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65 Anniversaire du déclenchement de la guerre de libération

Si tu vas à Ighil Imoula

Ighil Imoula est un nom qui se confond avec guerre d’indépendance. Ce petit bourg situé sur une crête où la vue est possible sur 360°, sur des dizaines de kilomètres à l’entour. C’est une véritable citadelle pour les guerriers.

Ighil Imoula est un nom qui se confond avec guerre d’indépendance. Ce petit bourg situé sur une crête où la vue est possible sur 360°, sur des dizaines de kilomètres à l’entour. C’est une véritable citadelle pour les guerriers. Son histoire ne se confond en fait pas uniquement avec le 1er novembre 1954. Bien plus encore, cet attachement à tous les soulèvements populaires contre les envahisseurs remonte à loin. Entre Ighil Imoula, ce village situé sur les hauteurs de Tizi N’Tleta dans la région des Ouadhias et la lutte farouche pour la liberté, il y a une longue histoire qui a commencé au XVIIIe siècle.

Poste de commandement de Boubaghla
Ighil Imoula situé sur une altitude de 700 m d’altitude est une crête qui permet de surveiller les alentours à des dizaines de kilomètres dans un angle total de 360°. C’est pourquoi, il fut choisi par Boubaghla comme poste de commandement de ses opérations lors de la révolte de Cheikh Aheddad entre 1851 et 1855. Le guerrier entouré par de
nombreux hommes du village Ighil Imoula fait ériger un poste qui deviendra par la suite l’école du village en 1878. Le village compte plusieurs martyrs tombés au champ d’honneur lors de l’insurrection. Cheikh Abdellaoui, un officier dans l’insurrection, racontent les vieux, avait vendu toutes ses terres et tous ses biens pour acheter des armes aux rebelles. A Ighil Imoula, la mémoire garde encore les noms de soldats du village déportés en Nouvelle-Calédonie. Le génie des montagnards fera suer l’un d’eux, Hadj Ali Mohdarezki revient dans son village après 26 années de bagne à Caen. Des siècles passent à Ighil Imoula et les noms de personnages défilent au rythme des jours qui passent. Les guerriers de Cheikh Aheddad pressent le pas pour suivre les années qui passent, mais ne tardèrent pas à laisser place à d’autres grands rebelles. Hand Oumari et ses compagnons étaient bel bien de ce patelin. Ighil Imoula a donné naissance à une épopée d’un justicier solitaire quelques années seulement, qui meurt assassiné par confiance, quelques années seulement avant la fin du XXe siècle.

La fabrique de cartes d’identité falsifiées
Krim Belkacem, Ali Mellah et un grand nombre de rebelles se faisaient délivrer des cartes d’identité falsifiées pour le besoin à Ighil Imoula. Krim et consorts, en rebellion dès 1947 recouraient aux services de Si Salah, Mohamed Zaâmoum, l’enfant d’Ighil Imoula qui était fonctionnaire à la mairie des Ouadhias. Ce dernier délivrait des cartes d’identité qu’il subtilisait des
services de l’état civil colonial avec d’autres identités pour permettre aux rebelles de circuler à travers toute l’Algérie.
A Ighil Imoula, les premiers révoltés contre l’ordre colonial dont Belkacem Lhadj Lhocine, trouvaient également refuge. Un grand nombre d’enfants du village étaient déjà dans le Mouvement national dont Ali et Mohamed Zaâmoum, Abdellaoui Amar. Ighil Imoula a également donné des enfants parmi les fondateurs de l’Organisation secrète à l’instar de Asla Hocine à qui est dédiée une principale avenue dans la capitale. Aussi, dans les dédales de l’histoire se déclinent les épopées faites par de grands hommes nés dans ce petit bourg proche du ciel, mais qui garde les pieds sur terre. Ighil Imoula a vécu dans sa chair en donnant ses meilleurs enfants tous les soulèvements contre le colonisateur. Il a également marqué comme il a été marqué par ses enfants qui ont activement pris part à la préparation du soulèvement armé de la guerre de libération. C’est d’ailleurs grâce à leur génie et leur dévouement que le document fondateur de l’Etat algérien a été rédigé en mettant leurs maisons, avec les risques encourus, à la disposition du groupe des six qui ont rédigé le brouillon de la déclaration dans une maison de la Pointe Pescade à Alger pour dactylographier et tirer la copie finale.

