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Fortement sollicité pour participer au panel des sages

L’homme de la situation

En fait, Ahmed Taleb Ibrahimi a conservé sa crédibilité en évitant de se «mouiller» dans les combines politiques et en s’interdisant de banaliser son discours.

Il a 87 ans. Ahmed Taleb Ibrahimi est vieux. Lui-même l’a reconnu, en mai dernier, en déclinant un appel des jeunes du Mouvement populaire qui l’ont sollicité pour conduire une transition. Dans un message rendu public à cette époque, l’enfant de Sétif, médecin, moudjahid et homme politique, avait répondu que son âge avancé ne lui permettait pas d’assumer une quelconque responsabilité. L’ancien ministre des Affaires étrangères (1982-1988) avait alors reçu des jeunes représentants du Hirak chez lui auprès desquels il s’est excusé. Mais, les citoyens insistent et son nom revient à chaque fois qu’une initiative est lancée, que ce soit dans les réseaux sociaux, les forums de dialogue ou encore lors des manifestations pacifiques du vendredi. Une majorité d’Algériens adhère totalement à l’idée de voir le fils du Cheikh Mohamed Bachir El Ibrahimi, conduire le dialogue et ils ne s’en cachent pas en affichant leur avis sur la Toile comme ce citoyen qui a affirmé que l’homme est «sage, instruit et il connaît très bien les rouages du système dont il a été lui-même victime. Il faut lui faire confiance». En fait, Ahmed Taleb Ibrahimi s’est mis en retrait de la scène politico-médiatique pendant des années et c’est sa posture d’observateur attentif et son expérience du système qui l’ont mis au-dessus de la mêlée. Il a conservé sa crédibilité en évitant de se «mouiller» dans les combines politiques et en s’interdisant de banaliser son discours. L’émergence d’Ahmed Taleb Ibrahimi n’est pas due uniquement à son retrait.
L’homme bénéficie d’une certaine autorité morale et d’une légitimité historique au vu de son riche parcours. En 1955, Taleb, étudiant en médecine, était en France et a milité pour la fondation de l’Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugema) dont il est devenu président. Il sera emprisonné à cause de son militantisme pour l’indépendance de l’Algérie, de 1957 à 1961. Au temps du président Houari Boumediene et de Chadli Bendjedid, il a occupé plusieurs postes au gouvernement, notamment à l’Éducation (1965-1970), à l’Information et à la Culture (1970-1977) et aux Affaires étrangères (1982-1988).
Président du parti Wafa non agréé, Ahmed Taleb Ibrahimi va être candidat à la présidentielle de 1999 avant de se retirer. Il renouvellera la tentative en se présentant pour l’élection présidentielle de 2004, mais sa candidature sera rejetée. Il décide alors d’apporter son soutien à Ali Benflis. Depuis, l’homme va se retirer et se consacrer à l’écriture et publiera ses mémoires en deux tomes «Rêves et épreuves (1932-1965)» et «La passion de bâtir (1965-1978)». Ce n’est qu’en 2017, qu’Ahmed Taleb Ibrahimi refera surface sur la scène politique en lançant un appel conjoint avec Ali Yahia Abdennour et Rachid Benyellès, à déclarer l’état d’incapacité du président Bouteflika. Un appel qui sera renouvelé après l’éclatement du Hirak du 22 février, mais cette fois-ci à l’adresse de l’Armée nationale et dans lequel les trois personnalités nationales ont appelé le commandement de l’ANP à ne plus faire perdre du temps au pays et d’enclencher un sérieux dialogue pour sortir de la crise actuelle tout en mettant l’accent sur la nécessité de trouver au plus vite une solution politique consensuelle en mesure de répondre aux aspirations populaires légitimes. Cette position, Taleb Ibrahimi ne l’a pas abandonnée. Hier, il l’a renouvelée dans sa nouvelle lettre adressée à ceux qui l’ont appelé à nouveau à participer à trouver une solution à la crise politique. L’homme, malgré son âge, a décidé de répondre finalement présent à l’appel de la patrie. Il a dit oui à ceux qui l’ont cité «sans le consulter» pour constituer un panel qui conduira le dialogue national. L’ancien ministre qui se pose ainsi comme un recours susceptible de construire un consensus national, a cependant exposé ses conditions pour la réussite de ce dialogue.

Le communiqué
Mon nom a été cité sans que je sois consulté dans une liste proposée pour constituer une commission chargée de lancer et d’organiser le dialogue national qui mettra un terme à l’impasse politique que vit notre pays depuis l’annulation du 5ème mandat. C’est pourquoi, dès mon retour d’un court séjour privé à l’étranger, je tiens d’abord à remercier tous ceux qui placent leur confiance en moi. Je considère que leur acte exprime une reconnaissance claire du bien-fondé de la position constante que j’ai adoptée depuis que j’ai appelé au dialogue et à la réconciliation nationale pour éviter le drame national des années 90. Une position à laquelle je demeure attaché.
Dans l’état présent, toute démarche sérieuse visant à raccourcir le chemin du salut et libérer définitivement le pays des pratiques de la corruption et de la dictature, doit admettre qu’il existe une profonde crise de confiance entre le peuple et ses gouvernants qui a précipité la rupture du 22 février. Cette rupture a donné naissance, notamment parmi les jeunes, à une prise de conscience qui n’admet plus de solutions de replâtrage ou de demi-solutions.
Partant de ce constat, la démarche du pouvoir relative au dialogue doit être soutenue par une volonté politique réelle de transcender les considérations conjoncturelles immédiates, et satisfaire les revendications exprimées par les forces politiques et sociales appelant à des mesures d’apaisement préalables pour rassurer les citoyens.
Dans ce contexte, la constitution de la commission du dialogue projetée n’aura de rôle utile en cette étape que si elle est indépendante dans son fonctionnement, libre et souveraine dans ses décisions. Ce faisant, elle pourra ainsi contribuer à la construction d’un consensus national autour de la meilleure formule pour concrétiser les revendications légitimes du Harak portant sur un changement radical du système en vigueur, dans le cadre de la préservation de l’Etat bâti sur l’esprit rassembleur de la proclamation du 1er Novembre.
Je tiens à renouveler mon soutien total et permanent aux hommes et aux femmes du Harak. J’invite toutes ses composantes à continuer sur la même voie, avec le même comportement pacifique, et davantage de vigilance pour préserver l’unité de leurs rangs qui est un acquis capital pour le Harak jusqu’à la réalisation de ses objectifs légitimes déclarés.
Ahmed TALEB IBRAHIMI

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