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Journée mondiale de l’enfance

Dessine-moi l’innocence

Cette couche de la société fait grand défaut dans les discours des candidats en lice pour la présidentielle du mois de décembre.

C’est la Journée mondiale de l’enfance, le 20 novembre de chaque année. Et de quelle enfance s’agit-il si celle-ci est livrée à toutes les turpitudes sociales ? Les spécialistes sont unanimes à tirer la sonnette d’alarme. «J’ai eu à prendre en charge psychologiquement 10 cas d’enfants victimes, l’année passée, d’incestes», dira la psychologue, Nachida Boulenouar Ayachi.
Sur sa lancée, elle a ajouté que «l’inceste fait beaucoup de ravages au sein de la société algérienne». «Comme c’est un tabou, la plupart des victimes de cette tragédie observent la loi du silence leur causant de terribles séquelles à leurs personnalité. «La majorité des victimes est de sexe féminin âgées de 10 à 16 ans, abusée par les pères et les oncles», a souligné la psychologue en se confiant exclusivement à L’Expression signalant que cet état de fait «est alarmant vu la complicité de la famille soumise à la loi de l’omerta dans le but d’éviter le scandale familial». Or, ce silence, ajoute-t-elle, «détruit entièrement le sujet en le poussant à des tentatives de suicide, une dépression chronique, un état de panique et une anxiété incontrôlable au quotidien». «Dans certains cas, il faut faire appel à une médication pour éviter la dissociation psychique, qui peut mener au suicide», a préconisé la psychologue Nachida Boulenouar Ayachi.
Des fléaux sociaux gagnent la société algérienne. L’inceste et l’atteinte aux mœurs viennent en tête de liste des faits traités par les services de sécurité des deux institutions nationales que sont la Gendarmerie nationale et la police dont les enquêtes reposent sur des preuves scientifiques. Loin des clichés populistes de la problématique, le phénomène risque de prendre de l’ampleur. Plusieurs dizaines de cas ont été enregistrés dans la wilaya d’Oran.

Livrée à son triste sort

Des enfants, notamment des adolescentes, ayant fait l’objet d’inceste, se sont retrouvés dans des situations embarrassantes, enceintes de leurs…proches ne sachant plus à quel saint se vouer! Femmes, jeunes femmes, et garçons ont été victimes des incestes perpétrés par leurs proches à l’âge de la majorité. Plusieurs cas ont été avérés par les services de la médecine légale suite à des réquisitions opérées par les services de sécurité dans le cadre des enquêtes et investigations effectuées.
La violence sous toutes ses formes n’a pas épargné cette couche sociale. La protection de l’enfance devient paradoxalement un tabou difficile à mener vu qu’on ne peut aborder ce sujet aussi facilement en famille, surtout lorsqu’il s’agit des violences perpétrées, volontairement ou involontairement, contre ces chérubins dans le tissu familial censé pourtant les préparer à affronter un avenir aux aléas rigoureux en prenant la gestion des affaires lambda.
L’on continue à célébrer cette Journée mondiale dédiée à l’enfance à coups des tartes que l’on propose en l’espace d’une journée pour mettre ce percept (protection de l’enfance Ndlr) au placard pendant tout le reste de l’année. L’enfance, est tout simplement abandonnée, elle est livrée à son triste sort. Sinon, comment interpréter le fait que cette catégorie de société continue à subir les
affres de la bêtise humaine, s’acharnant de plus en plus contre ces bambins faisant d’eux des objets en leur faisant subir les violences sexuelles ? Les violences sur enfants font de plus en plus de victimes dans le silence absolu.
La petite Salsabil est un exemple concret des crimes commis sur l’innocence. Aucun des Oranais n’oubliera de sitôt cette fin tragique à laquelle a eu droit cette fille ayant été kidnappée par son voisin, violée, étranglée et coupée en petits morceaux avant d’être jetée dans le coin de la cité comme s’il s’agissait d’un «déchet ménager». Son tueur croule dans la prison alors que sa famille n’a pas encore fait le deuil, elle continue à pleurer la petite Salsabil, morte dans des circonstances monstrueuses. Cela n’est qu’un petit exemple d’une série de crimes commis à l’encontre des enfants. Qu’en est-il alors de l’inceste ? Tabou est ce sujet. Le fait de l’évoquer ne serait-ce que par inadvertance constitue le grand péché, la ligne rouge à ne jamais franchir. La société basée sur des travers et des coutumes dépassées, interdit d’en parler. L’enfant et, de par cette double méchanceté subit en silence ces lois archaïques, dépassées. Pour les besoins de notre enquête à l’occasion de la Journée mondiale de l’enfance, peu de personnes, hommes et femmes sondés, ont jugé utile de répondre à l’empressement de nos interrogations, notamment sur le fait que «l’enfant doit-il se plaindre ? À qui se plaindre si ce n’est qu’aux parents? Comment se plaindre ? Par où va-t-on commencer ? Peu d’hommes et de femmes sont à l’écoute de leur progéniture.

Inceste et infanticide

Pourtant, les dépassements, dont les agressions sexuelles guettent, chaque jour, leurs enfants. Ils n’en parlent qu’une fois que le drame vient sévir faisant des dégâts, comme ce fut le cas de la petite Salsabil. Pourtant, en parler en famille c’est d’abord une affaire de famille. «À qui dites-vous ça ?» s’est interrogée une femme accompagnant son fils à l’école. «Nous avons certes peur que nos enfants soient agressés. Mais on ne leur démontre jamais notre inquiétude», a-t-elle ajouté. Si la cellule sociale, la famille, n’aborde que dans certains cas ce fait, qu’en est-il alors lorsqu’il s’agit de se remettre aux policiers et gendarmes? «C’est vraiment très difficile», dira notre interlocutrice expliquant que «se plaindre en déposant officiellement une plainte constitue l’une des grandes peurs hantant nos esprits». 

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