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CAN 2019

L’ivresse du triomphe

A ce stade de la compétition, le Onze national est devenu l’incarnation de l’état algérien. Il reflète l’image symbolique de la nation. Lourde charge sur les frêles «épaules» des Fennecs.

Ce soir, l’Algérie disputera au stade international du Caire (20h00, heure algérienne), la demi-finale de la CAN-2019 en Egypte contre le Nigeria. À l’heure du match, des millions d’Algériens seront rivés devant leurs téléviseurs pour suivre cette rencontre décisive. Des écrans géants ont été prévus dans plusieurs espaces publics et même au stade du 5-Juillet où se rassembleront des milliers de familles pour vivre cette fête qui s’annonce grandiose. Au fur et à mesure que l’on se rapproche de ce rendez-vous, l’ambiance s’accentue. Fanions et drapeaux déployés, c’est déjà le spectacle dans les rues des grandes villes algériennes. Mais il y a plus que le spectacle. Derrière cette guerre des crampons sur le terrain de football, se profilent d’autres guerres, celles qui haranguent les foules, braquent les regards et font réveiller les émotions collectives jusqu’au délire.
Redoutable arme de propagande, le football est un baromètre fait d’un mercure, spécial. Il ne se dilate pas sous l’effet de la chaleur, mais vibre avec les aspirations patriotiques et avec les relations internationales et les rivalités entre pays. Peut-on demeurer insensible en voyant le drapeau national flotter dans le ciel du Caire ? Quel Algérien résistera à cette charge émotionnelle au moment d’entonner l’hymne national au pays des pharaons?
Certes, on est loin de la hargne qui a accompagné le match barrage de 2009, à Omdurman, contre les pharaons d’Egypte, mais les Algériens attendent ce match avec la même ferveur, la même exaltation collective. Surtout que cette coupe d’Afrique intervient sous un climat de bouillonnement politique et de ferveur amplifiée par le Mouvement populaire demandant le départ du régime. Il n’y a qu’à entendre les chants des supporters des Fennecs pour comprendre combien cet événement sportif est révélateur de l’état de la société algérienne. Aux traditionnelles rixes entre bandes rivales, les Algériens se distinguent par la créativité, le génie sur les réseaux sociaux et l’humour sarcastique envers le régime. A ce stade de la compétition, le Onze national est devenu l’incarnation de l’Etat algérien. Il reflète l’image symbolique de la nation. Lourde charge sur les frêles épaules des Fennecs. Une tâche qu’ils doivent assumer, car désormais, les états se définissent comme étant un territoire, des populations, des langues, une armée et... une équipe de football qui, de préférence, gagne des coupes. Plus puissante que toutes les autres, cette idéologie fait un consensus mondial par ses règles. Le football transgresse les diversités culturelles, politiques et idéologiques. Mieux, c’est une vitrine pour les nations qui veulent faire connaître leurs particularités.
Le style de jeu et de vie. Il est la preuve vivante d’une réussite, non seulement individuelle, mais aussi collective. Vu cette conjoncture nationale, la rencontre de ce soir déborde de son aspect strictement sportif. Elle comporte un enjeu multidimensionnel.
L’Algérie, qui mène une révolution pacifique qui émerveille le monde, a besoin de cette victoire.
Elle a besoin de confirmer la justesse de ses aspirations démocratiques et conforter sa place sur la scène internationale sportive et aussi politique. Elle a besoin de voir son équipe sacrée championne d’Afrique. Elle a besoin de redorer son blason par le cuir du foot.

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