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De plus en plus utilisé dans l’agriculture

Le nitrate d’ammonium, un engrais sous haute surveillance

Le stockage du nitrate d'ammonium, à l'origine de l'explosion dans le port de Beyrouth mardi, a fait l'objet de surveillances renforcées ces dernières années pour éviter les catastrophes rares mais dévastatrices que ce produit très courant a provoquées depuis son industrialisation il y a un siècle. Le nitrate d'ammonium est produit en masse: plus de vingt millions de tonnes par an pour les seuls engrais, selon la FAO, soit l'équivalent chaque jour de vingt fois la quantité (2.700 tonnes) qui a explosé à Beyrouth. Les stockages de plusieurs centaines et même de milliers de tonnes sont donc fréquents à travers le monde, et un seul exploitant agricole peut en utiliser plusieurs tonnes par an, selon des experts. Selon le cabinet spécialisé IHS, l'agriculture - riche en azote, le produit favorise la croissance des plantes - représente environ les trois quarts de la consommation mondiale et le reste pour les explosifs, notamment dans le secteur minier et des travaux publics, avec une concentration plus élevée et donc plus dangereuse. Le produit se trouve à l'état naturel à la surface du globe, notamment au Chili. Mais depuis l'invention de procédés industriels de synthèse au début du XXe siècle, il est quasi exclusivement produit dans des usines, en faisant réagir de l'acide nitrique et de l'ammoniac. S'ils restent rares - quelques dizaines depuis un siècle - les accidents impliquant le nitrate d'ammonium ont des bilans effroyables.
Un des premiers d'entre eux, à l'usine BASF à Oppau en Allemagne, avait fait 561 morts en 1921. En 1947, à Texas City, l'explosion de deux navires à quai transportant 3.500 tonnes avaient tué 581 personnes. Sites de production, entrepôts comme transports ont tous subi des accidents, selon un mémo de la Commission européenne sur le sujet. «Même des petits stockages de nitrates d'ammonium, parfois d'à peine dix tonnes selon certaines législations, peuvent entraîner un risque élevé pour les populations si les mesures de sécurité ne sont pas parfaitement en place», relève l'UE. Les industriels (le norvégien Yara, le russe Eurochem et Uralchem, l'américain CF Industries, le chilien Enaex...) soulignent eux que le risque est minime quand les consignes de sécurité sont respectées, et qu'une température élevée - d'un peu moins de 200 degrés - est nécessaire pour le brûler. «Insensible aux chocs et aux frottements, le nitrate d'ammonium est un explosif médiocre sauf s'il est mélangé à des combustibles comme des hydrocarbures, ou s'il est fondu et confiné lors, par exemple, d'un incendie violent», résume la Société chimique de France.
Selon la FAO, la Russie est de très loin le premier producteur mondial, devant l'Egypte notamment. Le gros de la consommation agricole - plus de 70% -concerne l'Europe et l'ex-URSS. «Il y a une pression constante à travers le monde pour réguler l'usage et le commerce du nitrate d'ammonium du fait de son usage détourné à des fins terroristes ou du risque de détonation accidentelle. Plusieurs pays ont banni sa vente comme engrais, comme l'Afghanistan, la Chine, la Colombie, les Philippines et la Turquie», selon IHS.
En Europe, les stockages sont encadrés par la directive Seveso 3, qui a été renforcée à la suite de l'accident de l'usine AZF à Toulouse en France en 2001. Les mesures sont de plus en plus strictes en fonction de la quantité entreposée, mais «il n'y a pas de limites maximales» aux quantités stockées, selon Lukasz Pasterski, porte-parole de l'organisation du secteur Fertilizers Europe. A partir de 350 tonnes, un stockage est classé «Seveso bas» et au-delà de 2.500 tonnes, «Seveso haut», dont on trouve par exemple seize en France, a expliqué le ministère français de l'Ecologie. Ilots de taille réduite et séparés, distanciation des sources de chaleur, détecteurs de fumée et nettoyages et surveillances régulières sont ainsi imposés, selon le ministère.
La Chine a pris des mesures après le grave accident de Tianjin en 2015, où le nitrate d'ammonium était également impliqué. Une inspection nationale a été annoncée, mercredi, après l'explosion de Beyrouth. Produit banal et peu coûteux, le nitrate d'ammonium a souvent été utilisé dans les attentats et s'avère un casse-tête pour les autorités antiterroristes.

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