{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

Auditionnée, hier, avec ses deux filles

Mme Maya, Hamel et les deux chiens

Le juge lui demande comment elle a connu l’ex-ministre El Ghazi. «On m’a recommandée» dit-elle. Et le juge d’insister : «Quand ? et qui vous a facilité cette tâche ?». Mme Maya n’hésite pas à lâcher: «C’est le président Bouteflika.»

Le procès de Mme Maya, ses deux filles et une dizaine d'autres prévenus dont les deux anciens ministres Abdelghani Zalène et Mohamed El Ghazi, le fils de ce dernier, Chafi El Ghazi ainsi que l'ancien directeur général de la Sûreté nationale Abdelghani Hamel, s'est ouvert, hier, au tribunal de Chéraga. En dehors de l'audition à la barre de la principale accusée et ses deux filles, cette première journée a été consacrée à la bataille juridique menée par le conseil de Mohamed El Ghazi dont l'état de santé ne permettrait pas son jugement. Ex-wali de Chlef avant d'occuper le poste de ministre du Travail, Mohamed El Ghazi, 71 ans, paraît très affaibli. Au box des accusés, El Ghazi, assis aux côtés de l'ex-Dgsn et l'ex-ministre des Travaux publics, garde les yeux fermés. Sa tremblote, conséquence de la maladie de Parkinson, est très prononcée. Mais il n'y a pas que cela. Hier et à l'entame de l'audience, son avocat, invité à présenter ses observations portant sur la procédure, a affirmé que son mandant souffre de «troubles neurologiques» et que sa santé mentale était très «dégradée». Il s'interrogera d'ailleurs, sur les raisons du non-versement de trois expertises de neurologues et psychiatres, demandées par le juge enquêteur de la Cour suprême, dans le dossier de son client. «Est-ce un oubli, une négligence ou un acte délibéré?» a demandé Me Hadjouti Salim qui soutient que l'état de l'ex-ministre s'est dégradé depuis son incarcération à la prison d'El Harrach.
L'avocat demande une copie des expertises ou l'examen d'urgence par un spécialiste de la santé mentale de son client pour établir si ce dernier est apte à être jugé. Ce qui va amener le magistrat à lever à deux reprises l'audience pour délibérer avant d'annoncer la convocation du médecin traitant, séance tenante. En attendant l'arrivée de ce dernier, le magistrat entame le procès en appelant à la barre, la principale accusée, Mme Maya, de son vrai nom Chenichane Zoubida-Zoulikha.
El Ghazi inapte à être jugé
La dame, d'une soixantaine d'années, entame son plaidoyer, en lançant au juge: «Je veux savoir si gagner de l'argent et réussir dans la vie est interdit?». Rejetant d'emblée toutes les charges retenues contre elle, notamment le blanchiment d'argent dans le cadre d'une association criminelle organisée, la demande et l'acceptation d'indus avantages en recourant à un agent public et la complicité dans l'octroi d'indus avantages. Le juge lui demande comment elle a connu l'ex-ministre El Ghazi. «On m'a recommandée» dit-elle. Et le juge d'insister: «Quand? Qui vous a recommandée et qui vous a facilité cette tâche?». Mme Maya n'hésite pas à lâcher: «C'est le président Bouteflika qui m'a recommandée en donnant instruction à son ex-secrétaire personnel, Mohamed Rougab». Elle précisera ensuite que l'ex-chef de l'Etat n'est intervenu en sa faveur qu'une seule fois lorsqu'elle lui a fait état d'entraves pour le lancement de son projet d'un parc d'attractions à Chlef. Rougab a joué les intermédiaires et a introduit Mme Maya chez l'ex-wali de Chlef, Mohamed El Ghazi. Depuis, leurs relations se sont affermies, explique la prévenue qui dit s'être déplacée à plusieurs reprises chez l'ex-wali pour aplanir les difficultés rencontrées. Le juge va lui demander d'être plus prolixe en citant tout ce qui lui a été octroyé par l'ex-wali, en plus du projet de parc d'attractions. Il lui rappellera alors la parcelle de terrain de 5000 m2 à Oum Droun et le logement. Des acquisitions