La déclaration du 1er novembre entre trois casernes de l’armée française
Ce qui retient l’attention des discussions avec les villageois ne semble pas attirer l’attention des historiens. Pourtant, le fait montre la grande intelligence des montagnards. Ighil Imoula, au temps où fut rédigée dans l’une de ses maisons, le document qui fera renaître l’Etat algérien, était entouré de trois casernes de l’armée française. Les villageois ont pu tromper la vigilance des militaires français et de leurs supplétifs en organisant de nuit une tombola à la place de la Djemaâ pour permettre aux révolutionnaires de rédiger la déclaration du 1er novembre.
A Ighil Imoula, les maisons anciennes qui ont abrité cet évènement fondateur de l’Etat algérien moderne sont toujours là. Ce qui est bien aussi, c’est la présence sur place des vieux qui ont vécu ce temps. Leurs témoignages étaient d’une importance capitale grâce aux petits détails qui s’accrochent encore à leurs mémoires. Sur la place de la Djemaâ, durant les discussions avec les vieux et les jeunes, on a l’impression d’entendre encore les voix qui s’élevaient produisant le bruit qui dissimulait celui de la ronéo qui a servi au tirage. La visite du général Massu, à la caserne de Tiassassine, située au point culminant de la crête, démontre, selon les vieux, l’importance que requérait Ighil Imoula dans la stratégie de l’armée française pour mater la rebellion.
Accompagnées de Laïch Yazid agent sur place de l’Office national de protection des biens culturels et Hamid Abdellaoui , président du comité de village, nous sommes entrés dans les deux maisons qui ont abrité la rédaction du document. La première, au premier étage, Taghourfets, appartenant à Omar Benramdani a été réservée par les rédacteurs à la dactylographie avant de changer de maison pour aller à celle des frères Idir Rabah et Ahcène que les moudjahidine appelaient le baroudeur qui va servir pour les opérations de tirage à la ronéo.

Les femmes sèment la terreur dans l’armée coloniale

La mémoire des villageois d’Ighil Imoula ne garde pas que les épopées de ses enfants. Non, elle garde encore les traumatismes de la guerre. De génération en génération, le nom de Na Saâdia de son vrai nom Mme Tassadit Halil . Cette femme a vécu l’enfer suite à la blessure dans une attaque à l’artillerie sur le village durant l’année 1957. Touchée par des débris d’un obus tiré d’un mortier, elle a fait une fausse couche dans les jours qui ont suivi. Na Tassadit perdra encore deux grossesses dans les années qui suivront à cause de sa blessure. Elle en gardera les séquelles jusqu’à sa mort. Les villageois gardent encore le traumatisme de deux jeunes frères égorgés devant leur mère par les militaires. Ils sont enterrés dans le cimetière du village qui garde le souvenir intact de ce traumatisme. Les filles d’Ighil Imoula n’ont pas combattu que dans le village. A Blida, Bahia Yantren était parmi les porteuses de valises et autres quêtes de fonds pour les besoins du Front de Libération nationale. Kassel Tassadit est également une fille originaire d’Ighil de la région et qui était une militante active dans la capitale aux côtés des héros de la bataille d’Alger. Parmi les militantes algéroises originaires de ce patelin qui ont activement pris part aux actions dans l’Algérois, on cite également Baya Hacène. Par ailleurs, venir à Ighil Imoula ne pouvait se faire sans rendre visite à la valeureuse gardienne du temple Na Ouiza, la veuve d’Ali Zaâmoum. Sur un ton tendre et dur à la fois, elle a tenu à dénoncer le sort réservé à la jeunesse algérienne d’après l’indépendance et à exprimer tout son espoir de voir le mouvement du 22 février aboutir à la refondation de l’Etat pour un meilleur avenir.

