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L’université toujours en état d’alerte pour les libertés

Un fleuve pas toujours tranquille

L’université algérienne a connu une période faste. Celle des deux décennies 60 et 70 où elle avait été le théâtre de revendications démocratiques engagées sur un fond de luttes idéologico-politiques.

Le syndicalisme estudiantin était puissant et la mobilisation drainait de plus en plus d’étudiants à participer à la vie corporatiste, mais aussi à la vie nationale à travers la diversité de ses activités, scientifiques, éditoriales, culturelles, sportives, voire même caritatives et surtout politico-idéologiques (identitarisme, national-chauvinisme, fascisme, socialisme spécifique, communisme, bennabisme, islahisme, populisme, ouvriérisme, castro-guévarisme, etc.)
L’université d’Alger avait gardé son aura et passait à cette époque encore pour l’une des universités les plus cotées du continent africain, vers laquelle affluaient des étudiants de nombreux pays du monde et des cinq continents, y compris des USA avec les Black Panters. Les franchises universitaires étaient respectées et surtout étaient défendues non seulement par le syndicat autonome des étudiants (Unea), mais également par le recteur Bensalem, figure charismatique de libéralisme et d’intelligence, qui s’était toujours opposé aux institutions extra-universitaires d’intervenir et ce durant toute la période de son mandat malgré ses déboires avec le directeur des enseignements supérieurs adossé au FLN et à son conservateur ministre de tutelle. Il résistera vaillamment aux pressions du directeur de l’enseignement supérieur, Malek Bennabi, qui dès 1963 travaillait d’arrache-pied à endiguer le développement des idées progressistes dans l’enseignement supérieur et ne manquait pas d’intervenir directement dans la gestion de l’université, à l’époque unique. Le professeur Bensalem tenait à conserver et à préserver le flambeau académique qui lui avait été transmis par son prédécesseur, premier recteur de l’Algérie indépendante, le professeur André Mandouze qui avait résisté aux hordes de l’OAS à la fin de la guerre de Libération nationale.
Le travail de gommage de la mémoire qui fut consacré à l’université d’Alger est une entreprise réelle de destruction d’archives, matérielles et intellectuelles. Nulle trace pour restituer la liste des recteurs depuis l’indépendance. Ce gommage sera matérialisé par le retrait de la galerie des portraits des recteurs par Tahar Hadjar, du premier recteur de l’université d’Alger, André Mandouze. Le moteur de recherche Google ne donnera plus que deux recteurs, Tahar Hadjar (1993-2015) et son successeur Cheniti (2015-2019). Cela traduit une réalité : l’hostilité des différents pouvoirs étatiques qui se sont succédé à cette institution qui aura si longtemps résisté à la normalisation. La raison est toute simple et claire. La survivance entêtée de l’anti-intellectualisme qui aura toujours caractérisé la classe politique nationale, surtout au lendemain même de l’indépendance.

La caporalisation par la corruption
Mais c’est à partir des années 2000 que l’entreprise anti-intellectuelle adossée à un programme de médiocratisation au bulldozer se fera plus systématique. Elle est lancée officiellement par une opération tape-à-l’œil baptisée « Réforme du système éducatif » qui visait en fait à évaluer les rapports de force politiques au sein de l’ancien bastion du progrès et des revendications démocratiques. La stratégie-si on peut appeler cela une stratégie, il faut dire qu’il s’agit d’un stratagème lamentable et odieux- élaborée par un cabinet noir adossé à des conseillers extra-territoriaux, pensait déclasser le vieux conflit créé par Bennabi et ses séides dès les années 60 entre les francophones (baptisés «hizb França » ou les laïco-assimilationnistes) et les arabophones (baptisés les « islamo-baâthistes». Ces derniers sortaient tétanisés de la décennie terroriste.

