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An I du Hirak: Stades de football

L’exutoire de la colère

Les manifestations en Algérie contre le mal de vivre et la prolongation du règne du président Abdelaziz Bouteflika ont pris racine dans les stades de football. Ces enceintes sont considérées, depuis des années, comme «un des rares espaces de liberté».

Dans les gradins des stades de football retentissent des expressions de jeunes qui tentent, vaille que vaille, de faire entendre leur voix, à travers des chants exprimant leur mal de vivre ou encore des «tifos» contestataires. Cela date de plusieurs années, avant même le début du Mouvement populaire en Algérie, le Hirak. La nouvelle génération de supporters, celle ayant émergé avec l'arrivée du régime de Bouteflika, donne une nouvelle dimension aux animations dans les tribunes, qui ne résonnent plus au rythme de chants exclusivement sportifs. Ces espaces, considérés jadis comme défouloirs sont devenus «de véritables laboratoires politiques de la contestation» et «un exutoire de la colère des jeunes». Une colère dirigée contre les autorités. Certes, cela ne date pas d'aujourd'hui, mais depuis l'avènement des «groupes ultras» en Algérie en 2007, les choses ont pris une autre tournure, avec ce que font, entre autres, les supporters du MC Alger, du CR Belouizdad, de l'USM Alger, de la JS Kabylie et du CS Constantine. Des clubs ayant la réputation d'attirer une grande foule à chaque match. Au fil des mois et années, ces groupes, dont le but est de soutenir de manière fanatique leurs équipes de prédilection, parviennent à déconstruire les tabous. Dans leurs chants et «tifos», ils utilisent parfois des méthodes de provocation avec «une vulgarité au sens politique». Les chants sont repris en choeur et dans une parfaite harmonie par ces supporters, ce qui donne une autre dimension à leur création. Différents sujets sont évoqués, notamment ceux liés aux fléaux sociaux, et des «clashs» envers les hautes autorités de l'Etat. Emigration clandestine, drogue, autoritarisme de l'État, corruption des dirigeants, injustice, chômage sont autant de sujets qui alimentent les paroles de ces chansons. «Fanatics reds», «Verde Leone» et «Ouled El Bahdja», pour ne citer que ces groupes, réfutent l'étiquette que certaines personnes «malintentionnées» tentent de leur coller, à savoir qu'ils sont manipulés, en raison de l'ampleur et le niveau des paroles qu'ils utilisent. Pour eux, «le jeune Algérien, créateur qu'il est, peut réaliser des merveilles». Ceci, avant que n'arrive «La Casa Del Mouradia», une chanson en référence à la célèbre série télévisée espagnole à succès, «La Casa Del Papel», qui met en scène une bande de braqueurs professionnels. Une chanson du groupe «Ouled El Bahdja», de l'USMA, club propriété de Ali Haddad, patron de l'ETRHB et une des figures de l'ancien système. Elle est devenue «l'hymne du Hirak», étant reprise à pleins poumons par des manifestants, pourtant peu habitués aux ambiances survoltées des stades. Les couplets de cette chanson conspuent sans retenue les 20 ans de règne de Bouteflika. Ces mordus du foot ont fini par donner un genre artistique aux forces d'expression en contribuant à être la voix du peuple à un moment où il y avait une lassitude de la politique. A vrai dire, la violence brute a laissé place à la créativité.

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