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Des lois critiquées avant même d’être rendues publiques

Le cheval de Troie

Il y a dans cette offensive contre ces deux lois, quelque chose de réellement bizarre, sachant que l’opinion nationale n’en sait pas grand-chose.

L’actualité du Mouvement populaire a apporté une nouveauté dans les rapports entre le pouvoir et la rue. Il est certes indéniable que le gouvernement Bedoui n’est pas en odeur de sainteté auprès du Hirak. L’on a même enregistré quelques tentatives de blocage des visites ministérielles. A partir de vendredi dernier, la critique est passée un nouveau cap, puisque la loi de finances et celle relative aux hydrocabures, qui devraient être aujourd’hui au menu du Conseil des ministres, ont été le centre d’intérêt des marches à travers le pays. Les manifestants ont repris en chœur, dans toutes les villes, théâtres des marches pacifiques, leur rejet de ces deux textes législatifs. Cette synchronisation et la similitude des slogans, et surtout les reproches qu’on fait à ces deux lois appellent légitimement à s’interroger sur les tenants et les aboutissants de ces nouveaux slogans qui viennent mettre dans la rue des textes censés relever d’un niveau de technicité, difficile à démêler dans un tel lieu. Il y a dans cette offensive contre ces deux lois, quelque chose de réellement bizarre, sachant que l’opinion nationale n’en sait pas grand-chose. Les ministres des Finances et de l’Energie en ont donné quelques grandes lignes, mais, à aucun moment, un document officiel estampillé du sceau du gouvernement ou de la présidence de l’Etat, n’a été rendu public. L’opinion nationale ne connaît donc pas le contenu de ces lois. Pourtant, on a tenu dans les marches de vendredi dernier et sur les réseaux sociaux des propos hallucinants, du genre que la loi de finances 2020 ouvrirait les portes aux étrangers, que l’économie nationale allait être bradée. Ces critiques qui circulaient, avant-hier, dans rues de la capitale et d’autres villes du pays, ne reposaient en réalité que sur des rumeurs distillées par les réseaux sociaux.
Concernant la loi sur les hydrocarbures, les attaques sont mieux élaborées. Des prétendus cadres supérieurs, affirmant avoir lu le projet de loi, développent sur plusieurs pages facebook des scénarios abracadabrants. Ils se cachent derrière un anonymat suspect et déroulent un chapelet d’accusations aussi insensées les unes que les autres. On y dit à titre d’exemple, que le pétrole sera purement et simplement bradé, qu’au titre de cette loi, l’Algérie perdra toute souveraineté sur son sous-sol.
Les tenants de cette attaque en règle contre les deux lois savent qu’en raison de leur complexité, les citoyens n’iront pas vérifier la véracité de leurs dires. Ils en profitent, via la télévision de l’ex-FIS, pour construire un argumentaire fallacieux pour amener les Algériens à faire pression sur le gouvernement. L’objectif poursuivi n’est pas l’amendement ou l’amélioration du contenu de ces lois, mais pour créer les conditions d’un pourrissement irréversible de la situation dans le pays. Les appels à manifester spécifiquement contre ces deux lois n’émanent certainement pas de la «dynamique populaire». Comment cela serait-il possible alors que l’on ne connaît pas les détails de ces textes ?. Il est clair que dans cette «opération», il y a une volonté de nuire, pas au gouvernement ou au Hirak, mais à l’Etat algérien.
En développant un discours vicieux, défendant la thèse qu’il existe un «désir gouvernemental» d’affamer les Algériens, de les dépouiller de leurs richesses, une réelle intention de faire dévier le Mouvement populaire. Le moyen d’y parvenir semble assez clair : on transforme la rue en un gigantesque tribunal à ciel ouvert, chargé de condamner et punir l’Exécutif, sans aucune espèce de débat. Le motif est tout trouvé, à savoir que la rue rejette le gouvernement. Ce dernier n’a pas à statuer sur des lois aussi essentielles que celle des hydrocarbures. quand bien même, cette approche serait légitimement défendable, la sagesse voudrait qu’on sache ce qu’il y a dans ces lois, qu’on en débatte entre spécialistes, qu’on en vulgarise les concepts pour les rendre accessibles au plus grand nombre, que l’on évalue les grands enjeux intérieurs et extérieurs, mais pas de prendre des positions aussi tranchées. Il faut croire que ceux qui ont mis ces deux lois dans la rue ne voulaient pas d’un débat citoyen. Ils y perdraient.
Il faut dire que tel que présentées dans les marches et sur les réseaux sociaux, il est difficile de ne pas voir dans les attaques contre la loi de finances et la loi sur les hydrocarbures, une manœuvre malintentionnée de quelques cercles hostiles. Ces derniers profitent certainement d’un grave déficit de communication des pouvoirs publics, mais cela ne les disculpe pas de leur intention de manipuler des lois complexes pour créer une situation d’impasse en Algérie.

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