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Le docteur Bekkat Berkani à L’Expression

«Rassurer le citoyen est une condition sine qua non»

Le docteur Mohamed Bekkat Berkani, président de l'Ordre national des médecins et membre du Comité scientifique auprès du ministre de la Santé pour le suivi de l'épidémie de coronavirus, nous livre dans cet entretien les facteurs nécessaires et déterminants pour la réussite de la campagne de vaccination anti-Covid-19 qui pourrait être entamée avant la fin du mois en cours. Il insiste sur le fait que son déroulement est une arme à double tranchant.

L'Expression: En attendant l'arrivée des vaccins anti-Covid-19, comment voyez-vous, docteur, une vraie campagne de vaccination?
Docteur Bekkat Berkani: Une campagne de vaccination est comme une guerre. Elle doit être tout d'abord directe, transparente et simple. Sa réussite incombe à tous. Elle doit aussi être menée non seulement par les professionnels de la santé, mais par des personnalités de la société civile et sociale, c'est-à dire les intellectuels, les grand sportifs qui sont convaincus de l'utilité et de la nécessité de la vaccination.

Pourquoi donc, docteur?
Parce que le doute n'est pas permis dans ce genre d'opération massive. Cela, du fait qu'on sait que quelques personnes peuvent semer le doute dans l'esprit du citoyen. Je profite de cette occasion pour souligner que sur le plan scientifique, il n'y a aucun danger. Mais sur le plan social dans ces temps d'incertitudes et de fake news, tous azimuts, nos concitoyens peuvent eux-mêmes avoir des doutes sur l'efficacité du vaccin. Donc il faut que l'information soit globale, intensive et destinée à un large public.Il faut aussi utiliser tous les canaux d'expression, audiovisuels, écrits, électroniques sans perdre de vue l'importance de sensibiliser la population, à travers les réseaux sociaux. Que cela soit pour passer le message de l'utilité et la nécessité de la vaccination, ou pour riposter contre les fake news.Les structures de santé doivent simplifier l'information et faciliter l'accès à la vaccination. C'est-à-dire établir préalablement le programme de vaccination, en fonction de l'âge, des lieux et prévoir toute situation durant et après l'étape de la vaccination. Ceci, pour éviter un dérapage et une désorganisation dès le début de la campagne.Il faut prévoir des endroits prédestinés. Il faut penser à convoquer les personnes à vacciner pour éviter qu'il y ait des problèmes avec ceux désirant se faire vacciner de leur propre gré.

Justement docteur, sur quoi se basent les critères de choix des personnes ciblées?
J'en profite d'abord pour souligner que le personnel de la santé sera la première catégorie de la population à en bénéficier, suivie des différents corps de sécurité, des citoyens âgés de 65 ans plus, puis des malades chroniques.
Il est nécessaire de savoir que toute personne concernée effectuera une visite médicale avant de se faire administrer la première dose de vaccin, et ainsi être fixée sur son aptitude ou non à se faire vacciner. C'est l'une des propositions faites pour éviter toute erreur. Elle a été retenue à l'issue des rencontres périodiques tenues entre les membres du Comité scientifique auprès du ministre de la Santé pour le suivi de l'épidémie de Covid-19 et le comité chargé de la vaccination, récemment installé. D'autres suggestions pourraient être discutées durant les prochaines rencontres destinées à cerner les facteurs considérés comme étant déterminants pour juguler la pandémie.

En parlant de propositions, qu'avez-vous à proposer, afin d'éviter une cohue au niveau des centres de vaccination?
Dans ce sens, je propose de faire appel aux organismes de sécurité sociale afin d'exploiter leurs bases de données pour cibler les malades chroniques, cela en même temps que les APC pour déterminer avec exactitude le nombre de toutes les tranches d'âge à cibler. Une campagne de vaccination nécessite des plans à travers lesquels on prévoit toutes les situations possibles. Je pense qu'il est préférable de centraliser et faire les vaccinations dans des endroits, publics contrôlés et contrôlables. Une marée humaine sur les dispensaires est difficilement contrôlable, tandis que dans un endroit ouvert, vous pouvez aisément rétablir le flux des citoyens qui veulent se faire vacciner. On appelle cela des «vaccinodromes». Ce sont de grands espaces aménagés qui ne nécessitent pas des éléments médicaux très élaborés.

La tradition vaccinale de l'Algérie peut-elle aider à faire réussir la campagne de vaccination anti-Covid-19?
Je suis optimiste dans ce sens. Je pense également que le ministre de la Santé essaie de la commencer dans de meilleures conditions, puisque beaucoup de choses ont été faites, comme le lancement de la formation des encadreurs de la campagne de vaccination.
Les médecins et les paramédicaux sauront de ce fait la tâche qui leur incombe à chaque situation qui se présente. Je profite de votre question pour souligner que le déroulement de la campagne est une arme à double tranchant. Un incident malheureux peut provoquer un effet boule de neige dans le boycot. C'est pour cela qu'il est crucial de bien commencer la campagne. C'est l'objectif recherché, cela du fait qu'un bon début de la campagne de vaccination peut booster l'adhésion de la population.

La réussite de la campagne de vaccination va-t-elle permettre de revenir à notre vie d'avant?
Il ne faut pas quitter des yeux la mauvaise expérience de campagne de vaccination contre la rubéole et la rougeole, entamée en 2016. J'en profite pour affirmer qu'il n'y a aucune raison de s'inquiéter des vaccins choisis par l'Algérie, puisque ce sont des vaccins classiques. Le pire des effets indésirables sera une fièvre ou une forte allergie, à condition que l'opération soit bien suivie, cela du fait que le vaccin
anti-Covid-19 classique est comme celui du vaccin antigrippal, qui pourrait tuer en cas de mauvaise manipulation. Le vaccin est la seule solution pour qu'on puisse atteindre ce qu'on appelle «l'immunité collective». La vaccination n'est pas obligatoire. Mais pour revenir à la vie d'avant-Covid-19, il faut qu'on arrive à vacciner entre 50 et 70%. C'est une condition sine qua non.

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