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Saison exceptionnelle pour la pêche à Tigzirt

Thon rouge et espadon à gogo sur le littoral

La douce température et le soleil ne suffisent, hélas, pas à faire le bonheur des clients qui viennent ce matin au port…

Cette année, les pêcheurs n’ont pas à se plaindre. Leurs caisses sont remplies de thon rouge et d’espadon chaque matin, au retour du large, après une nuit de galère bien récompensée. En effet, la saison est exceptionnellement généreuse. Pour certains anciens pêcheurs, jamais une telle profusion de thon rouge et d’espadon n’a été constatée du côté de Tigzirt et d’Azeffoun. Après des années de vaches maigres, les pêcheurs sont en train de rééquilibrer leur balance commerciale grâce à cette abondance constatée depuis deux semaines. Pour vivre avec eux cette ambiance, nous nous sommes rendus au port de Tigzirt tôt dans la matinée.

L’ambiance est animée sur les quais
Nos amis, les pêcheurs, sont déjà de retour. Ils étaient partis de nuit. Pour la circonstance, ils partent au large avec le matériel bien renforcé parce que dit-on, les prises dépassent parfois les 250 kilos pour une pièce de thon rouge. Souvent, pour prendre une bête aussi forte, ils passent la nuit en groupe pour se battre avec le thon pris au filet. « Le remonter sur l’embarcation, c’est déjà une galère » raconte un jeune pêcheur en train de découper sa prise sur l’étalage. Après, la galère d’un long combat, nous parvenons souvent à pêcher des thons rouges pesant de 120 à 230 kg. Récemment, nous avons réussi la prise d’une pièce exceptionnelle de 260 kg » témoigne un pêcheur qui venait de mettre pied à terre après une nuit fatigante.
Mais, il n’est pas question de céder à la fatigue. Il reste encore du boulot à faire. Et c’est aussi difficile que celui de la nuit. Avant de rejoindre son étalage où il devra découper les pièces avant de les vendre sur place et en abonnement chez les restaurants, Samir accepte de répondre à nos questions. « La pièce de thon rouge, varie entre 90 et 230 kg, mais pour l’espadon, elle est en moyenne de 20 à 80 kg. Cette année, l’abondance est vraiment exceptionnelle. Cela nous permet de renflouer nos caisses d’argent et de payer nos dettes. »

Un travail de boucher sur le quai dès l’aube
Les pêcheurs reviennent de leur sortie à l’aube. Des files de camions appartenant aux poissonniers et les restaurateurs sont déjà formées sur la route adjacente au port. Très rapidement, ils doivent découper les pièces pour les charger. Les grosses pièces de cette année, nécessitent parfois un travail de groupe. S’entraidant, les pêcheurs parviennent ainsi à retourner les thons dépassant souvent les deux quintaux, nous explique un pêcheur. Le vidage des grosses pièces nécessite déjà une grande maîtrise de la technique. Son poids hors de l’eau quintuple. Souvent, il faut un groupe de pêcheur et de poissonniers pour retourner le poisson.
Après ce travail de titan qui doit se faire rapidement, les pêcheurs doivent peser les pièces bien nettoyées. Un travail musclé les attend aussi en cette étape. Il leur faudra remonter les pièces qui dépassent souvent les deux quintaux sur les camions frigorifiques. Les clients surveillent le travail munis de leurs carnets de notes. « Il ne faut pas laisser le doute sur le poids. C’est mauvais pour la réputation », nous fait savoir un pêcheur. Chose confirmée par un acheteur qui a les yeux rivés sur la balance. Enfin, c’est le temps d’aller à la douche.

Au paradis des pêcheurs…
La douce température et le soleil de ce début de mois de juin ne suffisent hélas, pas pour faire le bonheur des clients qui viennent ce matin au port.
« Abondance ou pas, le prix ne semble pas suivre. Notre pays est un pays de miracle qui défie les lois de la nature et de l’économie. Je croyais que les prix devaient baisser. Le thon rouge à gogo et l’espadon aussi. Mais je constate que les tarifs sont similaires à ceux pratiqués l’année passée », dit avec amertume un habitué du poisson frais du port de Tigzirt. Les pêcheurs annoncent les prix à la criée. Sur le port, le thon rouge se vend à 1200 DA le kilo. L’espadon est lui hors de portée pour les bourses moyennes. Il coûte 2500 DA et le prix va augmenter, nous annonce un pêcheur que nous avons suivi au pas pour soutirer quelques détails sur les règles qui ont prévalu pour fixer les prix. Il ne nous en dira pas plus.
« Il n’y a pas de miracle. Comme ailleurs, les prix suivent l’offre et la demande. Se suffira-t-il de dire, mais nous ne voyons pas cette loi sur le terrain. Jamais le port de Tigzirt n’a réceptionné autant de thon rouge et d’espadon. La saison est exceptionnelle. Ce qui ne semble pas amener les prix au bas. « 2500da le kilo, ce n’est pas beaucoup au vu de l’effort consenti et les risques pris », explique un autre jeune pêcheur qui précise que les pêcheurs sont criblés de dettes et de difficultés. La saison ne va pas nous enrichir. « Elle peut juste nous permettre d’alléger nos bourses des dettes cumulées depuis des années. »
Soudain, sans nous en apercevoir, le bruit s’estompe et le port se vide de ses occupants et des camions stationnés en files. Il est presque 10 heures. Le travail est terminé. Les pêcheurs sont partis se reposer quelques heures. Le départ pour le large est à 14h. Une autre nuit de galère les attend en pleine mer. C’est toujours un bonheur d’aller en mer tant que le thon rouge est encore là, nous dit un dernier pêcheur qui rejoint sa loge. Mais, pour nous, le constat est fait, le bonheur des pêcheurs ne fait pas forcément celui des consommateurs. Une bouchée de viande de thon à 1000 DA, ce n’est pas du tout un bonheur. Malgré tout, bon vent les amis !

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