500 dinars et des chinos à 1000 dinars. J'en ai pris une dizaine...», admet-il, très fier d'avoir fait de bonnes affaires. Il faut dire que les prix affichés sur les magasins ou qui nous «bombardent» tous les jours sur les réseaux sociaux, ont de quoi faire saliver plus d'un. Et ce n'est pas que les petits commerçants qui ont adopté ce mode «braderie». Même de grandes enseignes de prêt-à-porter, installées en Algérie, ont fait de même. À l'image de Max Fashion de Chéraga qui vend tous ses produits à moins de 2500 dinars. À la fin de l'été, il avait carrément fait du «tout à moins de 1250 dinars». Du jamais-vu! Des prix de plus en plus bas, malgré la dépréciation du dinar qui, en parallèle, entraîne la flambée de certains produits alimentaires. Mais malgré ces promotions des plus alléchantes, les clients restent encore rares! «On écoule difficilement notre marchandise. Ce n'est pas la ruée que l'on pouvait attendre.

Des chemises à 500 dinars!
Les années précédentes, il suffisait d'écrire le mot soldes pour être envahis par des clients en folie», témoigne la majorité des commerçants rencontrés durant ce reportage. Les citoyens confirment cette tendance. «Personne ne sait de quoi sera fait demain, si on aura toujours son emploi alors tous ceux qui ont encore la chance de travailler, essayent de limiter au maximum les dépenses», résume parfaitement bien la situation, un père de famille, qui craint des lendemains difficiles. Ce sont les dommages collatéraux du Covid-19...

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