Contre le «congrès de la honte» à Bahreïn
Des milliers de manifestants au Maroc
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté, hier, à Rabat pour protester contre la conférence de Bahreïn, coorganisée par les Etats-Unis et qui doit se pencher sur le volet économique du plan américain pour le Proche-Orient -en l’absence des Palestiniens. La «Marche du peuple marocain contre le congrès de la honte» était organisée à l’appel de l’Association marocaine de soutien au peuple palestinien (gauche panarabe) avec des appuis divers, allant du puissant mouvement islamiste Al adl wal Ihsane au parti islamiste Justice et développement (PJD)—qui dirige la coalition gouvernementale—, en papassant par la Fédération de la gauche démocratique (FGD) et l’Istiqlal (centre-droit). «Mort à Israël», «Mort aux Etats-Unis», ont crié des manifestants, qui ont brûlé un drapeau israélien à proximité du Parlement. D’autres slogans visaient les «régimes arabes traîtres», décrits comme «des alliés du sionisme», tandis que des banderoles affirmaient: «Le peuple marocain refuse toute participation au congrès de Bahreïn.» Ce refus d’une «participation du Maroc», «à quelque niveau que ce soit», figure dans la déclaration finale des organisateurs. Un sit-in est prévu demain à Casablanca, jour d’ouverture de la conférence de Manama. Pour Mohamed Zouitene, un député du PJD, la réunion de Bahreïn «viole les droits du peuple palestinien» -droit de retour des réfugiés et droit de bâtir son Etat avec El Qods-Est comme capitale. Abderrahim, 25 ans estime lui que «si le Maroc participe à la conférence de Bahreïn», cela «ne représentera pas le peuple marocain». La Maison-Blanche a indiqué la semaine dernière que le Maroc serait présent à la conférence prévue mardi et mercredi. Mais, jusque-là, le royaume n’a ni confirmé ni infirmé. Le volet économique du plan américain, divulgué samedi par Washington, prévoit de lever plus de 50 milliards de dollars pour les Palestiniens au cours de la prochaine décennie et de transformer leur économie en créant plus d’un million d’emplois. L’Autorité palestinienne boycotte la conférence en estimant que l’administration Trump, qui affiche son plein soutien à Israël, cherche à acheter les Palestiniens et à les priver d’un Etat indépendant. Du côté des pays arabes, l’Arabie saoudite, grande alliée des Etats-Unis, prévoit d’envoyer son ministre de l’Economie tandis que les Emirats, également proches de Washington, y dépêcheront une délégation. L’Egypte et la Jordanie, seuls pays arabes à avoir signé un accord de paix avec Israël, enverront leur ministre des Finances. En préparation du rendez-vous, le gendre du président américain, Jared Kushner s’est déplacé fin mai au Maroc, en Jordanie et en Israël. Cette visite a été l’occasion pour Rabat de répéter ses positions -pas de solution sans la reconnaissance de deux Etats ayant l’un et l’autre Jérusalem comme capitale, selon le ministère marocain des Affaires étrangères. Mais on attend de voir quelle sera l’attitude du gouvernement marocain dont Washington et Israël affirment qu’il sera présent à Bahreïn pour la grande escroquerie du siècle.