{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

Ils exploitent la fibre identitaire pour se replacer sur l'échiquier politique

Le jeu dangereux des islamistes

Contraints de jouer la défensive sur le front démocratique, bridés dans leur ardeur d'entrisme irrépressible, les islamistes contre-attaquent. En agissant sur la fibre identitaire, ils tiennent un bon prétexte pour cliver le débat sur le projet de société.

Sommes-nous condamnés à un éternel recommencement des choses? L'Algérie a été le premier pays musulman à faire la dramatique expérience de l'islamisme politique dans laquelle elle a payé un très lourd tribut en vies humaines et pertes matérielles. Après avoir massacré l'image de l'islam aux yeux du monde en le traînant dans le marécage politique, les islamistes algériens s'attaquent à présent à la fibre identitaire, quitte à mettre le pays à feu et à sang. Le président du Front pour la justice et le développement, (fjd) Abdallah Djaballah, a considéré la nouvelle Constitution comme une «menace pour les constantes», notamment le 4e article portant sur le constitutionnalisation de la langue amazighe. Le même souci démange le président du Mouvement El Bina, Abdelkader Bengrina qui a vivement critiqué le même article 4 du projet constitutionnel relevant «la négativité flagrante de ce projet est de garder l'article 4 tel qu'il est, bien qu'il soit l'héritage empoisonné du régime de la Issaba et de la Constitution de Bouteflika». Ainsi donc «tamazight est donc un héritage de la Issaba de Bouteflika (sic). Si on n'a pas une estimation sur l'étendue de la bêtise, ces propos de Bengrina nous donnent une parfaite idée.
Plus sournois, le MSP tout aussi opposé à tamazight, s'est fait un malin plaisir de contredire son allié idéologique. Bengrina voulait brouter dans la prairie de l'entrisme, mais sur ce terrain précis, le MSP est un AS.
Seul tamazight capte l'intérêt de cette mouvance. Pour elle, les bouleversements géopolitiques qui s'opèrent sous ses yeux ne sont d'aucune importance, d'aucune menace pour le pays. Que le Liban, le Soudan suivent l'exemple tunisien en se débarrassant des derniers reliques d'un islamisme rétrograde ne les regarde pas. Que les Emirats arabes unis, le Bahreïn en attendant d'autres, s'alignent derrière Israël ne les rameute pas. On l'a compris: le seul danger qui guette la Oumma c'est le tamazight!
Mais les islamistes ne sont pas bêtes. Toutes ces attaques, toutes ces manoeuvres ne sont qu'une offre de service, un jeu dangereux et malsain capable de mener, comme durant la décennie noire, à des dérives comme celle causée par leur irresponsabilité à instrumentaliser la religion.
Contraints de jouer la défensive sur le front démocratique, bridés dans leur ardeur d'entrisme irrépressible, les islamistes contre-attaquent. En jouant sur la fibre identitaire, ils tiennent un bon prétexte pour cliver le débat sur le projet de société, et se posent en champions de l'unité nationale et de défenseurs de l'islamisme qu'ils ont eux-mêmes souillé. Ils savent pertinemment que l'enjeu principal n'est pas la Constitution, mais que tout va se jouer lors des prochaines élections législatives. Ils se placent déjà dans le coup d'après. Atteindre la majorité parlementaire, est devenu une entreprise réalisable. Le rêve est surtout possible, se disent-ils, face au vide politique sidéral. Un vide, par ailleurs, que l'équipe présidentielle tente de combler par le truchement de la société civile. Va-t-elle y parvenir en un temps si court? L'oeil rivé sur l'échiquier politique où deux grandes cases sont vides, il y a une place à prendre. Qui remplacera le FLN et le RND, rejetés par la rue, mieux que les islamistes? La dernière élection présidentielle a donné l'eau à la bouche à cette mouvance.
Le FLN et le RND qui ont soutenu le candidat Mihoubi n'ont récolté, tous les deux réunis, que 619 000 voix, très loin derrière l'islamiste Bengrina qui les toisait avec ses 1, 5 million de voix. Depuis, toutes leur démarche, toute leur stratégie se focalise sur cet objectif. Le pouvoir législatif est à portée de main, il suffit juste de courber l'échine pour le ramasser. En la matière, les islamistes font preuve d'une redoutable flexibilité. Pour l'occasion, ils sont devenus reptiliens. La question est de savoir jusqu'à quel point le pouvoir cessera de leur faire des concessions pour stopper cette noria de malheur?

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré