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Alors que l’état propose des cours à distance

Quelle école pour les zones d’ombre?

Loin de leurs écoles, les élèves issus de familles défavorisées cumulent les obstacles et la fermeture des établissements scolaires risque de mettre un peu plus à mal le principe d’équité pédagogique.

Face à la plus grave crise sanitaire depuis un siècle, Abdelmadjid Tebboune a décrété la fermeture des crèches, écoles et universités depuis le 12 mars dernier. Une mesure inédite destinée à protéger les enfants et à réduire la propagation du Covid-19. Près d’un mois après la fermeture des établissements scolaires, les 9 millions d’écoliers, collégiens et lycéens ont été appelés à «se connecter» pour recevoir des cours de soutien virtuels. Un «plan d’urgence» tracé par le ministère de l’Education dans le but d’assurer la continuité pédagogique durant la période de confinement. Un programme éducatif a ainsi été élaboré en coordination avec le ministère de la Communication, et contenant des modèles de cours du troisième trimestre. Ce programme est diffusé depuis dimanche dernier sur les chaînes de la télévision publique pour les classes d’examen (5e année primaire, 4e année moyenne et 3e année secondaire) et via YouTube à travers les plateformes numériques de l’Office national d’enseignement et de formation à distance (Onefd) au profit des élèves des trois cycles confondus. Cependant, même si cette initiative reste méritante, au deuxième jour de ces cours à distance, les choses ne semblent pas se passer comme prévu. En premier lieu, l’information de dispenser des cours de soutien sur les chaînes de la télévision et Internet n’a pas bénéficié d’un temps suffisant pour une large diffusion, les parents pris de court sont angoissés et perdus face à ce nouveau mode d’enseignement à distance. Les plus outillés d’entre eux ont tenté de se connecter aux différentes URLs pour retrouver les cours, mais en plus du fait que ces dernières sont très compliquées à reproduire, l’image et le son des cours ne sont pas, en soi, optimaux. Il s’agit là de difficultés techniques, mais bien au-delà de ces couacs, il y a une autre réalité que le ministère de l’Education ne peut nullement ignorer. Il y a deux mois, avant le déclenchement de la crise sanitaire du coronavirus, un documentaire révélant la souffrance des habitants des zones d’ombre avait ému tous les dirigeants et le président de la République avait promis que la situation allait changer pour ces milliers d’écoliers qui se rendaient, pieds nus et tenues légères, en plein froid, à l’école. Mais en Algérie, s’il y a des milliers d’élèves qui n’ont ni transport, ni de repas chauds à l’école, il y a aussi des centaines de milliers d’autres qui n’ont ni outils numériques, encore moins une connexion Internet. Il faut dire que loin de leurs écoles, les élèves issus de familles défavorisées cumulent les obstacles et la fermeture des établissements scolaires risque de mettre un peu plus à mal le principe d’équité pédagogique entre les enfants et les adolescents issus de familles aisées et ceux évoluant dans des milieux plus défavorisés. La crise du coronavirus, c’est évident, met en avant les inégalités sociales. D’ailleurs cette question a bien été soulevée hier par un inspecteur de l’éducation, M. Kerbache. Ce dernier qui a eu à se rendre sur les plateformes où sont dispensés les cours, estime que les leçons ne peuvent qu’être des cours de soutien ne permettant nullement d’aller vers une évaluation officielle de l’élève. Car, comme il l’a souligné, «l’égalité des chances n’est pas garantie». L’autre point important soulevé par ce professionnel de l’éducation est le fait que les cours à distance ne peuvent en aucun cas remplacer l’enseignement en classe. D’où l’importance de la question: Peut-on reproduire avec l’enseignement à distance les conditions d’apprentissage dans une classe ? Durant cette période de confinement, certains gamins, encadrés et encouragés par leurs parents, vont développer leurs connaissances. D’autres vont tirer profit de l’initiative louable des cours à distance, lancée par le ministère de l’Education, mais il y aura toujours une troisième catégorie qui restera au point mort. Pour l’heure, le plan d’urgence mis en place crée plus d’angoisse et de panique chez les parents. Nombreux sont ceux qui éprouvent de grandes difficultés pour aider leurs enfants par manque de temps, d’espaces, de connaissances ou de matériel informatique. Il en résulte une grande culpabilité chez les parents et un énorme stress chez les enfants. Car en fin de compte : enseigner reste un métier.

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