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Mali

La contestation maintient l'exigence de démission du président

Dans un climat d'exaspération nourrie par l'instabilité sécuritaire, le marasme économique et une corruption endémique, la troisième grande manifestation à l'appel du M5 a dégénéré, confirmant l'inquiétude devant la montée des colères depuis les législatives contestées de mars-avril.

Le mouvement qui mène la contestation contre le pouvoir au Mali a persisté vendredi à réclamer la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta, en pleine mission africaine de médiation pour éviter une nouvelle effusion de sang.
L'ancien président nigérian Goodluck Jonathan et la délégation arrivée avec lui mer-credi, au nom de la Communauté des Etats ouest-africains (Cédéao), ont continué à enchaîner les rencontres avec les acteurs de la crise, dont le président Ibrahim Boubacar Keïta et l'imam Mahmoud Dicko, sorte d'autorité supérieure de la contestation. Dans la soirée est programmée une réunion aux lourds enjeux avec le Mouvement dit du 5-Juin (M5), l'alliance qui défie le pouvoir dans la rue. Le M5 a maintenu dans l'après-midi des revendications radicales sans qu'apparaisse clairement s'il irait jusqu'au bout.
L'imam Dicko, derrière lequel s'est agrégé le collectif mais qui n'en fait pas officiellement partie, passe pour ne pas en soutenir toutes les exigences, à commencer par la démission du président, qui serait aussi une «ligne rouge» aux yeux de la Cédéao. L'imam, figure nationale à la croisée du religieux et du politique, pourfendeur de la corruption et chantre d'un Mali «refondé» sur ses valeurs religieuses et sociales, s'est entretenu séparément avec la mission de la Cédéao dans un hôtel de luxe. «On s'est vraiment parlé en frères et en Africains et j'ai espoir que, Inch'Allah (si Dieu le veut), quelque chose va sortir de cela, qui va redonner au Mali sa grandeur», a dit l'imam, qui passe pour avoir fédéré des oppositions anciennes, dont bon nombre d'acteurs ont activement participé au système qu'elles dénoncent. Les leaders du M5, alliance hétérogène de chefs religieux et de personnalités du monde politique et de la société civile, a usé d'un ton moins conciliant. Une «note sur la sortie de crise» lue devant la presse n'exige pas, mais «sollicite l'accompagnement de la communauté internationale» pour obtenir la démission du président, tenu pour responsable de tous les maux du Mali, dont l'effusion de sang de la semaine passée. Autres revendications: la dissolution du Parlement et l'ouverture d'enquêtes pour identifier et juger les responsables de ces morts. Bamako, préservée en temps normal des violences jihadistes et intercommunautaires qui endeuillent le Nord et le centre du pays, a connu la semaine passée ses pires troubles civils depuis 2012.
Dans un climat d'exaspération nourrie depuis des années par l'instabilité sécuritaire, le marasme économique ou encore une corruption jugée endémique, la troisième grande manifestation à l'appel du M5 a dégénéré, confirmant l'inquiétude devant la montée des colères depuis les législatives contestées de mars-avril. La foule a attaqué le Parlement et la télévision nationale, des rues se sont dressées de barricades et différents quartiers ont été le théâtre de saccages et d'affrontements entre lanceurs de pierres et forces de sécurité tirant à balles réelles. La confrontation a fait 11 morts selon le Premier ministre Boubou Cissé. Une division de la mission de l'ONU dans le pays (Minusma) parle de 14 manifestants tués, dont une femme et deux garçons. Le M5 va jusqu'à évoquer 23 morts. Les autorités ont été critiquées de toutes parts pour un usage excessif de la force. «Malheureusement, il y a eu des dérapages, c'est très regrettable ce qui s'est passé et nous nous en excusons. Evidemment, une enquête judiciaire sera ouverte», a dit le Premier ministre à la chaîne France 24. «Toute la lumière sera faite» et les «sanctions nécessaires» seront prises, a-t-il promis. Le Mouvement du 5-Juin, qui canalise des mécontentements multiples et profonds a décrété la «désobéissance civile» et a repoussé jusqu'alors les tentatives d'ouverture du président. Il avait initialement annoncé un nouveau rassemblement à hauts risques vendredi. Avec l'arrivée de la mission de la Cédéao, il a opté pour une journée de recueillement à la mémoire des morts de la contestation dans les mosquées du pays. La communauté internationale s'inquiète de cette escalade à l'issue imprévisible, dans une région elle-même tourmentée.
Deux leaders du M5 ont reconnu que, pour la Cédéao, l'exigence de démission du président était une «ligne rouge». «Nous avons dit à la Cédéao que nous ne souhaiterions pas que le peuple malien, à l'issue de tout ce processus, ait le sentiment que la Cédéao a pour seul objectif de maintenir un président au pouvoir contre son peuple, la Cédéao ne doit pas être un instrument de protection des chefs d'Etat», a dit Choguel Maïga. «Pour le reste nous sommes ouverts», a-t-il ajouté.
Le M5 offre une «transition républicaine» et l'élaboration d'une charte à cette fin.

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