{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

Igor Beliaev, ambassadeur de la fédération de Russie en Algérie, à L'Expression

«On a trouvé une solution pour Gar Djebilet»

Sans tabou, l'ambassadeur de la Fédération de Russie en Algérie éclaire la position de son pays sur nombre de questions brûlantes qui agitent l'actualité régionale et internationale, de même que les relations politiques et économiques qu'entretiennent l'Algérie et la Russie. Ainsi, dans cet entretien que l'ambassadeur Beliaev nous a accordé en exclusivité, il a été question de la visite du président Abdelmadjid Tebboune en Russie, de la pandémie de Covid-19, du gisement de fer de Gar Djebilet, de l'offensive russe en Afrique avec comme conséquence un agacement perceptible chez les puissances occidentales implantées dans le continent noir. On a abordé également les questions de sécurité au Sahel, notamment en Libye et en Méditerranée occidentale. Enfin, on a tenté de décrypter l'évolution des relations internationales à l'aune de la prochaine élection présidentielle américaine et son feuilleton de «l'ingérence et de l'interférence russes».

L'Expression: Excellence, la question démange, permettez-nous alors de nous passer d'une introduction. Allons droit aux buts: où en sont les choses avec le vaccin russe annoncé en grande pompe?
Igor Beliaev: Je ne suis pas d'accord avec vous. Les résultats de deux étapes des essais cliniques du vaccin Spoutnik V anti-Covid-19 ont été publiés dans la revue scientifique internationale d'une haute compétence «The Lancet». C'est une preuve de la haute sûreté et de l'efficacité du vaccin russe, ainsi que de la reconnaissance des réalisations de nos scientifiques et chercheurs de la part de la communauté internationale.
En outre, de nombreux hommes d'État russes de haut niveau ont déjà été vaccinés. Parmi eux figurent Sergey Shoigu, ministre de la Défense de la Fédération de Russie, Sergey Sobianine, maire de Moscou, aussi bien qu'une des filles du président de la Fédération de Russie.

L'annonce de la découverte de ce vaccin n'a pas bénéficié d'une grande publicité médiatique à travers le monde. Il y a comme une sorte de méfiance. C'est tout de même bizarre pour un médicament censé libérer la planète des griffes d'une terrible pandémie...
Un certain nombre des pays du G20 ont manifesté leur intérêt au «Spoutnik V», et la précommande pour le vaccin russe a déjà dépassé un milliard de doses.
Les offres correspondantes ont été opportunément faites à la partie algérienne. Nous ne pouvons que confirmer notre disponibilité à une coopération mutuellement avantageuse dans ce domaine, parce que nous sommes bien conscients que la pandémie exige une meilleure coordination entre les États pour répondre à ce défi mondial majeur.
En plus, certains pays d'Asie et d'Amérique latine se disent prêts à mettre en réalisation la production de notre vaccin «Spoutnik V» sur leur territoire.
Nos autorités compétentes, qui sont en charge de ces questions, examinent les demandes correspondantes, car nous comprenons tous que le vaccin sera nécessaire en grande quantité.

Une délégation d'experts de votre pays s'est rendue, il y a quelques mois, en Algérie. Quelles ont été ses conclusions? L'Algérie a-t-elle passé commande pour ce vaccin?
Ce n'est pas une information vraiment exacte. Je voudrais dire que la visite de la délégation d'experts n'a pas eu lieu. Néanmoins, nos pays ont des contacts actifs sur ce sujet, soutenus par le représentant commercial de Russie en Algérie et par moi personnellement. J'ai eu une rencontre sur cette question avec le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière.
Deux visioconférences ont été organisées avec la participation de Fawzi Derrar, directeur général de l'institut Pasteur d'Algérie, et des responsables du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, du côté algérien, et des représentants du Fonds d'investissements directs russe qui développent le vaccin «Spoutnik V», du côté russe.

