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Leur ligue et l'UMA pulvérisées par les derniers développements régionaux

Le naufrage arabe

Les populations sont déjà dans le regret des revers d'hier que des renoncements d'aujourd'hui. Comment en serait-il autrement depuis la trahison des rois qui se sont accroupis devant l'entité sioniste?

Les normalisations en cascade de ces dernières semaines dont celle du Maroc, le dernier repenti, ont sonné le glas du panarabisme, un mythe entretenu pendant près de 70 ans. Les déclarations tonitruantes à la gloire de l'unité arabe suscitent aujourd'hui, sinon une glaçante indifférence, au mieux l'hilarité. Les populations sont déjà dans le regret des revers d'hier, que des renoncements d'aujourd'hui. Comment en serait-il autrement depuis la trahison des rois qui se sont accroupis devant l'entité sioniste? La Ligue des Etats arabes et l'UMA (Union du Maghreb arabe), deux regroupements régionaux qui ont suscité de larges espoirs économiques et politiques, constituent de parfaites victimes collatérales de cette normalisation avec Israël.
L'effondrement des armées de la coalition arabe durant la guerre israélo-arabe (1967), a été un grand tournant politique. Il a signé l'échec de toute une génération qui avait parié sur le développement, l'unité arabe et le socialisme. Cette première fissure a été accentuée des décennies plus tard quand une coalition d'Etats arabes s'engagera, pour la première fois, aux côtés de puissances occidentales, les Américains en tête, dans une guerre dirigée contre un pays «frère», l'Irak, pour en libérer un autre, le Koweït? Incroyable avatar de l'Histoire. Le premier pays du Front du refus est attaqué par les siens! Le rapprochement entre Tel-Aviv et Khartoum est un symbole d'autant plus fort que c'est dans la capitale soudanaise que fut constitué, le 1er septembre 1967, un «Front du refus» de neuf pays appelant à poursuivre la lutte contre Israël pour récupérer les territoires perdus lors de la guerre des Six-Jours Devenue une coquille vide, la Ligue des Etats arabes ne servait alors plus à rien si ce n'est assouvir les visées des monarchies du Golfe qui la dirigent par les forces de leurs pétrodollars.
L'UMA (Union du Maghreb arabe) a subi elle aussi les effets dévastateurs de la normalisation. Avec l'alignement du Maroc qui a invité Israël à nos frontières, l'UMA est à jeter aux oubliettes.
Mohammed VI n'a fait que suivre les traces de son père, Hassan II, lequel avait plaidé pour l'association du «génie israélien et des capitaux arabes», après avoir livré, lors d'un sommet arabe à Rabat les préparatifs de guerre de l'Egypte et de la Syrie contre Israël en 1967. Dans ce royaume, la trahison a de profondes racines. Il va falloir maintenant réinventer d'autres mécanismes, d'autres regroupements et d'autres alliances pour combler le vide. Qu'on ne se trompe pas. Sur l'échiquier maghrébin, le roi Mohammed VI n'est pas la seule pièce qui fait le jeu. La donne stratégique est capitale dans la détermination des rapports de force dans cette région. La décision de Trump ne change effectivement rien au problème du Sahara occidental. En revanche, il aura un impact certain sur les forces en présence en Afrique du Nord. Un déséquilibre des forces qu'apporte la présence américano-israélienne au Maghreb poussera l'Algérie à se rapprocher davantage de la Russie et de la Chine qui sont d'ailleurs ses alliés traditionnels. Avec un tel rapprochement, l'Algérie gardera son rôle pivot en Afrique du Nord.
La fracture que s'infligent ces deux «institutions» conforte l'opinion de tous ceux qui contestent jusqu'à l'existence d'une nation arabe et, partant, des sentiments unitaires, voire même fraternels, que l'on prête aux Arabes
«de l'Atlantique au Golfe». De débâcle en débâcle, le nationalisme arabe réduit à sa plus simple expression n'effraie plus devant l'islamisme devenu le nouvel ennemi de l'Occident. Déboussolées, les sociétés se tournent vers la religion, et on assiste à l'émergence de mouvements islamistes d'autant plus puissants que les gouvernements en place, autoritaires, minés par la corruption et qui n'ont d'autre objectif que de se maintenir au
pouvoir. 

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