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Sonatrach et les mutations énergétiques

L’urgence d’un nouveau management

Si on reste au niveau des prix subventionnés actuels, la consommation intérieure en 2030 sera l’équivalent et plus des exportations actuelles.

Lors du Conseil des minis-tres en date du 12 juillet 2020, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a tracé la feuille de route du secteur de l’énergie, relevant la stagnation dans laquelle se trouve ce secteur depuis des décennies, empêtré dans les schémas de production classiques et perdant de vue les énormes potentialités que recèle le pays. Il a donné des instructions afin de réaliser un audit profond au niveau de Sonatrach qui devrait être fait par une commission indépendante, le ministère ou Sonatrach ne pouvant être juge et partie. Pour avoir connu de l’intérieur Sonatrach pendant plusieurs décennies, en tant que directeur d’études, de 1974 à 2015, toute entreprise doit prendre des décisions en temps réel, en ce monde en perpétuel mouvement, avec une concurrence acerbe, notamment dans le domaine énergétique et surtout d’une société qui procure directement et indirectement avec les dérivées 97/97% des ressources en devises à l’Algérie.
Possédant un important vivier de cadres compétents, malgré la déperdition de ces dernières années, en ce mois de juillet 2020, Sonatrach c’est l’ Algérie et l’Algérie c’est Sonatrach. Enjeu énorme de pouvoir, tant les dirigeants que toute la population algérienne sont attentifs à sa gestion et son devenir en attendant une stratégie hors hydrocarbures, dans le cadre de la chaîne des valeurs internationales, fonction de profondes réformes structurelles qui déplacent les segments du pouvoir assis sur la rente, le Conseil national de l’énergie étant l’organe suprême de toute stratégie énergétique.

Les réserves nationales
Selon la loi en vigueur, il est chargé d’assurer le suivi et l’évaluation de la politique énergétique nationale à long terme, notamment de la mise en œuvre d’un plan à long terme destiné à garantir l’avenir énergétique du pays; d’un modèle de consommation énergétique en fonction des ressources énergétiques nationales, des engagements extérieurs et des objectifs stratégiques à long terme du pays ; de la préservation des réserves stratégiques du pays en matière d’énergie; des stratégies à long terme de renouvellement et de développement des réserves nationales en hydrocarbures et leur valorisation ; de l’introduction et du développement des énergies renouvelables; des schémas d’alliances stratégiques avec les partenaires étrangers intervenant dans le secteur de l’énergie et des engagements commerciaux à long terme.
Au niveau des prérogatives, ce n’est plus à Sonatrach d’octroyer les périmètres d’exploitation selon la nouvelle loi sur les hydrocarbures du 28 avril 2005 amendée par l’ordonnance du
29 juillet 2006 ( la loi de janvier 2013, non modifiée dans la récente mouture, étendant la règle des 49/51% et introduisant l’exploitation du gaz de schiste et reconduisant les mêmes procédures) mais à une agence dépendante du ministère de l’Energie Alnaft, entretenant donc des relations fonctionnelles avec cette structure autant qu’avec une autre agence, l’autorité de régulation chargée de suivre les mécanismes des prix. La nouvelle loi a fixé à au moins 51% la part de Sonatrach sur les périmètres octroyés par Alnaft et moins de 49% aux compagnies pétrolières. Mais le partenariat a toujours existé même du temps du socialisme des années 1970.
C’est que la croissance ou pas de l’économie mondiale et le nouveau modèle de consommation énergétique qui se met en place avec le primat de l’hydrogène qui pour le transport, déclassera les énergies traditionnelles entre 2030-2040, et les facteurs géostratégiques sont les facteurs déterminants du cours des hydrocarbures. Ils ont connu une baisse de 50% pour le pétrole du fait de la crise du coronavirus et entre 2008-2020 plus de 70% pour le gaz qui représente 33% des recettes de Sonatrach, assistant depuis 2010 à une déconnexion du cours du gaz par rapport au pétrole ( cours de juillet 2020 moins de 2 dollars le Mbtu) .
D’où l’importance à la fois d’accroitre les ressources traditionnelles et alternatives -énergies renouvelables- et d’un gisement souvent oublié qui engage plusieurs départements ministériels, l’efficacité énergétique en s’appuyant sur les nouvelles techniques, la consommation d’énergie tant au niveau des ménages que du secteur économique, les économies d’énergie pouvant aller à 20/30%.
Cela implique de revoir, notamment les politiques actuelles désuètes de l’habitat , du transport, du prix de cession de certaines unités fortes consommatrices d’énergie, du comportement des ménages, et un large débat national sur les subventions actuellement non ciblées, source de gaspillage et de fuites de produits hors des frontières. Je préconise au niveau du Premier ministre, en relation avec le ministre des Finances, de création d’une Chambre nationale de compensation afin de cibler les subventions destinées aux couches les plus défavorisées et aux secteurs qu’on voudrait encourager d’une manière tran-sitoire. Ceci suppose la mise en place d’un système d’information en temps réel performant. Si on reste au niveau des prix subventionnés actuels (à peine entre
5/ 10 % du prix international selon les utilisateurs, ménages ou opérateurs), la consommation intérieure en 2030 sera l’équivalent et plus des exportations actuelles, environ 60 milliards de mètres cubes gazeux. Il est manifestement impossible de continuer à cette allure.