Dans les échanges politiques entre les deux pays, il a été question d'une visite du président de la République, Abdelmadjid Tebboune en Russie. Cette visite est-elle prévue cette année?
La visite du président Abdelmadjid Tebboune a été le principal sujet lors des entretiens entre Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères de Russie, et son homologue algérien Sabri Boukadoum, qui ont eu lieu le 22 juillet 2020 à Moscou. En fait, sur la base de ces pourparlers, la «feuille de route» de la préparation à fond et de la concrétisation de cette visite a été adoptée. Notamment la Déclaration actualisée sur le partenariat stratégique approfondi entre la Russie et l'Algérie est en cours d'élaboration, des questions de préparation de la prochaine session de la Commission intergouvernementale mixte russo-algérienne de la coopération économique, commerciale, scientifique et technique ainsi que du prochain Forum d'affaires russo-algérien sont en train d'être discutées.

Tractations en coulisses algéro-russes sur le vaccin «Spoutnik V»: «Nous ne pouvons que confirmer notre disponibilité à une coopération mutuellement avantageuse»

Les autorités algériennes vont entamer l'exploitation à grande échelle de produits miniers, un domaine dans lequel votre pays jouit d'une maîtrise certaine. Les entreprises russes ont-elles manifesté un intérêt en vue d'activer en Algérie?
Les entreprises russes et algériennes ont une très bonne expérience de coopération dans le domaine de l'industrie minière depuis des décennies. Actuellement, la Russie, en collaboration avec l'Agence nationale des activités minières, l'Office national de recherches géologiques et minières et d'autres organisations algériennes, travaille sur plusieurs projets d'intérêt commun.
De plus, la Représentation commerciale de Russie en Algérie, chargée de la coopération commerciale et économique entre les deux pays, prépare avec les autorités algériennes concernées une mission d'affaires importante des entreprises russes en Algérie, au cours de laquelle ils pourront présenter leurs produits et services aux partenaires algériens. Notamment, nos producteurs sont prêts à fournir à la RADP des équipements de forage et de transport pour l'industrie minière, des technologies d'automatisation pour la gestion des équipements de carrière et d'autres choses.
En outre, cet événement permettra de discuter en détail d'éventuels projets communs dans l'industrie minière.
Dans le même temps, on souhaite que les partenaires algériens eux-mêmes soient plus actifs dans ce domaine, tant en termes de l'achat des machines et des équipements russes, qu'en termes de la mise en oeuvre des projets communs avec nos entreprises.

Le gisement de fer à Gar Djebilet (Tindouf), souffre d'une teneur en phosphore trop élevée pour être exploité. On sait que l'une de vos entreprises a entamé l'opération de déphosphorisation de ce minerai. Peut-on savoir où en est ce projet?
Des spécialistes russes ont réussi à terminer les études de laboratoires sur la déphosphoration du minerai de fer du gisement de Gar Djebilet. La technologie testée dans le cadre de ces études peut être appliquée à l'exploitation industrielle du gisement. Les spécialistes des deux pays entretiennent des contacts de travail réguliers et règlent les questions d'amélioration de la technologie et de son utilisation pratique. Pour des raisons objectives, la coopération depuis mi-2019 a été entravée, mais nous comptons qu'à la fin de la pandémie et après la réouverture des frontières, les entreprises russes et algériennes reprendront pleinement leur travail conjoint.