Un demi-siècle après l’indépendance
Après l’indépendance, Ighil Imoula est resté pauvre, mais toujours aussi vivant avec de grands personnages qui ont aimé s’y rendre. Les gens que nous avons trouvés à la place du village avaient tous une chose à raconter sur Kateb Yacine qui venait et restait plusieurs jours à Ighil Imoula chez Ali Zaâmoum et sa femme Na Ouiza. Amar, un villageois, nous raconte d’ailleurs une anecdote sur ce grand personnage qui a marqué la littérature algérienne. « Par un jour pluvieux, devant le café du village, un homme se tenait sous un arbre et sous la pluie. Le cafetier est allé l’inviter à entrer mais l’homme refusait. Il lui avait répondu qu’il attendait quelqu’un qui allait venir à 6h00. L’homme était Kateb Yacine qui attendait Ali Zaâmoum. Leurs rendez-vous se faisaient à la minute près. Passé cette minute, Kateb Yacine savait que son ami ne viendrait pas mais lui aussi n’attendait pas et devait rentrer au café. Enfin, les jeunes d’Ighil Imoula et leurs parents qui ont vécu l’atrocité de la guerre s’indignent sur l’état de pauvreté de leur village. « Après toutes ces souffrances, notre village est resté, un demi-siècle d’indépendance, dans une pauvreté accablante. Nos jeunes souffrent du manque de tout. Après l’indépendance, notre village n’a bénéficié d’aucun projet à même de le sortir du dénuement » affirme Abdellaoui Hamid, président du comité de village.
D’ailleurs, cette année, Ighil Imoula a décidé de se remémorer les affres de la guerre sans les autorités officielles en signe de désapprobation du sort qui lui est réservé après des siècles de lutte pour le recouvrement de l’Indépendance nationale.

Réunion d’août 1954 à bruxellesMakouda en force

La région de Makouda s’est investie à fond dans la guerre de libération et bien avant. Le sacrifice était grand. C’est dans cette région d’ailleurs que l’armée française utilisera pour la première fois son aviation, les 14 et 18 novembre 1954. En cette date de début de la lutte armée, l’armée française a bombardé plusieurs villages comme Attouche, Mizrana, Tarihant et Yaskren. L’aviation française fera plusieurs victimes parmi les populations qui avaient déjà pris à bras-le-corps les préparatifs pour le déclenchement de la guerre de libération.
A la réunion de Bruxelles au mois d’août 1954, une délégation de 22 personnes est partie sous la conduite d’Ali Zaâmoum. Parmi ces 22, 11 étaient de la région de Draâ El Mizan et 11 autres étaient de Makouda. Parmi eux, il y avait Kasri Mohamed Akli, Khouf Ali et Ouadia Mohamed entre autres. Le réalisateur du documentaire « Le parcours de Moh Saïd Kasmi » a recueilli des témoignages des moudjahidine présents à la réunion qui s’était tenue dans un café à Bruxelles où la totalité a voté pour le déclenchement de l’action armée.
Quelques semaines plus tard, à la veille du 1er novembre, au déclenchement de la lutte armée, ce sont 21 volontaires de la région de Makouda, Mizrana et Boudjima qui ont été désignés par Krim Belkacem pour se rendre à Alger, Boufarik et Blida pour prendre part aux actions de la nuit de la Toussaint. Parmi ce groupe conduit par Moh Saïd Kasmi, il y avait Hafis Said Amechtoh, Zaghdoud Ahmed, Chalal Ali, Chalal Ali Moh kaci, Chekroun Mohamed Saïd et Saïd Cheboukh Mohamed entre autres. Ces derniers se rendirent à Alger où les attendait Ouamrane qui devait les disperser sur plusieurs zones d’intervention comme les casernes et les usines à Alger, Boufarik et Blida. Dans le documentaire, Omar Samet, un moudjahid de la région de Blida raconte comment les volontaires de Makouda ont conduit héroïquement les actions du 1er novembre dans la région algéroise.

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