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Un premier test historique réussi

La guerre contre la corruption continue

Le grand défi qui attend nos juges en cette veille d’élection présidentielle est de maintenir ouverte la porte de l’indépendance acquise.

Le procès qui s’est terminé sur de lourdes peines de prison à l’encontre de deux ex-Premiers ministres, trois ex-ministres, des hommes d’affaires et un ex-wali, illustre parfaitement la rupture entre deux mondes. S’il fallait une image pour marquer l’époque historique que vit l’Algérie, ce serait celle de ces anciens responsables de gouvernement dans le box des accusés. Sans préjuger de l’évolution de l’affaire dite de l’assemblage de voitures, puisque les condamnés ont la possibilité d’interjeter appel du jugement, il est clair que la scène de Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal répondant aux questions du juge et du procureur marquera, pour longtemps, la chute d’un régime et surtout d’une certaine façon de conduire les affaires du pays. Ce scénario, encore inimaginable il y a 10 mois, est la conséquence directe de la volonté populaire. Les Algériens ont décidé, en toute souveraineté, de mettre un terme à une gouvernance qu’on savait poreuse. Ils ont mandaté la Justice de «faire le ménage».
Le caractère public du procès s’imposait, de fait, en ce sens que les citoyens, qui ont mis tout ce beau monde sur la touche, voulaient avoir le fin mot de l’histoire. Mais ce n’est pas fini ! Ce procès est le premier d’une série qui promet de dévoiler beaucoup de secrets de la gouvernance. D’autres ministres, d’autres hommes d’affaires attendent d’être jugés. Le préjudice subi par l’économie nationale est loin d’être totalement identifié à voir la longue liste de chefs d’inculpation retenus contre les uns et les autres. La Justice, libérée par le Mouvement populaire et l’ANP, a visiblement fort à faire. Les Algériens qui suivaient avec une pointe de méfiance le procès de ces derniers jours, reconnaissent les avancées enregistrées sur le terrain. Ils ont constaté «sur pièce» toute l’étendue du pouvoir judiciaire.
Ils savent donc que les affaires qui suivront apporteront leurs révélations, mais conforteront aussi l’idée qu’ils se font désormais de la justice algérienne. Plus indépendante, plus forte et moins dépendante du pouvoir exécutif. Ce ne fut pas le cas dans le passé, la Justice souffrait, faut-il le souligner, de graves dysfonctionnements. L’on a, en effet, vu des actes quelque peu «bizarres» que l’on ne pouvait expliquer. Mais il est clair, qu’aujourd’hui, les choses ont évolué et la parole du magistrat s’est libérée. Il peut sans aucun problème interpeller un ministre, demander la levée d’immunité de parlementaires et rendre, en son âme et conscience, des jugements qu’il aurait pensé impossibles, il y a 10 mois. En ce laps de temps, tellement de choses ont changé dans les rapports entre l’Exécutif et le judiciaire que cela peut relever du miracle.
Les citoyens qui ont pris acte de la «nouvelle peau» de leur Justice entendent de la voir à l’œuvre. Pas seulement pour les procès des symboles de l’ancien régime, mais aussi en toute circonstance. Si la force de la Justice est son indépendance, sa crédibilité est dans le respect qu’elle aura gagné auprès des justiciables. Il semble, en tout cas, qu’elle y tient vraiment et la volonté d’aller au fond des dossiers en cours de traitement est censée renforcer la nouvelle idée que se fait d’elle le citoyen lambda.
Le grand défi qui attend nos juges en cette veille d’élection présidentielle est de maintenir ouverte la porte de l’indépendance acquise. Quelle que soit l’identité du prochain président de la République, l’institution judiciaire dispose d’assez d’arguments et de textes législatifs susceptibles de lui permettre de «garder la tête froide» face à l’Exécutif et au nouveau régime qui va s’installer. La Justice aura la lourde mission de donner tout son sens au concept d’Etat de droit. C’est sur elle que repose toute la responsabilité de dire le droit, dans un pays qui s’ouvre à peine à la culture démocratique. Ce ne sera pas une partie de plaisir et les juges des démocraties les plus avancées peuvent en attester. L’indépendance de la justice est un combat au quotidien que mènent les magistrats. Ceux d’Algérie ont la chance d’être accompagnés par une armée républicaine et une société consciente de son rôle dans l’édification d’un Etat démocratique. Dans cette équation, chacun aura sa mission. Et la plus importante sera manifestement celle de la Justice… 

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