Après un désengagement massif au début des années 1990, la Russie redécouvre l'attractivité du marché africain. Or, ce continent fait l'objet d'une grande attention des puissances occidentales. Comment pensez-vous vous insérer dans cette arène à très grande compétition?
Nous avons un important avantage compétitif. Contrairement à d'autres, notre pays n'a jamais opprimé personne. De plus, l'Urss a joué un rôle décisif dans l'accession des pays africains à l'indépendance, à la formation de l'État, de l'industrie, de l'éducation, de la santé, etc.
Le président russe Vladimir Poutine a défini le développement et le renforcement de relations mutuellement avantageuses avec les pays africains et leurs groupements d'intégration comme l'une des priorités de la politique étrangère de la Russie.
Les 23 et 24 octobre 2019, le Sommet et le Forum économique Russie-Afrique se sont tenus à Sotchi sous le slogan «Pour la paix, la sécurité et le développement». Les événements d'une telle ampleur ont eu lieu pour la première fois en Russie moderne et n'ont pas d'équivalents dans l'histoire des relations russo-africaines. Les délégations officielles des pays africains et les représentants des entreprises ont exprimé un vif intérêt pour le développement ultérieur de l'interaction ainsi que pour l'approfondissement et l'intensification de la coopération russo-africaine.
La tenue du Forum économique «Russie-Afrique» a été précédé par les travaux préparatoires d'une grande échelle. Ont été identifiés des domaines de coopération prioritaires dans lesquels des résultats concrets pourraient être obtenus dans les années à venir. Parmi eux figurent l'énergie, y compris les sources d'énergie renouvelables; le développement des infrastructures, notamment la construction de chemins de fer et de logements; l'extraction et le traitement de minerais modernes et de haute technologie; l'agriculture, les technologies numériques, l'exploration géologique, la médecine, la science et l'enseignement.
À l'issue du sommet, les participants ont adopté une déclaration finale, un document qui contient les buts et les missions convenus pour le développement ultérieur de la coopération russo-africaine dans toutes ses dimensions, c'est-à-dire, dans la politique, sécurité, économie, dans les domaines scientifique et technique, culturelle et humanitaire.
Il est à noter que la déclaration fixe un nouveau mécanisme de dialogue (le Forum du partenariat russo-africain), qui présuppose la tenue des sommets au format «Russie-Afrique» tous les trois ans. Le document stipule également que la Russie et des pays africains sont déterminés à mettre la coopération à un niveau qualitativement nouveau qui répond aux défis du XXIème siècle.

La visite du président Tebboune à Moscou au centre des entretiens entre Sergueï Lavrov et son homologue Sabri Boukadoum le 22 juillet dernier à Moscou

Au plan régional, le chef du gouvernement d'accord national (GAN) libyen, Fayez al Serraj, a annoncé, le 16 septembre dernier, être prêt à quitter ses fonctions avant fin octobre pour céder la place à un nouvel Exécutif issu de pourparlers inter-libyens... Cette démission représente-t-elle un pas vers une solution politique? Quel est votre commentaire?
Cette question est une affaire interne du peuple libyen. Nous n'intervenons dans les affaires intérieures de personne.

En coulisses, les contacts n'ont jamais cessé. La Russie négocie des arrangements pour trouver une issue politique au conflit libyen. Après Berlin, y aura -t-il un autre sommet à Moscou?
Depuis longtemps, la plupart des acteurs externes ont cherché à coopérer avec une seule force politique en Libye, sur laquelle ils ont misé. Nous avons abandonné cette approche dès le début et, compte tenu de nos contacts existants et de nos liens historiques, nous avons commencé à travailler avec toutes les forces politiques sans exception dans ce pays. Nous avons à plusieurs reprises reçu leurs représentants à Moscou. Nous sommes prêts à poursuivre la coopération avec toutes les parties au conflit libyen.
Nous sommes convaincus qu'il n'y a pas de solution militaire à ce conflit et nous sommes heureux que les parties belligérantes aient elles-mêmes commencé à le comprendre. Nous avons soutenu la Déclaration du Caire et l'initiative conjointe d'Aguila Saleh, président du Parlement de Tobrouk, et de Fayez al-Serraj, président du Conseil présidentiel de Tripoli, sur un cessez-le-feu. Nous nous félicitons des contacts entre les parties libyennes en espérant qu'ils aboutiront à une solution qui convienne à toutes les forces politiques de cet Etat.
Au cours des cinq dernières années, différents pays ont fait de nombreux efforts pour cesser la guerre et surmonter les effets désastreux causés par les actions agressives de l'Otan en contournant la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU en 2011. L'État libyen, détruit par cette agression, doit être rétabli et la Russie fait partie de ceux qui veulent y contribuer.

