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La France vote une loi sanctionnant l’antisionisme

La dernière croisade du Crif

Le projet de loi sanctionnant l’antisionisme, au même titre que l’antisémitisme, a été adopté le
3 décembre dernier par 154 députés sur les 577 que compte l’Assemblée nationale française. Peu avant l’examen du texte soumis par Sylvain Maillard et porté par le Conseil représentatif des institutions juives de France ( Crif ), l’hémicycle était plein de députés mais au moment de l’examen de cette résolution, il aura fallu le concours des élus républicains pour pallier la défaillance de ceux du groupe La République en Marche, très divisés sur la question. Car le sujet n’était pas fait pour enthousiasmer le plus grand nombre, l’épée de Damoclès brandie au-dessus de la tête des Françaises et des Français leur interdisant, dorénavant, d’exprimer leur désaveu ou leur rejet de la politique de Benjamin Netanyahu et, plus encore, d’oser critiquer les exactions sionistes à l’encontre des Palestiniens de Ghaza et de Cisjordanie.
L’objectif du Crif était évident et la manœuvre aura abouti, malgré quelques correctifs qui enragent le président du Consistoire, Francis Kalifat, ardent artisan du projet, au point de traiter de lâches tous ceux qui cachaient leur enthousiasme, y compris le président de la République et celui de l’Assemblée nationale française. Il n’aura pas été le seul, car un autre député, Meyer Habib, en a fait autant, vis-à-vis de ses collègues de différents groupes.
Cette croisade du Crif a été légitimée par le président Emmanuel Macron qui, le 16 juillet 2017, lors de la commémoration de la rafle du Vel d’Hiv à laquelle il avait invité, pour la première fois, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, avait glissé sa petite phrase: « nous ne céderons rien à l’antisionisme car c’est la forme réinventée de l’antisémitisme. » Promesse qui ne tomba pas dans l’oreille d’un sourd puisque la loi existe aujourd’hui qui fait d’une opinion un délit, de sorte qu’on se demande pourquoi les colonialistes ne réclameraient pas, à leur tour, la criminalisation de l’anticolonialisme, les racistes celle de l’antiracisme, et les religieux celle de l’anticléricalisme !
Les conséquences de cette loi qui pénalise le délit d’opinion vont être très graves, y compris pour les médias, et Emmanuel Macron en portera l’entière responsabilité, lui qui ne peut ignorer que de très nombreux juifs sont foncièrement antisionistes et que plus
nombreux encore sont ceux qui résistent aux sirènes des lobbies de Netanyahu. De fait, sept décennies après la création de «leur» État, 6 millions de juifs vivent en Israël et dans les colonies qui métastasent les territoires palestiniens, mais 10 millions demeurent attachés à leur pays d’origine ou d’adoption. Et ce sont entre 600 000 et un million de citoyens juifs israéliens qui ont choisi de s’installer ailleurs qu’en Israël ! Selon cette loi liberticide, ces juifs sont donc des antisémites parce qu’ils tournent le dos à l’idéologie sioniste ?
Peu avant le vote, un collectif de 127 intellectuels juifs, des ONG et des députés français ont appelé l’Assemblée nationale à s’opposer à ce projet de loi. «Nous, universitaires et intellectuels juifs, d’Israël et d’ailleurs, dont beaucoup de spécialistes de l’antisémitisme et de l’histoire du judaïsme et de l’Holocauste, élevons notre voix contre cette proposition de résolution», a écrit ce collectif dans une tribune au journal Le Monde.
La loi adoptée tente de reprendre la définition de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), déjà validée par plusieurs pays et soutenue par Emmanuel Macron en février dernier, devant le Crif. «Pour les nombreux juifs antisionistes, cet amalgame est profondément injurieux», affirme le collectif qui compte parmi ses signataires plusieurs professeurs en poste à Paris, Oxford (Angleterre), Princeton (États-Unis), Camberra ( Australie ), El Qods Ouest, etc. «Pour les Palestiniens, le sionisme représente la dépossession, le déplacement, l’occupation et les inégalités structurelles.(…) Ils s’opposent au sionisme, non par haine des juifs, mais parce qu’ils vivent le sionisme comme un mouvement politique oppressif»…
En 2018, un sondage de l’Institut français d’opinion publique (IFOP) révélait que 57 % des Français ont « une mauvaise image d’Israël » et 69% « une mauvaise image du sionisme ». N’est-ce pas là, désormais, un délit d’opinion ? Que fait donc le gouvernement et qu’attend Emmanuel Macron pour punir ces antisionistes primaires ? L’institut soulignait que l’électorat du Parti communiste, de la France insoumise et de l’extrême gauche française est, en même temps, le plus critique à l’égard de la politique israélienne et le plus réfractaire à toute forme d’antisémitisme. Décidément, quelque chose ne tourne pas rond dans la patrie des droits de l’homme où les libertés sont de plus en plus assiégées par la puissance de certains lobbies.

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