{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

Les rassemblements pro-élection régulièrement chahutés

Le pacifisme en otage

La persistance de ces scènes, constatée un peu partout, peut conduire à des affrontements entre citoyens, ce qui n’arrange absolument personne.

La journée d’hier a été marquée par des manifestations en faveur de l’élection présidentielle dans différentes wilayas du pays. Les Algériens acquis à l’idée d’une sortie de crise par un retour rapide à la légalité constitutionnelle ont exprimé leur point de vue, et c’est tant mieux pour la pluralité d’opinions. Les rassemblements ont certes été, dans certaines wilayas, assez timides, mais cela ne doit pas être assimilé à de la faiblesse d’arguments ou autre défaut de représentativité populaire. Chaque Algérien a effectivement le droit de dire son opinion et la défendre dans la rue. Le Mouvement populaire du
22 février a consacré cette liberté, dont jouissent depuis, les militants et les citoyens qui ont choisi de contester l’organisation de l’élection présidentielle.
Ces derniers n’ont pas été les seuls «libérateurs» de l’expression politique dans le pays. Parmi les marcheurs du mois de mars et notamment du 8 mars 2019, qui a été la date-couperet qui a décidé du sort de l’ancien président de la République, il y avait beaucoup de citoyens qui, aujourd’hui, estiment important d’en finir avec l’instabilité institutionnelle par le biais de l’élection d’un nouveau président. Parmi les manifestations pro-élection présidentielle d’hier et des jours qui ont précédé, il existe des citoyens qui ont manifesté contre le cinquième mandat pour Abdelaziz Bouteflika. Or, au vu des scènes que l’on a constatées à chaque rassemblement en faveur de la présidentielle, on a l’impression que ces voix sont interdites d’expression par des jeunes qui s’autoproclament «propriétaires» de l’espace public, parce qu’ils pensent représenter une prétendue majorité. Quand bien même ce serait la vérité, l’attitude de ces jeunes n’est pas différente de celle du «système Bouteflika» qui empêchait les rassemblements du collectif Barakat en 2014 et Mouatana en 2018.
S’octroyer le droit d’insulter des citoyens et chahuter leurs manifestations parce qu’ils sont minoritaires n’a absolument rien à voir avec l’esprit du Mouvement populaire qui a prôné le pacifisme tout au long des 39 semaines de manifestations. A cause de cette opposition systématique et à la limite de la violence verbale contre les pro-présidentielle cela empêchera de connaître, leur véritable poids sur la scène nationale. Il est entendu que les harcèlements dont ils sont l’objet ont un effet répulsif sur les citoyens qui n’ont pas choisi leur camp. Et ces derniers, contrairement à ce que disent certains, sont bien plus nombreux qu’on ne le croit. Des pères de familles qui s’inquiètent du devenir de leur pays et qui peuvent penser que voter pourrait être la moins mauvaise solution, à défaut d’être la meilleure, existent bel et bien en Algérie.
Cela étant dit, il n’y a pas de raisons qui justifieraient l’opposition des jeunes aux rassemblements des pro-élection. L’argument qui veut que ces manifestants soient à «la solde du pouvoir» est irrecevable. D’abord parce que chaque Algérien est libre d’agir comme bon lui semble dans les limites de la loi. L’accuser de «jouer le jeu du pouvoir» c’est lui faire un procès d’intention. Ensuite, l’empêcher de parler, c’est se mettre hors la loi et surtout en contradiction avec l’esprit même du Mouvement populaire. Insister sur cette voie conduirait forcément à des dérapages et cela ne servira aucunement le caractère pacifique de la contestation populaire.
Il est clair donc que la persistance de ces scènes, constatée un peu partout, peut conduire à des affrontements entre citoyens, ce qui n’arrange absolument personne. Il faut dire que l’on peut légitimement se poser la question sur les objectifs réels de ces attroupements autour de chaque rassemblement pro-présidentielle. L’action militante ou encore l’intention de «déjouer les plans du pouvoir» ne suffisent pas pour justifier une grave entrave à l’esprit du Mouvement populaire. Les millions d’Algériens qui sont sortis durant les quatre ou cinq premières semaines du mouvement n’ont pas été consultés sur la conduite à tenir face aux pro-élection. Ce sont ceux qui restent dans les rues qui ont pris la décision d’«entrer en guerre» contre la présidentielle. Sont-ils majoritaires ? A voir la décrue de la mobilisation, ces derniers mois, il est clair que la réponse est non. En réalité, c’est une minorité militante et agissante du Mouvement populaire qui risque de prendre en otage une belle idée née d’un formidable soulèvement pacifique qui a émerveillé le monde.

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré

Les + Populaires

(*) Période 7 derniers jours