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Bouira

Morose était la fête

Du côté de l'hôpital où d'habitude il y avait grand monde qui rendait visite aux malades, c'est le désert.

Au jour d'après et comme lors de l'Aid El Fitr, la fête du sacrifice, cette année s'est caractérisée par un climat morose avec un goût d'inachevé. L'appel des responsables de la santé à éviter le sacrifice n'a pas fait l'unanimité. La recommandation d'aller égorger le mouton dans les abattoirs a vite découragé les plus téméraires. Ceux qui se sont astreints à cette obligation ont passé la journée entière devant l'unique établissement, en raison du nombre. En effet, il fallait se lever très tôt pour aller occuper une place. Même les bouchers qui, par le passé, se déplaçaient dans les quartiers, se sont faits très rares. Malgré ces aléas, les citoyens ont égorgé leurs moutons, mais en prenant le maximum de précautions. Les attroupements autour des ovins ont été évités et chacun a essayé de sacrifier son mouton à sa guise. Pour une fois, les citoyens ont fait preuve de civisme.
Au niveau des quartiers, tout le monde s'est attelé à laisser les lieux propres, après le rituel sacrifice du mouton. La veille déjà, une vaste opération de nettoyage a touché l'ensemble de quartiers du chef-lieu de la wilaya. Les jeunes se sont mobilisés pour donner une meilleure image de leurs cités. Le jour de l'Aïd, on a tenu à ne rien laisser sur place. Hier, l'ambiance de l'Aïd et du jour d'après n'a pas dérogé à une règle établie. Même si le ministère du Commerce a crié victoire en annonçant un suivi massif de l'appel à l'ouverture le jour de la fête des commerces, la réalité était toute autre. Ils étaient quelques commerçants à avoir ouvert, notamment dans les rangs des boulangers surtout.
De nombreux citoyens nous ont appelés pour exprimer leur mécontentement vis-à-vis des pharmacies qui, majoritairement n'ont pas respecté les consignes et les directives. Parce que l'après-Aïd est réservé à la visite aux cimetières, bon nombre ont découvert des cimetières envahis par les herbes et les tombes étaient difficilement repérables. En raison du confinement obligatoire et parce que le transport public n'a pas été réquisitionné le jour de l'Aïd, l'aubaine a été saisie par les clandestins qui ont revu leurs prix à la hausse. Même la grande gare routière du chef-lieu de wilaya avait fermé ses portes le jour de la fête et aucune liaison intra-wilaya ou extra-wilaya n'était assurée.
Avant hier, le pain et le lait se faisaient rares. Le confinement sanitaire imposé a poussé les gens à rester chez eux et à se limiter à des voeux par téléphone. Comme cette fête reste celle des enfants, les parents ont eu toutes les peines du monde à habiller leurs bambins. Les rues se sont animées entre 8h et 13h où tout le monde est rentré chez lui. L'interdiction de circuler des véhicules, imposée comme geste barrière contre le coronavirus, a réduit sensiblement les déplacements. Malgré les appels et les mesures, certains ont quand même bravé l'interdit pour se rendre dans les cimetières, balayant d'un revers de la main la mesure de distanciation recommandée pour endiguer la propagation du Covid-19. Hier, comme avant-hier, premier jour de l'Aïd, certains quartiers étaient animés, c'est le cas des cités populaires des 1 100 logements, les 140 Logements où comme par le passé, des tables de fortune ont été installées et où on vendait des jouets, des grillades.
Ces scènes ont été réprimées par les forces de l'ordre qui sont restées vigilantes. Du côté de l'hôpital où, d'habitude, il y avait grand monde qui rendait visite aux malades, c'est le désert. La direction a pris des mesures interdisant toute visite, surtout que le virus n'a pas totalement disparu. Habituellement, pour se déplacer du centre-ville à la cité des 140 Logements, située à l'extrémité Nord, les chauffeurs clandestins exigeaient 150 DA. Hier ce trajet était fixé à 250 DA. Ces derniers ont bien arrondi leurs courses en multipliant les coûts du déplacement par 2. Les seuls organismes à avoir scrupuleusement assuré le service sont les personnels des structures publiques de santé, les équipes techniques de la SDC, les ser-vices de la voirie qui ont passé cette fête loin de chez eux au service d'autrui.
L'arrêt a touché aussi les fournisseurs et les distributeurs de lait. Depuis deux jours, il est pratiquement impossible de trouver un sachet de lait. Chaque partie rejette la responsabilité sur l'autre. Dans ces tentatives de justifications, un boulanger nous informera avoir rémunéré triplement un apprenti afin qu'il vienne lui préparer le pain. L'ambiance d'une ville morte le jour de l'Aïd commence à se dissiper avec une reprise certes timide, hier, mais beaucoup plus plaisante aux citoyens sortis reprendre le travail. L'inertie qui aura caractérisé, comme d'habitude, Bouira a concerné la totalité des agglomérations de la wilaya. Ce deuxième jour aura connu aussi une présence policière importante. La direction a réquisitionné plus de 1500 éléments pour les besoins de cette fête Les hommes en bleu, comme à l'accoutumée ont assuré la sécurité loin de leurs foyers pour beaucoup. Ils méritent un hommage. Les stations Naftal également sont restées ouvertes et ont assuré le ser-vice. La joie des enfants en ce jour de fête et la viande à gogo, restent l'unique point positif d'une occasion qui, chaque année, perd de son charme et de sa valeur spirituelle. L'Aïd c'est aussi la fermeture totale des commerces et seuls les boulangers ont travaillé. Cette situation a créé des chaînes devant les boulangeries de la ville.
Le confinement, qui est appliqué strictement dans les villes, l'est moins dans les villages où les gens se sont déplacés et ont échangé les visites. Unanimement, les personnes rencontrées prient pour que cesse cette pandémie qui a totalement chamboulé les us et coutumes. 

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