La saga de la corruption commence…
Le FLN en délitement organique, voire en implosion face à la poussée intégriste et salafiste dans ses rangs, fut obligé de souscrire au « contrat de Rome ». Les flnistes sont encore une fois malmenés par le coup que va leur porter Bouteflika qui humilie publiquement et théâtralement leur ténor Abdelkader Hadjar, qui avait mobilisé la Commission nationale d’arabisation contre l’ouverture timide faite par Boudiaf en 1993, Hadjar qui sera obligé de se soumettre et en pleurant publiquement demander pardon à son maître et finira par l’obtenir en contrepartie d’un poste d’ambassadeur à vie.
Cependant, son frère, Tahar aura en gage le poste de recteur de l’université d’Alger, avant de devenir ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Il se distinguera par une phrase qui restera dans les annales de la médiocrité: L’université algérienne n’aurait « aucun bénéfice à retirer du prix Nobel ». Voilà un ministre de l’Enseignement supérieur qui a perdu toutes ses Facultés. Le nettoyage des compétences accrochées à leur esprit indépendant et autonome va se poursuivre méthodiquement dans une double direction: soumettre la contestation estudiantine que la mouvance identitaire berbériste va prendre en charge et éliminer la contestation progressiste de gauche qui avait commencé sérieusement à s’arabiser et pour lui prendre la place qu’elle avait jusque-là occupée dans l’hémicycle académique en contenant la progression des idéologies conservatrices.
Le FLN mobilise ses agents dont principalement la cohorte des étudiants embrigadés par l’Unea dont la direction est assurée par un militant du FLN membre du comité central, Abdelaziz Belaïd. Pour ce qui est du corps enseignant, le nouveau recteur dégomme tout simplement les enseignants exilés suite aux menaces terroristes des GIA-Fida et les intimidations se multiplient avec des assassinats. Le plan du nouveau régime était de faire en sorte que les berbéristes éliminent les francophones et contiennent les salafistes et les baâthistes en polarisant les conflits à l’université entre le FLN et le RCD, deux partis qui fréquentaient obstinément El Mouradia une fois débarrassés des empêcheurs de tourner en rond de l’ex-FIS et du FFS coalisés. Le but : faire plier les genoux à l’institution universitaire en neutralisant la résistance des lettrés et imposer sur fond de luttes sourdes une PAX UNIVERSITA.
Vidée de sa sève contestatrice et revendicative, l’université va être confrontée à une opération d’envergure de corruption et de dislocation. Toute opération de paravent sera exploitée avec des stratagèmes multiples comme l’encouragement à l’affairisme du cabas (enseignants, étudiants et syndicalistes s’adonnent à qui mieux mieux au commerce «cabasique» pour arrondir des fins de mois difficiles ou pour constituer de multiples réseaux d’activités interlopes : fabrique de salons de haute couture recrutant des étudiantes pour des défilés de mode dans les ambassades étrangères, organisation de la prostitution dans les résidences universitaires de jeunes filles, trafics de diplômes et d’examens, listing de candidats admis aux concours avant les épreuves et confirmés par des décisions administratives arbitraires, courses aux bourses et aux stages monnayés ou avec des contreparties peu avouables.

Avènement de l’intégrisme liquidateur
Aux voix qui ont commencé à s’élever, les réactions ne se sont pas fait attendre. Intimidations, menaces diverses, concussions, poursuites judiciaires préfabriquées et arrangées avec des magistrats véreux et des avocats corrompus, promotions professionnelles discriminatoires, mises à la retraite d’enseignants récalcitrants, A ce sujet, il est important de rappeler le cas de deux enseignants, entre bien d’autres, qui ont été injustement malmenés à titre exemplaire pour dissuader toute velléité de réaction (à M’sila- le professeur Rouadja Ahmed et Mohamed Lakhdar Maougal, à Alger et sans doute d’autres cas ailleurs aussi).
Pour ce qui est du cas du professeur M.L. Maougal, en 2003 alors qu’il enseignait bénévolement au département de français de l’université d’Alger, ayant été détaché à la chefferie du gouvernement comme chargé de mission de la culture, il a été traîné au tribunal de Sidi M’hamed sur plainte pour diffamation de la part d’un responsable qui ne respectait ni les règles des inscriptions ni les délibérations des jurys. Ce dernier avait inscrit des étudiantes en magistère sans dossier contrôlé et validé (le cas flagrant de l’étudiante F.F.F. épouse d’un officier en exercice). Suite à l’échec logique de ces deux médiocres étudiantes au concours, ce responsable a bloqué les résultats proclamés par le jury et a demandé au président de la Conférence régionale centre d’ajouter deux postes et ce après les délibérations et la proclamation des résultats du concours de magistère de français. Il s’agissait pour lui de faire admettre ces mêmes candidates (F.F.F. et K.I.) qui avaient échoué ainsi au concours.
La seconde candidate sa «protégée » n’est autre que celle qu’il épousera ensuite après avoir divorcé de la mère de ses enfants. Un dossier complet avait été remis à un député du RCD qui n’a plus donné signe de vie. Quant à la presse, elle, aura été plutôt fort discrète. Résultat : le recteur (Tahar Hadjar) de connivence avec le ministre (Harraoubia) de l’époque, par flagornerie pour courtiser El Mouradia en conflit avec la chefferie du gouvernement s’en prirent à M.L. Maougal, punissant en lui l’ami de Ali Benflis qui affrontait en ce temps-là le dictateur d’El Mouradia. Ils entérinèrent l’autorisation d’engager des poursuites contre le professeur M.L. Maougal, non sans aider à monter de toutes pièces des opérations d’intimidation dont une de collage de la lettre d’accusation de falsification et de faux et usage de faux contre le responsable saboteur corrompu et ses complices enseignants et la chef de département remise sur les rails après sa mise à l’écart pour des activités non conformes à l’éthique professionnelle de l’enseignement, par le directeur de l’ILE, Hassaine Fethi. Cette lettre adressée par le professeur Maougal par la voie hiérarchique au ministre, a été placardée dans les couloirs du bâtiment B des départements de langue la mi-juillet alors que tous les étudiants et tous les enseignants étaient partis en vacances. Elle servira ainsi à un huissier de venir constater un délit de diffamation publique et servira pour déposer plainte au profit de l’escroc. La perspective de plainte du Cnes contre les saboteurs et leurs acolytes ne peut pas ne pas me concerner. Et ce ne sera que justice.

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