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Exclusif: Ammar Belhimer, membre de l’instance du dialogue, à l’expression

«On doit consolider le front intérieur»

Dans l’entretien qu’il nous a accordé, Ammar Belhimer revient sur la mission qui a été dévolue à l’Instance nationale de dialogue et de médiation et celle qui l’attend.

L’Expression : L’Instance nationale de dialogue et de médiation a bouclé la première phase de sa mission. Quel bilan tirez-vous de cette expérience en tant qu’universitaire et militant ?
Ammar Belhimer : L’exercice que nous venons de terminer avec un succès reconnu de tous, me rappelle, à bien des égards, les expériences auxquelles j’ai été associé au Conseil national économique et social lorsque feu Mohamed Seghir Babès veillait à ses destinées. Je dois avouer que ce que j’ai appris à ses côtés m’a beaucoup aidé dans le nouvel exercice.
Un précédent particulier m’a été d’un grand apport : la consultation nationale sur le développement local et les attentes des citoyens, organisée en 2011, avec des rencontres de wilaya, des assises régionales, et enfin les Rencontres nationales, pour finaliser les recommandations qui seront inscrites dans un Programme national de réformes pour l’amélioration de la gouvernance des collectivités locales ainsi que celle des relations de l’administration et des citoyens qui, malheureusement, n’avait pas vu le jour.
L’idée qui a également prévalu, cette fois-ci, était d’animer un chantier de réformes à partir des territoires, à partir de la base, afin de vaincre les résistances bureaucratiques et les visions administratives «descendantes». Dans le contexte historique particulier que traverse notre pays, l’objectif est de surmonter les lignes de fracture ayant affecté la société, d’une part, les rapports de celle-ci à l’Etat, d’autre part, afin de consolider le front intérieur à un moment de fortes tensions et menaces extérieures immédiates de fragmentation sociale et territoriale.
Aujourd’hui, et pour l’essentiel, il s’agit d’œuvrer à la construction d’un Etat efficace, anticipateur, innovant, garant de la justice sociale et de la légalité. Nous avons mené à bon terme une large consultation de haut niveau associant des parties de bonne foi, hors de toutes hégémonies de vues, dans une action concertée et inclusive.

Le chef de l’Etat a missionné le panel pour la formation et l’installation de l’autorité d’organisation des élections. Faut-il voir une signification particulière dans les mots «formation» et «installation» ?
L’installation et la formation de l’autorité indépendante et permanente en charge de la prochaine élection présidentielle a été confiée au président de l’Instance de médiation et de dialogue pour des raisons évidentes de timing, en vue d’un gain de temps précieux.

La seconde phase de la mission de l’Instance est-elle plus importante que la première ?
La seconde phase qui suivra l’adoption du texte organisant l’autorité de supervision des élections est cruciale pour la réussite du scrutin.
Elle touche toutes les étapes qui doivent nous mener à l’échéance finale de l’accès aux urnes.
Après la convocation du corps électoral, la nouvelle autorité s’assurera de la régularité des opérations d’établissement des listes électorales, avant d’assurer un encadrement aussi compétent que tatillon des bureaux de vote.

En quoi une bonne communication aidera-t-elle la mission du panel d’ici à la présidentielle ?
La communication est primordiale pour la réussite de la nouvelle mission, avec un poids considérable des réseaux sociaux. Dans le nouveau contexte numérique, sont en cause les biais dont sont conçus les algorithmes et les données qui les nourrissent. « Les biais des algorithmes pourraient être alors définis comme une déviation par rapport à un résultat censé être neutre, loyal ou encore équitable.»
Le biais, nous dit le dictionnaire, est une « distorsion, une déformation systématique d’un échantillon statistique choisi par un procédé défectueux, ou d’une évaluation ».
Les menaces qui pèsent sur les libertés individuelles et collectives ont été auparavant recensées et explicitées par la mathématicienne américaine Cathy O’Neil dans son ouvrage «Weapons of Math Destruction», publié en 2016 et traduit en français en 2018 sous le titre «Algorithmes : la bombe à retardement» (aux éditions Les Arènes) :
«Aujourd’hui, les modèles mathématiques et les algorithmes prennent des décisions majeures, servent à classer et catégoriser les personnes et les institutions, influant en profondeur sur le fonctionnement des Etats sans le moindre contrôle extérieur. Et avec des effets de bords incontrôlables.»

Quelles chances donnez-vous à la réussite du processus, eu égard aux retours qu’a eu votre travail auprès des partis et de la société civile ?
La suite du parcours a pour finalité ultime d’assurer une forte participation. L’abstention a jusque-là prévalu comme baromètre du divorce entre le pré-Etat et la société. Cette notion de pré-Etat, avec ses raccourcis autoritaires, est l’expression du caractère inachevé de la construction de l’État de droit, de l’État tout court – tant il est vrai qu’il ne peut y avoir d’État sans droit.

La question des préalables demeure l’un des aspects encore à régler. Pensez-vous qu’il faille en faire une affaire secondaire et placer la deuxième République au sommet des préoccupations ?
L’expression « préalables » est inappropriée car elle sous-entend une sorte de « chantage». Nous sommes plutôt dans un exercice partagé par des acteurs mus par le souci commun de préserver l’ordre public, la stabilité et la souveraineté d’une même patrie, des acteurs qui n’ont pas de pays de rechange. Les mesures préconisées pour rétablir la confiance des citoyens sont d’une clarté et d’une évidence criante :
-préserver le cadre constitutionnel en maintenant le chef de l’Etat à son poste jusqu’à l’élection du prochain président de la République, conformément à la décision du Conseil constitutionnel du 1er juin dernier ;
-dissocier les directions corrompues des partis de l’ex-Alliance, acquis à la demande d’un cinquième mandat pour le président déchu, de leur base militante, souvent victime de leur arbitraire, en précisant bien au passage qu’il n’appartient pas au panel de décider de leur avenir (la question de leur disqualification ou de leur éjection de la compétition électorale relevant juridiquement du Conseil d‘Etat et politiquement du vote des électeurs) ;
-susciter la démission du gouvernement Bédoui, en raison de son étroite implication dans la mascarade du 5e mandat ;
-accélérer les procédures conduisant à la libération des jeunes détenus des marches politiques, sans pour autant attenter au secret de l’instruction et à l’indépendance de la justice.

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