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En Irak, l’ex-Premier ministre est prêt à revenir au pouvoir

Une pomme de discorde entre le Kurdistan et Baghdad

L’ex-Premier ministre irakien Haider al-Abadi se dit prêt dans un entretien à l’AFP à revenir au pouvoir, dressant la liste les défis que l’Irak doit relever sous peine de sombrer: juguler la corruption et le retour des tensions confessionnelles. Alors que le gouvernement de l’actuel Premier ministre Adel Abdel Mahdi affronte son premier été —habituelle saison de grogne sociale sur fond de pénurie d’électricité dans un des pays les plus chauds au monde—, Abadi agite la classe politique. Celui qui se dit «dans de bonnes dispositions» pour revenir aux commandes a multiplié ces derniers temps les rencontres avec les dirigeants politiques. Il est même en contact, selon des responsables, avec l’entourage du grand ayatollah Ali Sistani, dont l’avis est dit crucial pour toute nomination de Premier ministre. Face à ces rapprochements opérés par son rival, l’actuel chef du gouvernement a dû plusieurs fois démentir les rumeurs de son éventuel départ. Abadi, qui avait déclaré fin 2017 la victoire sur le groupe Etat islamique (EI), a été jusqu’à présent l’unique Premier ministre chiite accueilli en triomphateur dans les provinces sunnites d’Irak, un pays majoritairement chiite et déchiré par des affrontements confessionnels meurtriers entre 2003 et 2008. Selon lui, l’union sacrée qui s’est créée face aux terroristes pourrait bientôt se déliter.»Si l’EI revient ou si se crée un cocktail entre terroristes, politiciens et autres, tout pourrait s’effondrer», prévient-il. «Le confessionnalisme a déjà été utilisé comme une arme pour se partager le butin (politique et économique) entre partis.» Le confessionnalisme va souvent de pair avec la corruption, assure-t-il encore. Ainsi, dans le 12e pays le plus corrompu au monde, les postes de hauts fonctionnaires —attribués aux différenttes confessions— «se vendent, non plus en secret comme avant mais au grand jour et à des prix connus», dénote-t-il. Lorsqu’il était aux commandes de l’Irak, deuxième producteur de l’Opep, politiciens et électeurs l’ont accusé d’avoir échoué à épingler les «gros poissons», ces politiciens et entrepreneurs véreux qui ont empoché un tiers des revenus du pétrole en 15 ans, selon le Parlement. Comme son successeur, Abadi pare à ces accusations en plaidant le travail de longue haleine: «celui qui dit qu’il peut combattre la corruption d’un seul coup ne veut pas la combattre», assène-t-il. Elu député en mai 2018, l’homme râblé au crâne dégarni se dit dans une «opposition constructive», notamment sur la question du Kurdistan irakien, région autonome du nord du pays. C’est pourtant là qu’il a été le plus clivant: à l’automne 2017, en rétorsion à un référendum d’indépendance organisé par les autorités du Kurdistan, il reprend les territoires disputés et leur pétrole. Et marque ainsi des points à Baghdad, tout en s’attirant les foudres du nord kurde. A Erbil, capitale du Kurdistan, il est ainsi devenu la bête noire du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani, alors au pouvoir. Lorsque Abadi quitte le gouvernement, un proche de Barzani, Fouad Hussein, hérite du très convoité ministère des Finances à Bagdad, et exerce de facto un droit de regard sur la part du budget fédéral alloué au Kurdistan. «Certains partis kurdes posent problème», regrette Abadi, faisant allusion au PDK. «Ils contrôlent les ressources, comme le pétrole (...) et cela ressemble à du blanchiment d’argent», accuse-t-il.
Outre ce clivage intérieur, l’Irak est aussi pris en étau entre ses deux alliés iranien et américain, grands ennemis. Les observateurs assurent que Abadi, arrivé troisième aux législatives et qui aurait pu se maintenir par le jeu des coalitions, a perdu ses chances quand il a prôné l’application des sanctions américaines contre Téhéran. Aujourd’hui, celui que beaucoup présentent comme le candidat des Américains, ménage l’Iran dans ses propos.

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