{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

Dans Ghaza sous blocus israélien depuis dix ans

La menace est double

Ghaza ne dispose pour le moment que de 60 lits en soins intensifs et est confrontée à une pénurie de personnel, s'alarme Gerald Rockenschaub, qui dirige le bureau de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans les Territoires palestiniens.

«Cher monde, comment se passe le confinement?! Signé: Ghaza.» Les mesures d'isolement imposées dans nombre de pays pour freiner la propagation du nouveau coronavirus suscitent l'ironie d'internautes de l'enclave palestinienne, sous blocus israélien depuis plus d'une décennie. Quasiment complètement coupée du monde, l'étroite bande de terre coincée entre Israël, l'Egypte et la mer Méditerranée n'a recensé aucun cas de nouveau coronavirus pour le moment.
«Les gens voient maintenant Ghaza comme l'endroit le plus sûr au monde, ‘‘lol''», écrit un internaute. Un autre souhaite à «tous les gens en quarantaine la bienvenue dans (sa) vie». Au-delà de ce statut d'ordinaire peu enviable pour les deux millions de Ghazaouis, une apparition du nouveau coronavirus serait particulièrement difficile à gérer dans l'enclave appauvrie et surpeuplée, où le système de soins est défaillant, s'alarment des experts. En prévention, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) à Ghaza, qui gère les écoles de plus de 250.000 élèves, a déjà instauré des mesures dites de distanciation sociale. «Le blocus pourrait certes aider à contenir le coronavirus mais, s'il se déclare, la situation sera comparable à celle du bateau de croisière au large du Japon», indique un responsable de l'Unrwa, Matthias Schmale. Une référence au «Diamond Princess», à bord duquel le virus s'est rapidement propagé début février, contaminant plus de 700 personnes sur les 3.700 passagers. «C'est illusoire de penser qu'on peut gérer une telle situation dans un espace clos comme celui-ci», affirme-t-il.
Dans sa petite cuisine à Ghaza, Mariam al-Khatib, 80 ans, empile boîtes de conserve et produits de nettoyage. «Je n'ai rien connu de tel de ma vie, tout le monde a peur», affirme-t-elle. «Si le coronavirus arrive à Ghaza, beaucoup de personnes mourront.» «C'est pire qu'une guerre», ajoute cette femme qui en a connu plusieurs, notamment entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas qui contrôle l'enclave depuis 2007. L'Etat hébreu a imposé le blocus depuis cette date et argue qu'il est nécessaire pour contenir le Hamas.
L'ONU et de nombreuses ONG affirment qu'il s'agit d' une punition collective. Du côté égyptien, et après des années de fermeture quasi permanente, les autorités laissent depuis mai 2018 régulièrement ouvert le poste-frontière de Rafah, la seule ouverture sur le monde des Ghazaouis qui ne soit pas aux mains d'Israël. Selon des données de l'ONU, 61.000 personnes sont sorties de Ghaza via Rafah en 2018, souvent pour gagner Le Caire via la péninsule du Sinaï en proie à une insurrection islamiste.
Les Ghazaouis se sont toutefois préparés au nouveau coronavirus, après que 529 cas ont été enregistrés en Israël, de l'autre côté de la frontière, et 47 en Cisjordanie territoire palestinien occupé par Israël mais séparé de Ghaza.
Les écoles de Ghaza sont fermées et plus de 2.700 personnes sont déjà confinées chez elles, la plupart après leur retour d'Egypte touchée par le virus. Et dans le sud de la bande de Ghaza, près de la frontière avec l'Egypte, le Hamas construit 1.000 chambres d'isolement. Mais l'enclave ne dispose pour le moment que de 60 lits en soins intensifs et est confrontée à une pénurie de personnel, s'alarme Gerald Rockenschaub, qui dirige le bureau de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans les Territoires palestiniens. «Le système de santé a dépéri en raison du blocus. Cela se traduit par une pénurie d'électricité, de médicaments de base et de main-d'oeuvre», explique-t-il. Et «Plus de 90% de l'eau potable est impropre à la consommation humaine.»
L'OMS prévient: «Si l'épidémie en vient à nécessiter plus de 60 lits en soins intensifs, la situation deviendra très difficile et pourrait bien se transformer en un gigantesque désastre».

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré

Les + Populaires

(*) Période 7 derniers jours