La durée de vie d’un gisement
Le nouveau management stratégique doit avant tout diagnostiquer l’impact de l’environnement national et international sur Sonatrach et l’appréciation des domaines où l’interface Sonatrach/ environnement peut être amélioré afin de rendre plus performante l’entreprise et la hisser au niveau de la concurrence mondiale. Aussi, l’analyse du fonctionnement de Sonatrach ne peut se comprendre sans la replacer à la fois dans la nouvelle configuration de la stratégie énergétique mondiale , tenant compte des coûts, pouvant découvrir des milliers de gisements mais non rentables financièrement, ces recherches ayant occasionné des coûts entre-temps non amortis et du nouveau défi écologique .
Quels sont les axes directeurs?
Premièrement, le nouveau management de Sonatrach doit prendre en compte cinq facteurs, le vecteur prix international, le coût d’exploitation, la durée de vie du gisement, les découvertes technologiques et les énergies substituables. Il s’agira donc d’élaborer un modèle de simulation donnant plusieurs variantes en fonction des paramètres et variables-fonction de contraintes qu’il s’agira d’éliminer pour éviter des effets pervers, gérer étant prévoir surtout pour cette entreprise stratégique pour le pays… Cette simulation permettra la mise en place de deux ou trois scénarios d’amélioration des performances de Sonatrach tenant compte de l’évolution erratique tant du cours du dollar, de l’euro que du cours du pétrole et du gaz, permettant d’ identifier chaque action, décrire le contenu, évaluer les moyens, les délais, les coûts associés à l’action, vérifier le niveau de gain attendu éventuel, rédiger une fiche descriptive de chaque action accompagnée d’un tableau récapitulatif des moyens, coûts et gains attendus et enfin établir un tableau récapitulatif des indicateurs de performance à prévoir. Pour cela, il s’agira principalement d’analyser l’ensemble des règles juridiques influençant le secteur énergétique (environnement légal et institutions publiques), les circuits banques primaire- banque centrale-Sonatrach pour les conditions de paiement afin d’accélérer la rapidité des opérations, évaluer les structures d’appui professionnelles existantes , les structures d’appui techniques et de formation, l’identification de la stratégie des entreprises concurrentes et des institutions internationales et leurs facteurs- clés de succès pour une comparaison nécessaire de la stratégie internationale des grands groupes pétroliers et gaziers. Deuxièmement : sur le plan comptable, Sonatrach, bien qu’existe une direction de l’audit au niveau de la direction générale, établit souvent un bilan consolidé où l’on ne cerne pas correctement les centres de coûts du fait de ce que les économistes appellent les comptes de transfert, pouvant voiler la mauvaise gestion d’une division. Par ailleurs, au niveau des unités de production la comptabilité établit une valeur globale pour des ventes similaires de certains produits, résultante de la consolidation de produits exportés au prix international et de produits écoulés sur le marché interne à un prix largement plus bas. Aussi, faute de comptes physico-financiers à prix constants, les ratios de gestion sont d’une signification limitée pour apprécier la performance.
Troisièmement : est l’évaluation objective du bilan des contrats toujours en termes de standards internationaux, du partenariat et l’impact de la généralisation des avis d’appel d’offres et des contrats de gré à gré prévus par la loi, l’évaluation de la position financière de Sonatrach, ses perspectives et sa structure des coûts d’exploitation, tenant compte des comparaisons internationales.
Quatrièmement : Sonatrach doit se spécialiser dans ses métiers de base, éviter la dispersion car ses recettes sont la propriété de toute la collectivité nationale, - ce qui supposera une meilleure gestion tant pour l’amont, l’aval, les canalisations et la commercialisation, devant encourager un partenariat gagnant-gagnant avec des firmes de renom , une loi devant s’adapter aux nouvelles mutations.
Cinquièmement : Sonatrach doit miser sur le dialogue social interne avec son collectif, mobiliser ses ressources humaines par une formation permanente, qui constitue le capital le plus précieux et s’ouvrir sur la société par une nouvelle organisation.

Face à la concurrenceinternationale
En conclusion, il faut être réaliste, l’Algérie dépendra encore pendant de longues années des recettes de Sonatrach. En ce mois de juillet 2020, , comme je le rappelais lors de mes interventions à Alger, l’une à l’invitation du ministère de la Défense nationale ( Imped) le 27 mars 2018 sur la sécurité et le trafic des frontières, l’autre le 1er avril 2018 sur la sécurité alimentaire, de l’eau et la sécurité énergique à la salle des Conventions, la troisième lors des 11èmes Journées scientifiques et techniques du 16-19 avril 2018 à Oran et ma conférence à l’Ecole supérieure de guerre devant les officiers supérieurs en mars 2019, actuellement deux institutions stratégiques sont garantes de la Sécurisé nationale, l’ANP et toutes les forces de sécurité et Sonatrach. Pour faire face à la concurrence internationale, le devenir de Sonatrach doit s’insérer dans le cadre de la nouvelle transition numérique et énergétique, étant une erreur stratégique de raisonner sur le modèle de consommation énergétique linéaire du passé. C’est dans ce cadre que doit être mis en œuvre, pour l’Algérie, un programme national cohérent de la transition énergétique posant la problématique de sa sécurité énergétique maîtrisée s’insérant dans le cadre global d’une transition d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux. Cela suppose de revoir l’actuel modèle de consommation énergétique, posant la problématique des subventions dans le domaine énergétique, et de lever toutes les contraintes bureaucratiques d’environnement qui freinent l’expansion de l’entreprise publique ou privée créatrice de valeur ajoutée. A.M.

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