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Jardins abandonnés, quartiers insalubres, routes jonchées de déchets, décharges sauvages

A qui appartient l'espace public?

Dans l'histoire, l'Algérien a eu à composer avec diverses formes et définitions de l'espace public.

L'espace public dans notre pays pose un véritable problème. Manque d'hygiène, décharges sauvages, mauvais entretien, l'espace public est dans un état d'abandon quasi permanent. Rien qu'à voir nos jardins, nos quartiers, nos routes et plein d'autres places qui souffrent de cette situation. Pourtant, l'Algérien entretien très bien et méticuleusement l'intérieur de sa maison. Mais, dès que la porte est franchie, le spectacle est complètement contraire. Le phénomène est observé, selon beaucoup de citoyens, dans les bâtiments. Alors que l'intérieur brille de propreté, le palier, lui juste devant la porte, donne une image horrible d'immondices et autres déchets qui s'y accumulent.

Peut-on expliquer lephénomène par l'histoire?
La situation interroge. Des questions se posent avec acuité sur cette relation paradoxale entre la société et son espace public. Pourquoi l'Algérien entretient sa maison comme tous les peuples du monde, alors qu'il laisse ses espaces publics dans l'abandon, voire dans la clochardisation? Pourquoi jusqu'à présent, la notion de propriété publique se heurte-t-elle à la notion de propriété privée ou individuelle? En fait, la question cruciale est: à qui appartient l'espace public?
Dans l'histoire, l'Algérien a eu à composer avec diverses formes et définitions de l'espace public, mais celle qui persiste encore dans le langage populaire est liée à la période ottomane. «Oui, jusqu'à présent, mes parents qualifient le terme de ‘'propriété'' de beylik tout ce qui n'appartient pas à une personne, une famille ou un groupe. En kabyle, on appelle ce genre de terre, mechmel, c'est-à-dire ce qui appartient à tout le monde. Alors que dans la société kabyle, à titre d'exemple, le ‘'mechmel'' est géré par l'assemblée du village, la ‘'Djemaâ'', il n'en est pas de même pour la notion de beylik. Cette dernière est liée à la période ottomane. En effet, la propriété beylik appartenait à l'époque ottomane cette manne à l'autorité dirigeante et non au village. Cette conception de la propriété publique qui s'est, avec le temps, enracinée dans l'imaginaire commun de la société a eu des conséquences encore visibles après un demi-siècle de vie sous l'Etat algérien indépendant. L'Algérien aujourd'hui, de l'avis, de l'architecte paysagiste, Idir, ne considère pas l'espace public comme sa propriété. Ce qui appartient à tout le monde n'appartient en fait à personne. Cette conception sociale de la propriété publique est en complète contradiction avec la notion moderne qui prévaut dans les pays développés où les citoyens considèrent la propriété publique comme une propriété personnelle. «Moi, je pense encore de cette façon. Je trouve des difficultés à considérer l'espace public comme une propriété personnelle. Dans ma tête de vieux, ce qui appartient à tout le monde ne m'appartient pas. Alors que les Européens avec qui j'ai vécu toute ma vie pensent le contraire. Leurs espaces publics sont vus comme des espaces individuels.

Les moyens suffisent-ilssi les mentalités ne suivent pas?
Et c'est pour ça qu'ils entretiennent tous leurs places, ruelles et autres espaces communs», explique un vieil homme accosté dans un jardin de la ville de Tigzirt. «Si chacun considère ces espaces comme sa propriété personnelle, nous ne serions pas dans cet état d'insalubrité lamentable. Dans nos têtes, ce qui appartient à tout le monde n'appartient à personne. C'est pour ça qu'on observe encore des gens qui nettoient chaque jour leurs maisons, mais abandonnent le palier devant leurs portes», Ajoute amar, enseignant à l'université.
La réponse à la question n'est pas si simple. La situation qui prévaut dans les villages encore emprein, des réflexes de la société ancienne est différente de celle prévalant dans les villes. Actuellement, le villageois perçoit l'espace public comme sa propriété individuelle. Ce qui appartient au village lui appartient. C'est le contraire qui prévaut en ville où les habitants n'ont pas encore atteint ce stade et restent encore dans le schéma ancien considérant le beylik comme un espace qui n'appartient à personne. Aussi, comme conséquence, on observe une forte tendance pour l'entretien des villages contrairement aux centres urbains qui connaissent un abandon lamentable des espaces publics. C'est pourquoi, aujourd'hui, les moyens ne peuvent pas, à eux seuls, suffire pour instaurer une hygiène de vie dans les villes même si les habitants sont très demandeurs. Les réflexes et les mentalités doivent suivre. L'Algérien devra, selon Omar Belkheir, président du conseil scientifique de la faculté des sciences humaines et sociales, campus de Tamda de l'université Mouloud Mammeri Tizi-Ouzou, le citoyen algérien, pour aller plus simple, se doit de se réapproprier ces espaces qui sont les siens selon un processus déjà enclenché par la société civile. Après le 22 février 2019, le peuple a compris que ces espaces lui appartiennent et qu'au moment où la manifestation s'achève, des jeunes se relayent pour nettoyer.

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