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«Ils sont venus pour tuer tout le monde»

Le récit macabre d'un massacre au Niger

Au moins 105 civils ont été tués le 2 janvier à Tchouma Bangou et Zaroumadareye dans l'ouest du Niger, une région en proie à des attaques islamistes récurrentes mais jamais d'une telle ampleur. Encore sous le choc, des habitants réfugiés à Ouallam, capitale du département dont dépendent les deux villages, racontent l'horrible journée. Zaroumadareye est dans une région où le groupe Etat islamique au Grand Sahara (EIGS, affilié à l'EI) est très présent, dans la zone dite des «trois frontières» entre Mali, Burkina Faso et Niger. Dans cette immense région rurale, zone de pastoralisme, les communautés habitent à cheval entre un pays et l'autre, loin de l'autorité de l'Etat central, souvent absent.
Il est 9h00 du matin quand Nouhou Issoufou et d'autres habitants de Zaroumadareye, entendent des bruits de moteurs au loin. «On est sortis, on a vu les motos, il y en avait beaucoup», explique le jeune homme. «Dès qu'ils sont arrivés, ils ont tiré sur nous».C'est le sauve-qui-peut à Zaroumadareye: les rafales fusent, les habitants courent.
Contre des civils ou des camps militaires au Burkina Faso, au Niger ou au Mali, l'immense majorité des attaques jihadistes au Sahel sont faites en un éclair. Souvent, les motos sont montées par deux combattants. Elles permettent aux groupes jihadistes de se regrouper très peu de temps avant des attaques et de se disperser aussi vite qu'ils se sont retrouvés, chacun dans des directions différentes. La circulation de motos est d'ailleurs interdite, depuis plusieurs mois dans le secteur pour tenter d'enrayer cette stratégie.Trente-trois personnes ont été tuées samedi à Zaroumadareye.
Neuf kilomètres plus loin, la mort s'est aussi invitée au village de Tchouma Bangou. Les deux villages sont habités majoritairement de Djermas, une ethnie sédentaire d'agriculteurs. Dans une région où les tensions communautaires sont fortes, notamment autour de la question foncière, plusieurs Peuls nomades avaient été tués dans les deux villages, quelques jours auparavant, selon des sources locales. Les assaillants de samedi se sont séparés en deux colonnes pour fondre sur les villages, raconte le maire de la commune de Tondi Kiwindi Almou Hassane, qui administre les deux villages ciblés. Plusieurs sources, proches des autorités, ont affirmé que les assaillants étaient membres de l'ethnie djerma. Samedi à Ouallam, les autorités ont organisé un forum avec les leaders communautaires, religieux et politiques de la zone, pour réaffirmer la présence de l'Etat et encourager la cohésion sociale. Une haute personnalité y a cité nommément un chef local de l'Etat islamique, Hamidou Hama, un Djerma originaire de Tingara, comme leader de l'attaque. Partout au Sahel, la pression des groupes armés est localement si importante que peu se risquent à dénoncer publiquement leur présence. Soixante-douze personnes ont été tuées à Tchouma Bangou. Aujourd'hui, trois millions de personnes ont dû fuir leurs domiciles au Sahel en raison des violences.

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