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Plus de 100 morts dans un nouveau carnage au centre du Mali

Les groupes terroristes attisent les divisions ethniques

« Ce n’est pas à un cycle de vengeance, de vendetta, que ce pays doit être conduit », a déclaré hier, à la télévision publique ORTM, le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, présent en Suisse pour le centenaire de l’Organisation internationale du travail (OIT).

Le Mali connaît depuis des mois une folie meurtrière dont les auteurs se drapent dans le giron des affrontements intercommunautaires entre Peuls et Dogons. Pas plus tard que dimanche dernier, dans la nuit, les atrocités ont culminé avec l’attaque d’un village dogon Sobame Ba, dans la zone de Bandiagara, à l’ouest de Mopti, au cours de laquelle plus d’une centaine de morts et des maisons ravagées ont été dénombrés. Il semble, d’après les premiers éléments de l’enquête diligentée par les pouvoirs locaux, que ces crimes font suite au massacre le 23 mars dernier de 160 Peuls dans la localité de Ogassogou, attribué aux chasseurs dogons dans cette zone proche de la frontière avec le Burkina Faso et devenue la région la plus violente du pays. «Ce n’est pas à un cycle de vengeance, de vendetta, que ce pays doit être conduit», a déclaré hier, à la télévision publique ORTM, le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, présent en Suisse pour le centenaire de l’Organisation internationale du travail (OIT). Ecourtant son séjour, «IBK» a appelé à des «retrouvailles» entre Maliens, «qui, seules, vont nous permettre de rebondir et permettre à notre nation de survivre. Car nous sommes en question de survie», a-t-il estimé. «Des hommes armés, soupçonnés d’être des terroristes, ont lancé un assaut meurtrier contre le paisible village de Sobame Da», avait auparavant déclaré le gouvernement.
«Le bilan provisoire établi par une mission du poste de sécurité de Diankabou», dans les environs, «fait état de 95 morts et de 19 portés disparus», a-t-il indiqué dans un communiqué dénonçant un «carnage» tandis que le ministère de la Justice proclamait «l’ouverture d’une enquête préliminaire par le procureur du pôle judiciaire spécialisé dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée». Hier, le Premier ministre malien Boubou Cissé s’est rendu dans le village de Sobame Ba, nouvel épisode du cycle d’atrocités commises par des groupes armés issus de communautés antagonistes. L’attaque du village dogon avait commencé tard dimanche soir pour s’achever le lendemain avant le lever du jour, selon de nombreux témoignages. Selon les habitants, les assaillants sont arrivés en criant « Allah akbar, Allah akbar ».
Les autorités ont aussitôt mis en cause le groupe terroriste du prédicateur Amadou Koufa, qui recrute essentiellement au sein de la communauté Peul connue pour se consacrer à l’élevage et dont les affrontements avec les ethnies rivales Bambara et Dogon, versées dans l’agriculture, s’avèrent le plus souvent sanglants. Toutes ces ethnies ont fini par se doter de groupes armés d’autodéfense, ce qui a accru l’insécurité dans le centre du pays et alimenté la montée en puissance des groupes terroristes alors même que l’on espérait une rapide entrée en matière des dispositions de l’Accord d’Alger seul à même d’apaiser les tensions et d’assurer une réconciliation nationale. Premier objectif du Premier ministre Boubou Cissé qui est accompagné des ministres de la Défense et de l’Administration territoriale, il faut «apporter le réconfort de la nation et vérifier que les mesures de sécurité ont été renforcées», tandis que, hier encore, le bilan définitif n’était pas établi, les autorités locales parlant d’un chiffre à revoir à la baisse. Le gouverneur a d’ailleurs évoqué « 35 morts et des disparus », une fois tous les cadavres sortis des décombres. « Nous avons 11 adultes et 24 enfants », a même précisé le général Touré. Un avis contesté par le maire de la localité qui affirme que de nombreux corps ont été « réduits en cendres ». Le 18 avril dernier, suite à des affrontements interethniques, le prédécesseur de M. Cissé, Soumeylou Boubèye Maïga, avait dû démissionner sous la pression des manifestants qui dénonçaient l’incapacité chronique de l’Etat à assurer la sécurité des populations. Toput comme elles, les autorités attribuent les attaques à des « terroristes », souvent en référence au groupe de Koufa. La question reste de savoir si ces groupes terroristes agissent par vengeance ou s’ils cherchent surtout à attiser la vindicte intercommunautaire afin d’accroître leur mainmise sur la région ? Dans un communiqué diffusé au lendemain du massacre d’Ogossagou, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, principale alliance terroriste du Sahel liée à Al-Qaïda, à laquelle s’est rallié celui de Koufa, s’affirmait le « rempart des Peuls » contre toutes les menaces internes et étrangères.

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