que Mme Maya a mis aux noms de ses filles avant qu'elles ne soient revendues. Elle sera ensuite interrogée sur les biens saisies lors de son arrestation, en février 2019. Mme Maya soutient alors que les cartons contenant 9,5 milliards de cts qui ont été découverts dans sa villa de Moretti, appartiennent à son voisin, Yahyaoui (également inculpé dans ce dossier). Ce dernier aurait déposé la veille, les cartons sans aviser de leur contenu prétextant un manque de place en raison d'une réception dans sa demeure. Elle reconnaîtra cependant être la propriétaire des 30 000 dollars, les 270 000 euros et près d'une vingtaine de kilos d'or. Le juge va lui rappeler qu'elle avait intervenu auprès de l'ex-wali d'Oran pour son voisin Yahyaoui qui a obtenu un terrain dans la capitale de l'Ouest. «Je lui ai pris rendez-vois, mais je ne connais pas la suite» dit Mme Maya, soutenant qu'elle n'a rien demandé, ni obtenu en contrepartie. Le magistrat interrogera ensuite la prévenue sur les femmes de ménage, les chauffeurs, la garde rapprochée et les caméras de surveillance dont elle a bénéficié, des privilèges que lui accordaient El Ghazi et Hamel en mettant à sa disposition des fonctionnaires de l'Etat.
Mme Maya et l'intervention de Bouteflika
L'ex-Dgsn a même envoyé un élément de l'équipe cynophile pour le dressage de ses chiens! Mme Maya réfute et affirme avoir payé les femmes de ménage quant à la présence policière, elle était placée sur la voie publique à la suite d'un cambriolage de sa maison. La prévenue va ensuite expliquer qu'elle n'a qu'un seul bien en Espagne, acheté à 40 000 euros. «J'ai vendu un bien en France pour acheter en Espagne» dit Mme Maya, soutenant qu'elle n'a jamais fait sortir des devises vers l'étranger. Le juge va lui rappeler ses PV lors des premières auditions où elle avait reconnu avoir fait sortir de l'argent via le salon d'honneur. Son avocat ne manquera pas alors d'intervenir: «Ce sont des procès-verbaux du DRS et ma cliente a subi des pressions». C'est ce que diront également les deux filles de Mme Maya. L'aînée, Imène, interpellée en même temps que sa mère pendant 9 jours par les services de sécurité en 2017, affirme qu'elle a été obligée de signer des documents, pour quitter la caserne de Ben Aknoun. Sa jeune soeur, Farah, soutient, elle aussi, avoir été obligée de signer des documents à l'entrée de la caserne, pour «avoir le droit de rendre visite à ma mère»! Les deux filles affirment n'avoir pas pris connaissance du contenu. Le magistrat évoquera ensuite les biens des deux prévenus. Imène a été propriétaire du parc d'attractions à 19 ans. Elle avait aussi acquis un immeuble avec son fiancé et associé qu'elle a fini par revendre. Logements et villas sont au nom des deux jeunes femmes ainsi que des comptes en dinars et devises. À l'arrivée du médecin demandé par le juge, ce dernier va lever la séance pour une heure de temps avant d'appeler la neurologue à la barre. Le médecin va confirmer l'état de santé «en dégradation continue» d'El Ghazi, mais ne pouvait se prononcer sur son aptitude avant un nouvel examen». Ce que le magistrat va finalement rejeter en poursuivant l'audition des autres prévenus. Le procès se poursuivra aujourd'hui.

Un procès inaudible
Grande déception, hier, au tribunal de Chéraga. À l'ouverture du procès de Mme Maya, les auditions à la barre étaient à peine audibles. Impossible d'être fidèle aux propos des mis en cause en raison de la difficulté à entendre l'intervention de ces derniers. La voix des prévenus qui étaient entourés par un premier cercle des avocats et un second des services de sécurité, ne portait pas assez pour permettre aux journalistes, venus nombreux pour couvrir le procès, de restituer fidèlement les faits.

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré

Les + Populaires

(*) Période 7 derniers jours