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Washington, isolé, impose un «retour des sanctions» contre l’Iran

Tollé international face aux menaces américaines

Dans une pirouette juridique, les Etats-Unis invoquent leur statut de pays «participant» à l’accord qu’ils ont déserté dans le seul but d’activer le «snapback», ce que rejettent tous les autres pays membres du Conseil de sécurité. Mais le dialogue de sourds continue.

C'est un total «isolement» que celui des Etats-Unis, hier, après leur proclamation unilatérale d'un retour des sanctions de l'ONU contre Téhéran et la promesse de punir ceux qui les violent, une démarche américaine rejetée par Moscou et par les pays européens parties prenantes de l'accord sur le nucléaire. Les Etats-Unis ont proclamé dans la nuit de samedi à dimanche que les sanctions des Nations unies contre l'Iran étaient, selon eux, de nouveau en vigueur, même s'ils sont les seuls au monde à estimer qu'elles le sont. «Aujourd'hui, les Etats-Unis saluent le retour de quasiment toutes les sanctions de l'ONU contre la République islamique d'Iran auparavant levées», qui sont «à nouveau en vigueur» depuis hier soir, a annoncé le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo. «Le monde entier dit que rien ne s'est passé. Cela s'est simplement passé dans le monde imaginaire» de M. Pompeo, a réagi Saeed Khatibzadeh, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, lors d'une conférence de presse, hier. Estimant que Washington était «isolé» et «du mauvais côté de l'histoire», M. Khatibzadeh a suggéré aux Etats-Unis de «retourner au sein de la communauté internationale, de (respecter) leurs engagements, d'arrêter de se rebeller et le monde les acceptera».
Le geste de défi des Américains au reste du monde risque d'accroître les tensions internationales, surtout que le gouvernement de Donald Trump menace clairement de mettre en place un système de sanctions dites secondaires pour punir tout pays ou entité qui violerait ces sanctions. «Si des Etats membres de l'ONU ne remplissent pas leurs obligations pour appliquer ces sanctions, les Etats-Unis sont prêts à utiliser leurs propres outils pour punir ces défaillances», a prévenu M. Pompeo. Il a promis que des «mesures» américaines seraient annoncées contre «ceux qui violent les sanctions de l'ONU». A six semaines de l'élection présidentielle où il brigue un second mandat, M. Trump pourrait dévoiler ces mesures lors de son discours, demain, à l'Assemblée générale de l'ONU.Washington est quasiment seul et contre tous: les autres grandes puissances, la Russie, la Chine mais aussi les alliés européens des Américains, contestent cette décision basée sur une manoeuvre juridique illégitime, le «snapback».
Le ministère russe des Affaires étrangères a vigoureusement dénoncé, hier matin, une initiative américaine «illégitime» ne pouvant avoir «de conséquences légales internationales». Les chefs de la diplomatie française, allemande et britannique ont affirmé, dans une déclaration commune, que cette initiative américaine était «sans effet en droit». «Nous avions tous clairement dit en août que cette manoeuvre était illégitime. Est-ce que Washington est sourd?», a tweeté Dmitri Polianski, ambassadeur adjoint russe aux Nations unies. «Il est très douloureux de voir un grand pays s'humilier ainsi et s'opposer dans son délire obstiné aux autres membres du Conseil de sécurité de l'ONU», a-t-il ajouté. Le ministère iranien des Affaires étrangères a prévenu dans un communiqué que «si les Etats-Unis mettent en oeuvre leurs menaces, directement ou via la coopération de certains de leurs alliés (...), ils seront responsables de toutes les conséquences dangereuses». Pour comprendre ce face-à-face spectaculaire entre la première puissance mondiale et le reste de la planète, il faut revenir un mois en arrière. Le gouvernement Trump a essuyé mi-août un revers retentissant au Conseil de sécurité dans sa tentative de prolonger l'embargo sur les armes conventionnelles visant Téhéran, qui expire en octobre. Accusant dans une attaque d'une rare violence Paris, Londres et Berlin d'avoir «choisi de s'aligner sur les ayatollahs» au pouvoir dans la République islamique, Mike Pompeo a déclenché le 20 août la procédure de «snapback», censée rétablir un mois plus tard toutes les sanctions onusiennes contre l'Iran. Ces sanctions ont été levées en vertu de l'accord international conclu en 2015, lorsque Téhéran s'est engagé à ne pas se doter de l'arme nucléaire. Or le président Trump, jugeant insuffisant ce texte négocié par son prédécesseur Barack Obama, en a retiré avec fracas en 2018 les Etats-Unis, qui ont dans la foulée rétabli voire durci leurs propres sanctions bilatérales.
A présent, dans une pirouette juridique, les Etats-Unis invoquent leur statut de pays «participant» à cet accord dans le seul but d'activer le «snapback», ce que rejette la quasi-totalité des autres pays membres du Conseil de sécurité. Mais le dialogue de sourds continue: l'administration Trump fait désormais comme si les sanctions internationales étaient de retour. Au vu du retrait américain de l'accord, ils «ne peuvent pas initier un retour des sanctions des Nations unies», a estimé Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne dans un communiqué, hier. «Il ne va rien se passer», prédit un diplomate à l'ONU.
«C'est comme quand on appuie sur la gâchette et que la balle ne part pas.»

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