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Présidentielle en Tunisie

Le thème du «terrorisme» relégué au second plan

Au premier jour de la campagne, le ministère de l’Intérieur a annoncé avoir tué trois cadres algériens de la Phalange Okba ibn Nafaâ, la branche locale d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

La lutte antiterroriste, thème longtemps omniprésent dans une Tunisie traumatisée par les attentats, n’est plus au cœur des débats à l’approche de la présidentielle du 15 septembre, au profit notamment des questions socio-économiques, même si des inquiétudes sécuritaires persistent. Dans le sillage de sa révolution de 2011, le pays pionnier des Printemps arabes a vécu l’émergence d’une mouvance terroriste, qui a connu son apogée avec la vague d’attaques des années 2015-2016, entraînant la mort de dizaines de personnes et minant encore davantage une économie morose. Musée du Bardo en mars, plage et hôtel de Sousse en juin, bus de la Garde présidentielle au cœur de la capitale en novembre: en 2015, le petit pays d’Afrique du Nord célébré pour son processus démocratique a cru vivre une descente aux enfers, avec la mort de 72 personnes (59 touristes, un policier et 12 agents de la sécurité du chef de l’Etat). Alors que la Libye voit s’implanter, à la faveur du chaos, le groupe terroriste Etat islamique (EI), la Tunisie est même le théâtre en mars 2016, à Ben Guerdane, près de la frontière libyenne, d’une attaque coordonnée contre ses installations sécuritaires. Une tentative de l’EI de créer un «califat» sur le sol tunisien, s’alarme le Premier ministre de l’époque, Habib Essid. Bien que meurtrière, cette attaque a toutefois été repoussée, et cette riposte célébrée comme un point de bascule dans la lutte antiterroriste. Nommé cette année-là, le Premier ministre et candidat à la présidentielle, Youssef Chahed, présente aujourd’hui l’amélioration de la sécurité comme un point fort de ses trois ans à la tête du gouvernement. Lors d’un débat télévisé lundi soir, M. Chahed a néanmoins placé sur un même plan «la lutte contre le terrorisme» et la sécurité au quotidien des citoyens, reconnaissant que la criminalité quotidienne avait augmenté. Il a proposé la création d’une police de proximité. D’autres candidats, dont le ministre de la Défense Abdelkarim Zbidi, s’attribuent aussi le mérite de l’amélioration de la sécurité. Mais l’argument ne paraît pas particulièrement faire mouche.»La situation est plutôt calme, il n’y a pas de menace ouverte, et la question de la sécurité est passée au second plan», dit Michaël Ayari, chercheur pour l’International Crisis Group (ICG). Sur le terrain, les candidats sont surtout attendus sur les questions sociales: les salaires qui plafonnent à quelques centaines de dinars par mois quand le bœuf coûte plus de 20 dinars (7 euros) le kilo, le chômage élevé qui désespère la jeunesse et la déliquescence des services publics. Pour autant, l’inquiétude n’a pas totalement disparu. Au premier jour de la campagne, le ministère de l’Intérieur a annoncé avoir tué trois cadres algériens de la Phalange Okba ibn Nafaa, la branche locale d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Actif dans les massifs frontaliers de l’Algérie, ce groupe avait été l’auteur en 2014 de l’attaque du mont Chaambi, pire attentat contre l’armée(15 soldats tués) et point de départ d’une série noire. Et, preuve que la menace demeure jusque dans la capitale, un double attentat suicide a fait deux morts en plein Tunis le 27 juin. A l’apogée du «califat» de l’EI au Levant et en Libye, les Tunisiens comptaient aussi parmi les principales nationalités représentées —des milliers de combattants—, selon un groupe de travail de l’ONU. Face à l’inquiétude manifestée il y a quelques années par la population, les autorités ont assuré surveiller les éventuels «revenants» de l’EI, sans toutefois montrer les signes d’un travail de fond. L’état d’urgence, réinstauré fin 2015, est lui toujours en vigueur. Alors que la sécurité est l’une des deux principales prérogatives du président, dans le cadre du régime parlementaire mixte actuel, plusieurs candidats ont promis de s’impliquer plus activement dans la quête d’une solution au conflit libyen. Par ailleurs, selon M. Ayari, le thème de la lutte antiterroriste pourrait réémerger au second tour, notamment si le premier candidat présenté par Ennahdha, Abdelfattah Mourou, est encore en lice. Au pouvoir après la révolution, ce parti d’inspiration islamiste a longtemps été accusé de laxisme face à la mouvance terroriste, accusation dont il continue de se défendre. Si M. Mourou est au second tour, «il est possible que la question du terrorisme» réapparaisse «pour mettre Ennahdha en difficulté. Comme à chaque fois qu’il y a polarisation, les sujets sécuritaires reviennent», résume M. Ayari.

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