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Election à Chypre-Nord

Le dirigeant sortant favori face au candidat d’Ankara

Les habitants de l'autoproclamée République turque de Chypre-Nord (RTCN), reconnue uniquement par la Turquie, élisaient dimanche leur dirigeant, un second tour à l'ombre des tensions en Méditerranée orientale pour lequel le «président» sortant, Mustafa Akinci, partait favori face au protégé d'Ankara, Ersin Tatar. M. Akinci, en froid avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, est arrivé deuxième au premier tour avec près de 30% des voix, derrière le nationaliste Ersin Tatar (32%). Mais il devrait, sauf surprise, l'emporter face au «Premier ministre» sortant grâce au soutien du candidat arrivé troisième dimanche dernier. Les 738 bureaux de vote ont ouvert à 08h00 et fermé à 18h00. Quelque 199.000 personnes sont appelées à voter sur plus de 300 000 habitants. A 13h00 locales, la participation s'élevait à 30,17%. L'élection survient dans un contexte de vives tensions autour de l'exploitation d'hydrocarbures en Méditerranée orientale entre Ankara et Athènes, principale alliée de la République de Chypre -membbre de l'Union européenne depuis 2004- qui exerce son autoorité sur les deux tiers sud de l'île.
Après des forages réalisés au large de Chypre-Nord, le renvoi cette semaine d'un navire d'exploration turc dans des eaux revendiquées par la Grèce a réveillé la discorde et entraîné une condamnation par les dirigeants de l'UE des «provocations» de la Turquie.
Social-démocrate de 72 ans, M. Akinci défend la réunification de Chypre sous la forme d'un Etat fédéral et n'a jamais caché son intention de desserrer les liens avec Ankara. M. Tatar, 60 ans, défend lui une solution à deux Etats. Après avoir voté, M. Akinci a dit espérer que les Chypriotes-turcs se souviendront de cette élection «comme d'une célébration de la volonté du peuple» tandis que son rival a souligné l'importance d'entretenir de bonnes relations avec la Turquie.
Considérant la RTCN comme une pièce majeure dans sa stratégie pour défendre ses intérêts en Méditerranée orientale, Ankara suit attentivement l'élection et a multiplié les coups de pouce à M. Tatar.
L'inauguration en grande pompe d'un aqueduc sous-marin entre Chypre-Nord et la Turquie et la réouverture partielle d'une ancienne station balnéaire renommée, abandonnée et bouclée par l'armée turque après la partition de l'île, ont suscité des accusations d'ingérence de la Turquie et irrité de nombreux Chypriotes-turcs, M. Akinci en tête. «Les Chypriotes-turcs ne sont pas contents d'être considérés comme dépendant d'un autre», estime Umut Bozkurt, politologue à l'Université de la Méditerranée orientale, à Chypre-Nord. Mais afficher une ligne indépendante d'Ankara est difficile tant la RTCN est sous emprise économique turque depuis sa création en 1983.
La crise économique, amplifiée par la pandémie de Covid-19, n'a rien arrangé: c'est Ankara qui a fait construire un hôpital (100 lits) en RTCN pour y faire face. Chypre a obtenu son indépendance du Royaume-Uni en 1960, mais les troupes turques ont envahi le nord de l'île en 1974 en réaction à un coup d'Etat visant à rattacher l'île à la Grèce.
Avec son élection en 2015, M. Akinci avait ravivé l'espoir d'un accord de paix, mais les dernières négociations officielles ont échoué en 2017. «Nous ne pouvons rien faire sans la Turquie, l'histoire a montré que les Chypriotes-grecs n'accepteront jamais que nous soyons égaux dans la République», s'insurge Dilek Ertug, agente immobilière de 60 ans. Samedi, des Chypriotes-grecs se sont rassemblés près de la zone tampon pour réclamer le retour des territoires du nord, affirmant que Chypre était «grecque».

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