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Algérie-France

Le temps des retrouvailles

Les liens entre les deux pays sont d’abord et surtout des liens passionnels que l’histoire a cimentés, avec leurs bons et mauvais ferments.

Quand on parle des relations franco-algériennes, on évoque souvent les rapports qui fondent un couple à la fois solide et tumultueux. Que de brouilles et de réconciliations a-t-on compté! Que de violents réquisitoires et de mises en garde à peine diplomatiques! C'est que les liens entre les deux pays sont d'abord et surtout des liens passionnels que l'histoire a cimentés, avec leurs bons et mauvais ferments. De part et d'autre de la Méditerranée, la mémoire se conjugue avec deux communautés qui pèsent lourdement, dans le bon comme dans le mauvais contexte. Mais à chaque fois qu'on imagine l'instant de rupture, il y a toujours cet élan qui nourrit de nouvelles espérances, du moins pour quelque temps
Dans les années 2000, au moment où l'Algérie commençait à peine à se relever d'une décennie noire durant laquelle elle s'est vue abandonnée face à un terrorisme abject qu'elle a dû vaincre seule et par ses moyens propres, le ballet diplomatique a recommencé: Hubert Védrine, alors ministre des Affaires étrangères, avait ouvert le bal. Il sera suivi, quelques années plus tard, par le président jacques Chirac, sans doute l'homme qui aura été le plus proche de l'Algérie et de son peuple, ponctuant sa visite en 2003 par la «Déclaration d'Alger» avec laquelle il lançait l'idée d'un partenariat d'exception et envisageait même un Traité d'amitié sur le modèle du Traité de l'Elysée signé avec l'Allemagne de Konrad Adenauer par le général de Gaulle en 1963.
La lune de miel était trop belle pour résister aux rancoeurs d'une partie de la droite, emmenée par Nicolas Sarkozy qui militait farouchement pour «déculpabiliser les Français» de la guerre d'Algérie et pour saluer au contraire «les bienfaits de la colonisation», au moment où l'Algérie réclamait une «repentance». Sous la houlette des partisans de Sarkozy soutenus par l'extrême droite, la loi scélérate du 23 février 2005 vantant les bienfaits du colonialisme en Algérie et au-delà a fini d'enterrer les illusions de retrouvailles enfin sincères et affranchies des méandres de la guerre d'indépendance qui a mis fin à
132 ans de domination et d'exploitation coloniale.
Le mandat de Sarkozy restera dans la mémoire algérienne comme celui de la réhabilitation des anciens de l'OAS, de la création d'un ministère de l'Identité nationale, de la stigmatisation des enfants d'immigrés d'origine surtout algérienne et de son intention de réviser les accords sur la main-d'oeuvre de 1968. Après quelques années de rapports distendus que l'aventure libyenne de Sarkozy n'a fait qu'aggraver, Alger s'étant farouchement opposée à la guerre menée par l'Otan contre Tripoli, voilà que le président François Hollande s'est efforcé d' «apaiser» la relation bilatérale en donnant quelques gages prudents, comme le geste envers Maurice Audin ou l'hommage aux victimes algériennes du 17 octobre 1961. Avec Hollande, la France renforce sa position malgré la forte concurrence de la Chine, devenant le deuxième partenaire commercial, avec 10,5 milliards d'euros d'échanges en 2016. Premier partenaire sur le continent africain, avant le Maroc, Paris comptera plus de 7 000 entreprises françaises exportant en Algérie et près de 500 installées, dont des groupes comme Renault, Sanofi, Alstom, Total, Peugeot, et plusieurs banques. Reste que les échanges ne modifient guère la profondeur des habitudes et des arrière-pensées, les Algériens découvrant une politique des visas qui les ravale au rang des indésirables alors que les hommes politiques français ont bien du mal à se défaire de leurs réflexes d'antan.
Avec Emmanuel Macron, qui n'a pu effectuer une visite d'Etat difficile à envisager à cause de la maladie de son homologue algérien, il y a une sorte de continuité, toujours prudente et soupesée. Après avoir parlé de «réconciliation des mémoires», tout en «excluant le déni et la repentance», il s'est heurté à la realpolitik d'Alger qui n'a pas agréé sa stratégie dans le Sahel où il comptait fortement sur un engagement militaire algérien. Tout en oeuvrant à maintenir les échanges économiques à leur niveau maximal, il observe, depuis, un attentisme circonspect. Au lendemain de l'élection présidentielle, l'Algérie a tourné la page des années difficiles qui ont caractérisé le quatrième mandat de Bouteflika. Aussi, il serait temps, de part et d'autre de la Méditerranée, de mettre les dossiers sur la table et de relancer le processus d'une coopération mutuellement avantageuse, fondée sur les paramètres économiques, stratégiques et humains, faute de parvenir à un Traité d'amitié conforme aux voeux de Jacques Chirac.

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