Le sursaut d’une jeunesse

Dépolitisée! Inconsciente! C'est ce qu'a suggéré l'opinion publique durant des années, en ce qui concerne l'engagement de la jeunesse dans la vie politique. Pourtant, cette indifférence qu'affichait la jeune génération n'était qu'un masque et pour preuve le 22 février 2019. L'insensibilité assumée des jeunes Algériens à la politique traditionnelle est un choix qui cache d'autres formes d'engagements tout aussi politiques. C'est le désir du changement et de liberté qui a motivé la jeunesse qui, lors de ce fameux 22 février d'une voix unanime a dit non et avec une expression propre à elle, communément appelée le «langage de la rue». En effet, l'expression choisie pour revendiquer ses droits n'est pas celle des politiques traditionnelles. Elle a pour principale référence le «parler et la culture algériens».
Pancartes, slogans, chants, un arsenal de revendications intimement lié au quotidien des jeunes Algériens issu des quartiers populaires. L'enjeu de la jeunesse mobilisée est avant tout la réappropriation de l'espace public sous le contrôle des pouvoirs en place et des courants conservateurs.
Mais si on va dans le fond des choses et dans l'analyse, certes primaire du discours on se rend compte que c'est le désir d'affirmation qui a motivé les jeunes. Puisque depuis trop longtemps le fossé des générations était flagrant et l'image publique de la «jeunesse» ne reflétait pas la réalité socio-économique de cette dernière qui, pourtant, à en croire le discours officiel faisait la fierté de la nation. Il est clair que la situation n'est pas une exception dans le monde, à travers les siècles et l'histoire de l'humanité, la jeunesse a toujours été le moteur du changement et des révolutions. Et l'Algérie n'est pas en reste, c'est la jeunesse qui est le porte-voix, mais aussi à l'origine du Mouvement populaire et pacifique. Et elle semble résolument tournée vers l'avenir, les faits de l'histoire ont moins de poids à ses yeux que les perspectives qui s'offrent à elle, non seulement pour sa propre construction mais aussi celle de la nation. Née à l'époque des smartphones et du digital et aussi la menace des guerres technologiques, elle est plus sensible à la nécessité d'adaptation de la pensée politique qu'au progrès qui en train de s'opérer dans le monde.
Cela dit, bien que la jeunesse ait franchi le premier pas, pris conscience de son existence, elle devra cela dit, envisager l'apprentissage, le militantisme, et l'activisme.