Le torchon brûle entre Paris et Ankara au sujet de la Méditerranée orientale où il est question de zones économiques maritimes remises en cause. Où se situe la Russie dans ce conflit et selon-vous où s'arrêteront ces échanges de propos bellicistes?
La Russie se prononce pour la résolution de tous différends exclusivement par le dialogue politique, les mesures de confiance, les solutions mutuellement acceptables fondées sur les normes du droit international. Nous ne cherchons pas les avantages dans les conflits entre États, surtout dans une région aussi sensible et explosive que la Méditerranée orientale. Nous ne poussons personne à agir de manière agressive. Notre coopération bilatérale, notamment avec la Turquie, comme nous l'avons répété à maintes reprises, n'est pas dirigée contre des pays tiers.
Nous considérons comme inadmissible toute action susceptible d'accentuer les conflits. Nous avons appelé plusieurs fois les dirigeants des États de la région à une prévoyance politique, au règlement des différends, exclusivement par les moyens pacifiques et dans le cadre légal. Il vaut mieux traiter les contradictions à la table de négociations que les exacerber par des déclarations publiques acerbes.

Nous préparons une mission d'affaires importante des entreprises russes en Algérie.

Concernant le Sahel, quelle relation entre la Russie et les forces présentes dans la région, sachant que Moscou a appuyé le projet du G5-Sahel?
La Russie tient à développer un dialogue et une coopération étroite avec tous les pays africains tant en vue de promouvoir conjointement des intérêts communs que dans le cadre des efforts de maintien de la paix et de la sécurité sur le continent africain.
Nous soutenons pleinement l'initiative de l'Union africaine sur la cessation des hostilités sur le continent. Nous restons de fervents partisans de l'approche «pour les problèmes africains, une solution africaine».
En prenant en considération des principes de respect de la souveraineté de l'État et de non-intervention dans les affaires intérieures des autres pays, nous considérons cette approche comme une base incontestée pour résoudre toute situation de conflit.
Dans le même temps, nous condamnons la pratique du «deux poids, deux mesures» et l'imposition par certains États de leur propre volonté à d'autres.
Nous notons avec satisfaction, la contribution positive significative de l'Algérie au règlement des crises dans la région du Sahara et Sahel. La Radp s'intéresse à ce que les pays voisins du Sud connaissent une situation stable car cela aura aussi l'effet le plus positif sur la Sécurité nationale de l'Algérie.

L'État libyen, détruit par l'agression de l'Otan, doit être rétabli, et la Russie fait partie de ceux qui veulent y contribuer.

La Russie et les Etats-Unis sont deux puissances reconnues. La conjoncture mondiale actuelle dépend grandement de la qualité des relations entre les deux pays. Dans quel sens peuvent évoluer ces relations à l'aune de la prochaine élection présidentielle américaine, notamment avec le feuilleton de l'ingérence et de l'interférence?
Ayant inventé un ennemi en la personne de la Russie, l'appareil d'État américain continue de déployer de grands efforts pour persécuter nos organisations et nos citoyens qui, à son avis, sont impliqués dans une «ingérence» dans les processus électoraux aux États-Unis. Comme toujours, aucune preuve n'est présentée.
Nous avons expliqué à plusieurs reprises que nous ne nous sommes pas mêlés des processus politiques internes américains et que nous n'allons pas le faire. Nous avons proposé de discuter tous les problèmes existants à la table de négociations de manière professionnelle et non politisée. Mais, malheureusement, jusqu'à présent, nous ne voyons aucun intérêt réciproque de la part de Washington. Au lieu de mener un dialogue normal, les Etats-Unis préfèrent toujours maintenir ce sujet «à flot» en spéculant sur la menace russe dans le cadre de la lutte politique interne électorale et recherchant la consolidation des alliés américains sur une base anti-russe. Néanmoins, nous restons bien sûr ouverts à un dialogue constructif avec les États-Unis, tout d'abord, sur les questions de la stabilité stratégique, du contrôle des armements et du désarmement.

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré