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Colonel à la retraite, Larbi Cherif Abdelhamid, expert en sécurité et stratégie, à L’Expression

«La menace est réelle et immédiate»

Dans l'entretien qu'il nous a accordé, Larbi Cherif Abdelhamid, explique comment et pourquoi l'Algérie est une tour inviolable par le terrorisme.

L'Expression: Après la découverte de 80000 euros à Jijel, l'Armée nationale populaire accroche un groupe terroriste à Tipasa. Quelle lecture faites-vous de la situation sécuritaire de ces derniers jours?
Larbi Cherif Abdelhamid: Ces opérations sont le fruit d'une bonne exploitation des informations fournies par des terroristes arrêtés. Je retiendrai, parmi ces terroristes, ceux qui étaient incarcérés au Mali. L'opération de Jijel a été le point de départ pour le déclenchement d'autres un peu partout dans les maquis pour avorter le projet de relance de l'activité terroriste en Algérie. À ce propos, je reste convaincu qu'il existe un plan de dimension internationale, visant à déstabiliser l'Algérie. Le foisonnement de communications entre les groupes armés au Sahel et l'argent des rançons et de la drogue qui y circule créent un contexte régional très instable. L'ambiance qui règne à nos frontières, à l'est au sud et à l'ouest, plaide en faveur d'un projet tendant à affaiblir l'Algérie en la frappant à l'intérieur de ses terres, tout en maintenant une pression à ses frontières. Tous ces indices sont révélateurs d'une tentative de relance des actions terroristes en Algérie.
Ma lecture va également en direction de la grande efficacité des services de sécurité et de l'ANP. Ils réalisent un travail formidable en matière de collecte du renseignement et son exploitation avec une précision chirurgicale, de sorte que les dispositifs actifs et passifs mis en place parviennent à déjouer toutes les menées hostiles dirigées contre le pays, les opérations de Jijel et Tipasa en témoignent. Mais j'insiste sur le fait que cela ne suffit pas pour rendre le pays totalement étanche. Aussi, il faut insister sur la nécessité d'une vigilance accrue pour garantir la sécurité du pays.

Le chef d'état-major de l'ANP s'est déplacé sur les lieux de l'opération anti-terroriste. Selon-vous, y a-t-il un message derrière?
Le déplacement du chef d'état-major de l'ANP sur le terrain des opérations traduit, à mon sens, l'importance et l'immédiateté de la menace qui pèse sur le pays. Le premier responsable de l'ANP n'assiste pas, en compagnie des responsables opérationnels, à une opération mineure. Je vous renvoie à ma réponse à votre première question pour souligner l'importance du renseignement dans ces opérations de Jijel et Tipasa. On ne connaît pas l'exacte ampleur de la menace, mais l'on peut noter que dans le déplacement du chef d'état-major et la médiatisation de sa présence auprès des soldats, il y a une lecture sur la menace qui est réelle. Mais l'on peut aussi y lire l'imminence d'un succès éclatant de l'ANP. l'accrochage de Tipasa n'est pas le fait des terroristes, mais des éléments de l'ANP. Cela veut dire que notre armée, a l'initiative et qu'elle est en passe de réduire à néant un plan de redéploiement terroriste en Algérie. J'ai le sentiment que cette opération, en elle-même, et les résultats qui en découleront seront d'une grande valeur pour mettre sur pied la nouvelle approche et stratégie de lutte contre la menace.

Selon vous, existe-t-il un risque de reconstitution effective d'un maquis terroriste en Algérie? et qui pourrait le financer?
Le risque de reconstitution des maquis est très faible. Mais il faut toujours garder en tête que pareille option n'est pas à écarter pour maintenir la vigilance à son niveau maximal. Vous savez que les groupes terroristes travaillent sur les situations socio-économiques des sociétés et ciblent les esprits faibles. Il en existe partout dans le monde. Ce genre d'individus est facilement recrutable dans une société fragilisée par une crise économique causée par les effets pervers de la Covid-19. Celle-ci a engendré un taux élevé de chômage, d'où la hausse de la pauvreté. Cela peut créer un sentiment d'abandon qu'exploitent les réseaux terroristes. Ce sont là, les ingrédients susceptibles d'être exploités pour le recrutement en usant de l'argent, à l'image de la somme découverte à Jijel. Ces réseaux qui s'étendent à toute la région répondent aux besoins financiers des recrutements. L'argent de la drogue constitue pour certains services de renseignements étrangers le meilleur moyen pour financer les actions hostiles. Mais cela reste quasi impossible en Algérie.

Peut-on voir dans ce regain d'activité terroriste un lien avec les derniers développements sur la scène régionale?
Sachez que dans bien des cas, le terrorisme est une action des services de renseignements destinée à faciliter la concrétisation d'agendas stratégique pour telle ou telle autre puissance. On peut toujours se poser la question sur la longévité du sinistre Belmokhtar alors qu'il active dans une zone où opèrent des unités militaires de plusieurs pays. Ce terroriste et bien d'autres servent les desseins qui le dépassent et qui ont un rapport direct avec la géopolitique. Les points de tension, c'est connu, sont autant de nids d'espions. Ces derniers activent pour le compte de leurs pays respectifs, en traitant avec les groupes terroristes pour sous-traiter l'instabilité. Laquelle est motif des interventions militaires directes dans les pays du Sahel. Pour répondre à votre question, je dirai que oui, il y a de fortes chances qu'il y ait un lien entre l'intention de porter la guerre en Algérie et la situation dans le Sahel.

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